Le mot d’ordre est quasi unanime à la fin du XIXe siècle: « Les femmes qui se parfument doivent être admirées de loin ». En écho au discours médical qui accuse les effluves artificiels de tromper sur la véritable nature et sur l’état de santé de la femme, les manuels de savoir-vivre de l’époque condamnent celles qui négligeraient les règles strictes concernant l’usage et le dosage des parfums. Pour les écrivains fin-de-siècle, le danger réside davantage dans le pouvoir addictif et lénifiant des senteurs féminines. Pris au piège de ces odeurs, les héros romanesques qui les respirent plongent dans des états seconds, dont seule la mort parvient – parfois – à les libérer.
Le présent ouvrage étudie la façon dont dialoguent ces trois discours. Par l’analyse des romans Nana de Zola, Notre cœur de Maupassant et L’Ève future de Villiers de L’Isle-Adam, cet essai de Sophie-Valentine Borloz (Section de français) se propose de montrer comment, au crépuscule du XIXe siècle, les présupposés sociaux et scientifiques concernant les odeurs composent l’imaginaire collectif dans lequel puisent les auteurs pour créer des héroïnes toujours plus séduisantes, menaçantes… et parfumées.
Sophie-Valentine Borloz, « Les femmes qui se parfument doivent être admirées de loin ». Les odeurs féminines dans Nana de Zola, Notre cœur de Maupassant et L’Ève future de Villiers de L’Isle-Adam, postface de Marta Caraion, Lausanne, Archipel, vol. 22, coll. « Essais », 2015.