3 questions à… Maud Aspart, Conseillère pédagogique
Comment favoriser l’interaction en utilisant des outils numériques dans ses cours ?
Je ne pense pas qu’il y ait une réponse toute faite à cette question. Favoriser l’interaction, avec ou sans outils, j’entends une interaction de qualité, ça demande bien plus qu’une recette miracle applicable à toutes les situations.
Il y a quand même quelques configurations plus propices à l’interaction. Comme l’environnement. J’entends ici l’environnement spatial : la disposition de la salle par exemple. D’autres configurations importantes touchent au cadre, au climat et à la dynamique de groupe au sein de la classe.
Quand le cadre n’est pas suffisamment sécurisant, ou encore face à un public plutôt introverti, forcer l’interaction peut s’avérer périlleux, voire risqué.
Si je me sens contrainte de parler alors que je ne me sens pas en sécurité, parce que le climat ne me semble pas totalement non-jugeant, je vais m’exprimer avec plus de précaution, je me sentirais probablement moins libre de partager mon avis sur un sujet. Et si je le fais quand même, et que quelqu’un remet en question mon avis, je risque de le prendre personnellement et alors je ne peux pas construire de nouveaux savoirs. Ce que je veux dire ici, c’est qu’avant toute chose, il faut construire un climat au sein de la classe. Un climat qui permette d’être en désaccord sans que les individus se sentent malmenés. Encore mieux, que ce désaccord soit constructif, qu’il permette le conflit socio-cognitif.
Pour en revenir à la question de l’interaction par des outils numériques, eh bien ça reste assez similaire : la qualité des échanges ne dépend pas de l’outil, ou encore de son utilisation ou non ; mais bien de l’usage que l’on en fait.
Avez-vous quelques exemples de stratégies pédagogiques ?
Avant toute chose je dirais qu’il s’agit, comme pour toute activité d’ailleurs, de délimiter nos intentions et nos objectifs : pourquoi je veux renforcer les interactions ? dans quel but ? pour arriver à quoi ? Il s’agit donc d’être au clair avec ses intentions. Mais surtout, d’être au clair sur les objectifs d’apprentissage que l’on vise par ce type d’activité. En quoi l’interaction va permettre, favoriser ou faciliter leur atteinte.
Sans oublier qu’il faut aussi que ce soit clair pour les participant·e·s. Leur donner des raisons de s’engager dans ces moments d’interaction, qu’ils et elles en perçoivent l’utilité, le sens.
Par exemple, je conseillerais de cibler un sujet de discussion précis, de soigner les consignes pour cadrer un peu les échanges, éviter des échanges qui s’éloignent trop du thème. Parce qu’on n’est jamais à l’abri de digressions qui s’éloignent trop du sujet de base.
Quelles pratiques recommander pour favoriser l’interaction en classe ?
Une fois encore, pas de recette miracle ! Soyez au clair sur le cadre de votre activité : Pourquoi voulez-vous générer de l’interaction ? Dans quel but ? Que visez-vous comme impact ? Et aussi demandez-vous ce que vous comptez en faire ensuite… Si je demande à mes étudiant·e·s de s’exprimer sur un sujet, qu’est-ce que je fais de leurs interventions ensuite ? Comment je valorise leurs échanges ? Comment j’utilise cette matière pour construire de nouveaux savoirs ? Comment je relie ça à mes objectifs, ma séquence, etc.
N’oubliez pas que favoriser l’interaction, ça s’anticipe bien sûr, comme je le disais avant, mais ça signifie aussi soigner l’animation. J’entends que si j’utilise un outil, je dois me demander comment je vais accompagner mes étudiant·e·s à l’utiliser. Comment je vais m’assurer de la qualité des échanges ? Comment je vais cadrer les échanges ? Comment je vais permettre que l’interaction ait du sens pour eux et elles, suffisamment pour qu’ils et elles veuillent y prendre part.
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