Que reste-t-il du passé dans cette Faculté des sciences sociales et politiques, dont l’histoire turbulente jette un éclairage politique et scientifique unique sur ces 120 dernières années ?
Longtemps École intégrée avec celle des HEC à la Faculté de droit et parfois même menacée de dissolution, l’ancêtre de cette Faculté des SSP si florissante aujourd’hui, et dont la naissance facultaire officielle remonte à 1977, fut d’abord en quasi-parfaite osmose avec le pouvoir radical-libéral vaudois. On peut même dire que la psychologie à l’UNIL est née dans le contexte alors très prenant du protestantisme.
De grands professeurs, pourtant, il y en eut beaucoup, et soucieux de déployer leur discipline sur les plans scientifique, international et critique sans s’inféoder à un pouvoir. Ceux qui incarnèrent le plus une forme de contre-pouvoir, en appelaient d’abord à l’imagination scientifique et à l’émancipation de chaque étudiant envers les normes, et y compris les contre-normes du moment.
Certains, il ne faut pas le cacher, se sont parfois épuisés dans de vaines querelles interpersonnelles…
Mais parlons enfin au féminin puisque l’histoire des SSP dès la seconde moitié du 20ème siècle est aussi, logiquement, celle des étudiantes qui peuplent la faculté jusqu’à devenir majoritaires aujourd’hui, tandis que la première professeure ne sera nommée qu’en 1976…
L’ouvrage présente douze chapitres éclairant avec minutie la genèse et les principaux développements de SSP. Une seconde partie offre des récits savoureux et originaux d’anciennes et d’anciens étudiants dont ceux de Bertil Galland, d’Yvette Jaggi et d’Antoine Jaccoud. Chacun son style !
Récits facultaires. De l’École à la Faculté des sciences sociales et politiques (1902-2022), sous la direction de Jean-Philippe Leresche. EPFL Press (2022), 357 p.