Un dessert qui réserve des surprises

Marthaler déploie son goût pour le détournement dans Das Weisse vom Ei, créé au Theater Basel en 2013. Il déconstruit méticuleusement une farce de Labiche, y insère des interludes désopilants et tartine le tout d’une ironie aigre-douce. Le temps est déréglé, les répliques ne s’enchaînent rigoureusement pas, et la mécanique du vaudeville cède la place à une lente dérive.

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Tuer ceux qui se souviennent

Dans ce diptyque, deux genres théâtraux qui s’opposent sont mis en parallèle pour dévoiler les traits profonds qui les assemblent. Eric Salama s’attaque à un vaudeville d’Eugène Labiche, L’Affaire de la rue Lourcine, qu’il présente avec le spectacle qu’il a monté en 2012, Si ce n’est toi d’Edward Bond. La comédie est vue au filtre du drame et le drame au filtre de la comédie. Présentées l’une après l’autre, les deux pièces se font écho, faisant ressortir de façon ultime le manque d’empathie et la propension au meurtre des personnages, dans l’un comme dans l’autre cas.

Le vaudeville, représenté pour la première fois en 1857, présente l’histoire de deux bourgeois. Le lendemain d’une soirée bien arrosée, ils se réveillent sans aucun souvenir de ce qui s’est passé la veille. Ils apprennent qu’un meurtre a été commis et se rendent compte que tout les accuse. Ils décident alors de tuer sans scrupule tous ceux qui sont susceptibles de découvrir leur crime. Une pièce qui raconte, bien que de manière comique, une sombre histoire. La pièce d’Edward Bond a été écrite au début du XXIe siècle. Son intrigue se déroule en 2077. La société a effacé toute marque du passé, pris la décision d’oublier

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Ebranler les convictions

Le spectacle que propose la Cie du Passage plonge le spectateur dans une bulle. La pluie tombe autour de l’école catholique du Bronx où se déploie l’intrigue. Lorsqu’elle se calme, les oiseaux poussent des cris si soutenus qu’ils en deviennent oppressants. Les rares rires des enfants sont gais mais stridents. Dans cette ambiance fermée se déroule un drame. Le Père Flynn, qui enseigne dans l’école, est soupçonné par la directrice, Sœur Aloysius, d’avoir fait des avances à l’un des élèves. Elle n’a aucune preuve tangible, mais refuse de douter de sa culpabilité.

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Le plaisir de l’appréhension

Et vous, quand vous allez voir un roman policier au théâtre, vous vous attendez à quoi ? Du suspens ? De la tension ? Une enquête pleine de rebondissements ? L’adaptation de Robert Sandoz marie les ingrédients de la recette d’Agatha Christie avec justesse, à sa sauce, et plonge le spectateur dans une angoisse délectable. Elle propose un thriller glaçant où l’on se méfie de tout et de tous. C’est meilleur qu’au cinéma. Je n’ai jamais lu les Dix Petits Nègres et je découvre donc toute l’intrigue sur scène : suite à une mystérieuse invitation, dix anglais pensent passer de petites vacances sur une île. Ils se retrouvent alors coincés dans une maison isolée et sont peu à peu assassinés un par un. Qui est le coupable ? Je n’en perds pas une goutte et le public autour de moi semble tout aussi absorbé.

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Un jeu pour se souvenir

Fragile, troublante, la situation dans laquelle nous plonge cette pièce pleine de poésie est aussi pleine de douceur et de compassion. Il s’agit d’un jeu auquel chaque personnage accepte de jouer pour aider les autres à porter le poids d’un souvenir. Une fiction qui les délivre de la réalité, comme s’ils jouaient tous une pièce de théâtre. Une femme, dont le fils est mort dans un accident alors qu’il rentrait auprès d’elle, a convenu de prétendre un jour par an que l’accident n’a jamais eu lieu. Elle accueille donc le temps d’un repas, dans un plan d’appartement qui représente celui qu’elle habitait, un inconnu. Pour marquer la distance entre la réalité et le jeu auquel elle se prête, elle demande que chacun parle de soi-même à la troisième personne.

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La mécanique adoucit les mœurs

Les engrenages de Feydeau trouvent leur musique dans cette mise en scène qui accompagne les acteurs d’une myriade de sons. Pour son deuxième spectacle au Théâtre du Loup, Julien George nous plonge dans un univers mécanique parfaitement chorégraphié. M. Chandebise reçoit une lettre d’amour anonyme lui donnant rendez-vous à l’hôtel du Minet Galant. Sa femme Raymonde, qui le soupçonne d’adultère, la lui a fait parvenir pour lui tendre un piège. Elle souhaite le confronter à ses mensonges dans une chambre de l’hôtel… où il est en réalité le seul qu’elle ne va pas rencontrer.

