Tout comprendre sur le rôle du Conseil de l’UNIL

Quels sont les rôles du Conseil de l’UNIL? Les explications de son actuelle présidente, Anne-Christel Zeiter.

L’appel à candidatures pour siéger au Conseil de l’UNIL a officiellement démarré le 28 avril. Mais concrètement, quelles sont les missions de cet organe institutionnel ? Quelles compétences requiert-il ? Sur quels sujets se penche-t-il ? Et pourquoi devriez-vous vous lancer ? Les arguments de son actuelle présidente, Anne-Christel Zeiter.

Comment décririez-vous le rôle et le fonctionnement du Conseil de l’UNIL à quelqu’un qui ne le connaît pas ?

Anne-Christel Zeiter : L’Université de Lausanne dispose d’un système de gouvernance organisé en deux instances principales : d’une part, la Direction, qui constitue l’autorité exécutive de l’institution et en représente l’organe le plus visible, d’autre part, le Conseil de l’UNIL, qui assure des fonctions délibératives et législatives. Le Conseil est composé de représentants élus provenant de l’ensemble des corps (des étudiant·es aux enseignant·es, en passant par le personnel administratif et technique) et des facultés de l’Université, garantissant ainsi une représentativité institutionnelle équilibrée. Ce système reflète donc, de manière structurée, les principes de la démocratie suisse, tant au niveau fédéral que cantonal. Sur le plan juridique et pratique, les compétences du Conseil sont clairement définies et délimitées. Bien que la Direction dispose de prérogatives bien plus étendues, le Conseil exerce néanmoins des missions spécifiques qui contribuent au bon fonctionnement de l’institution.

Quelle est la principale mission du Conseil de l’UNIL ?

En ce moment, nommer la rectrice ou le recteur de l’UNIL (voir encadré).

De quelles autres prérogatives spécifiques est-il doté ?

Le Conseil a également pour mission d’adopter et modifier les règlements prévus par la LUL (Loi sur l’Université de Lausanne). Cela inclut trois règlements essentiels : le règlement interne et le règlement général des études, adoptés depuis longtemps, et le règlement sur l’intégrité scientifique, qui sera présenté au Conseil le 19 juin 2025. Une autre mission consiste à approuver les comptes, le budget et le rapport de gestion, ainsi que le plan d’intentions lors de l’arrivée d’une nouvelle Direction. Il s’agit également de poser des questions à la Direction sur tout sujet relatif à l’Université. Cette mission délibérative, inscrite dans la LUL, permet aux représentantes et représentants de tous les corps et facultés de faire remonter des préoccupations spécifiques à la Direction. Bien que le Conseil ne puisse imposer d’actions, une bonne collaboration entre le Conseil et la Direction contribue à la transparence nécessaire à une bonne gouvernance de notre université. Ces missions garantissent un suivi rigoureux des règlements, une bonne gestion administrative et une transparence essentielle pour le bon fonctionnement de l’Université.

Quels types de dossiers le Conseil traite-t-il en collaboration avec la Direction ? Pourriez-vous citer quelques exemples concrets ?

Au cours de cette législature, trois principaux blocs thématiques ont émergé. Le premier concerne la vie concrète des campus, par exemple à travers des interpellations sur l’impact des travaux de la BCU pour les collaboratrices et collaborateurs : les préoccupations majeures portent sur l’accès à la bibliothèque, aux cafétérias et sur la qualité de l’offre alimentaire, notamment pour les étudiants disposant d’un temps limité pour déjeuner. Ces questions soulignent des préoccupations pratiques pour une organisation adaptée, notamment des offres alimentaires diversifiées (plats végétariens, sans gluten, etc.). Un autre exemple est un postulat déposé l’année dernière quant aux relations de l’UNIL avec le tabac : délimitation de zones fumeurs et prévention en particulier. Ce sujet complexe implique des questions d’infrastructures, de politique interne et d’engagement institutionnel que la Direction explore en ce moment.

Le deuxième bloc est centré sur le climat de travail et d’études, un thème récurrent. Le suivi du dispositif Aide | UNIL, sur lequel le Conseil a été informé lors d’une récente présentation, témoigne de cette préoccupation. De plus, la valorisation des carrières du PAT, un dossier remontant à la précédente législature, a significativement progressé sous cette législature.

Enfin, le troisième bloc traite des fonctionnements institutionnels, comme la digitalisation des processus administratifs, dont la mise en place est en cours. D’autres préoccupations incluent l’impact de l’organisation structurelle de l’UNIL sur le climat de travail, en lien notamment avec les différents statuts administratifs et l’organisation des services, ou encore les questions d’accessibilité des infrastructures pour les personnes à mobilité réduite.

Quels arguments mettez-vous en avant pour inciter des personnes à postuler au Conseil ?