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Dure actualité et narration féérique

La tristesse de La Petite Fille aux allumettes fond comme la neige sous les lumières féériques et les musiques joyeuses de cette création de Pan ! (La Compagnie). L’histoire est triste, et il ne faut pas oublier qu’elle raconte une dure réalité, mais on peut la raconter avec douceur. Le désir de mettre en scène le conte de Hans Christian Andersen est venu à Julie Annen après la lecture de l’histoire avec son fils, avec le désir de répondre aux nombreuses questions qu’éveillait en lui la fin tragique.

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Espoir en l’avenir

David aborde le sujet de sa femme Jess en racontant comment elle est morte. A ce moment-là, nous ne savons pas que nous allons bientôt la découvrir, fragile et attachante. Le décor est ensuite déployé, des murs s’écartent pour créer différents espaces, et les personnages y défilent tels des témoins racontant les pressions, notamment financières, qui ont mené à cette terrible mort. Francis Aïqui, au Théâtre du Passage mercredi dernier, présentait de manière épurée l’œuvre de l’anglais Denny Kelly.

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Mourir, rire, attendrir

Indigné de ce qu’on ne lui témoigne pas plus d’attention, Argan s’égosille et se révolte depuis son lit contre la solitude dans laquelle laisse un pauvre malade. Les plaintes boudeuses et la naïveté de l’hypocondriaque, magnifiquement interprétées par Gilles Privat, le rendent fragile et attachant. Dans la mise en scène de Jean Liermier, le malade imaginaire hanté par la peur de la mort fait parfaitement rire malgré lui.

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Raconte moi une chanson

Chantons quand même !, second spectacle de la Compagnie Le Pavillon des Singes, propose un voyage à travers le Paris occupé de la Deuxième Guerre mondiale… et une bouffée de bonne humeur en chansons. Les premières scènes du spectacle se situent en 1939, au moment de l’annonce de la mobilisation générale. Les trois acteurs entonnent joyeusement une chanson de Maurice Chevalier intitulée Ça fait d’excellent Français : « Le sergent était boulanger pâtissier, le caporal était dans l’ignorance, et l’deuxième classe était rentier ! Et tout ça, ça fait d’excellents français, d’excellents soldats qui marchent au pas ». Le ton est donné. Il sera question de la guerre et de l’Occupation avec beaucoup d’émotion mais aussi d’humour.

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Quand la marionnette se joue des hommes

Richard III est devenu roi et désire maintenant jouer au golf. Selon son bon plaisir, il souhaite le faire debout sur un homme. Dans son adaptation de la pièce de Shakespeare pour le théâtre de marionnettes, la compagnie Puppentheater Magdeburg souligne l’horreur des manipulations, séductions et trahisons d’un personnage dont le cynisme politique dépasse toutes les limites.

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Un bassin d’eau trouble

Les échanges sont dynamiques et les comédiens, pour ponctuer leurs répliques, s’éclaboussent d’eau. Les Femmes savantes, dans une mise en scène de Denis Marleau, se joue autour d’un grand bassin qui se prête bien aux interventions fluides et jaillissantes des personnages. Si la transposition de la pièce aux années cinquante appelle quelques réserves, le jeu des comédiens rend la satire tout à fait vivante.

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Trompera bien qui trompera le dernier

Les canapés roulent à travers la scène, les portes claquent et le mur se décompose en une cascade de fenêtres. Madame découvre l’adultère de son mari avec une rage explosive. Dans sa transposition du vaudeville de Feydeau aux années cinquante, Robert Sandoz l’accompagne par un décor surprenant et des jeux de lumière dramatiques. A l’abri dans le public, on en redemande.

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Haut en couleurs

Sur l’écran géant, l’image de deux actrices bondissant en costumes futuristes est projetée en direct. Ainsi s’achève Le Bleu de Madeleine et les autres. Un voyage à travers les couleurs qui déploie un arc-en-ciel de formes artistiques mais dont, ce soir-là, on est malgré tout ressortis un peu déroutés. Dans un premier temps, ce spectacle soutient bien sa nomination aux Molières 2007 dans la catégorie jeune public.

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