En tant que nouvelle représentante de cet organe, j’ai été frappée par la diversité des contextes entre les corps et les facultés. Participer au Conseil, c’est apprendre à conjuguer ces différences pour bâtir ensemble une institution plus forte. C’est passionnant ! Nous évoluons dans des réalités très variées, ce qui fait de l’Université un environnement particulièrement riche et complexe. Cette diversité doit s’articuler avec de nombreux acteurs : la cité, le Canton, la Confédération, le Fonds national suisse (FNS), swissuniversities, et même le niveau international. Cette articulation est fascinante et extraordinairement riche, mais elle reste souvent invisible lorsque l’on se cantonne à sa section ou à sa faculté. Même lorsque l’on pratique un peu d’interdisciplinarité, que l’on collabore avec d’autres collègues ou que l’on échange avec les différents corps, on ne mesure pas l’ampleur et la complexité de cet immense système. Je trouve cela particulièrement intéressant. Il s’agit de concilier des préoccupations qui, parfois, n’ont rien en commun. Nous n’évoluons pas tous dans le même univers, mais il est essentiel de trouver des moyens d’articuler ces différences et de dégager des priorités communes au niveau de la gouvernance institutionnelle globale.

Être membre du Conseil demande-t-il un engagement important ?

Être un représentant efficace au Conseil demande un engagement sérieux. Connaître les dossiers, se préparer avant chaque réunion, échanger avec les associations de corps, écouter et transmettre les informations. Comprendre cette complexité explique pourquoi les décisions demandent du temps et semblent parfois déconnectées des réalités locales. C’est un apprentissage qui développe des compétences comme lire un budget, comprendre des lois ou négocier avec différentes entités. Les règlements doivent respecter toutes les législations, ce qui ajoute à la complexité du processus. Cela nécessite ouverture d’esprit, écoute, dialogue avec différentes parties (Direction, Canton, collègues) et la capacité d’accepter des réponses parfois inattendues. La clé est d’adopter une approche démocratique, en comprenant et dialoguant avec toutes les nuances présentes au sein des 44 membres du Conseil.

Quelles sont les principales satisfactions ou avantages à participer au Conseil ?

Acquérir des compétences institutionnelles génère de belles satisfactions. Les compétences transférables sont précieuses, car elles s’appliquent à divers contextes, notamment pour les étudiants·es. Par ailleurs, les interactions humaines dépassent le simple réseautage : elles encouragent les échanges, la réflexion collective et les discussions enrichissantes. Cela aide à comprendre et expliquer notre environnement de travail ou d’études, un aspect fondamental. S’engager collectivement exige d’apprendre, d’échanger, et cette implication renforce confiance, sécurité et satisfaction.

Comment les décisions et fonctionnements du Conseil sont-ils communiqués ?

Il est important de rappeler d’abord que les séances du Conseil sont publiques, sauf exception : il est possible d’y assister. En marge des séances, nous publions cependant plusieurs types de documents accessibles au public sur le site du Conseil. Tout d’abord, les ordres du jour des séances sont disponibles environ une semaine avant chaque réunion. Nous publions également les procès-verbaux dès qu’ils sont adoptés. Bien qu’il s’agisse de procès-verbaux décisionnels, ils incluent l’essentiel du verbatim de chaque séance. Cela permet aux personnes externes de comprendre le processus menant à des consensus, des accords ou des désaccords entre les informations fournies par la Direction et celles remontées par la communauté. Cela offre une meilleure compréhension du déroulement des débats. En outre, tous les postulats, interpellations, résolutions ou motions déposés, ainsi que les réponses apportées par la Direction, sont rendus publics. Ces documents sont disponibles sur le site du Conseil.

Le Conseil de l’UNIL

Calendrier et délais cruciaux

En tant qu’autorité délibérative (LUL, art. 29), le Conseil de l’Université de Lausanne a notamment pour prérogative de proposer au Conseil d’État vaudois une candidate ou un candidat pour le poste de rectrice ou recteur. Pour ce faire, une commission de sélection, élue le 10 octobre 2024 et composée de membres internes et externes au Conseil, est chargée d’examiner les candidatures et de transmettre une short list au Conseil de l’Université. Sur la base d’un rapport documenté, le Conseil procédera à la sélection finale. Conformément aux délais légaux, la rectrice ou le recteur sera nommé·e par le Conseil d’État au plus tard le 31 janvier 2026, pour une entrée en fonction au 1er août 2026.

Dates clés :

  1. 29 février 2025 : fin de l’appel à candidatures.
  2. 19 juin 2025 : présentation du rapport de la commission de sélection au Conseil (séance à huis clos).
  3. 26 juin 2025 : séance du Conseil pour auditionner les candidats, délibérer et élire la personne retenue (séance à huis clos).
  4. 31 juillet 2025 : fin du mandat du Conseil actuel. La décision devrait idéalement être transmise au Conseil d’État avant cette date, et dans tous les cas avant le 31 octobre.
  5. 31 janvier 2026 : délai légal ultime pour validation par le Conseil d’État, afin que la personne retenue ait six mois pour se familiariser avec le poste.
  6. 1er août 2026 : prise de fonction de la personne retenue.