Deux scientifiques de l’UNIL publient un livre sur la sensible question des différences culturelles dans le comportement des adultes à l’égard des enfants.
Un simple coup d’œil au titre suffit pour qu’un adage bien connu s’imprime dans nos pensées. L’ouvrage collectif Qui châtie bien…, publié en octobre aux éditions Antipodes, traite de la complexe question des différences culturelles dans le comportement parfois violent des adultes à l’égard des plus jeunes.
Ce livre est le fruit d’un colloque mené par l’Observatoire de la maltraitance envers les enfants. Il rassemble une multiplicité de points de vue à travers les contributions de plusieurs chercheurs mais aussi de praticiens de Suisse, et de différents pays, sous la direction du professeur honoraire René Knüsel et du maître d’enseignement et de recherche Fabrice Brodard, tous deux de la Faculté des sciences sociales et politiques de l’UNIL.
Ces divers intervenants, confrontés directement à la problématique dans le cadre de leur profession, exposent ici les enjeux qui concernent leur pratique, les difficultés rencontrées, et partagent leurs questionnements et leurs réflexions.
Des familles démunies
Chaque année, un milliard d’enfants à travers le monde souffrent de violences physiques, sexuelles, émotionnelles ou de négligences, selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Les experts admettent que la majorité des situations de maltraitance ont lieu dans l’environnement familial.
En Suisse, la situation est globalement bonne, selon l’ONG Humanium, mais, selon les auteurs, il existe au sein de la population certaines zones de vulnérabilité. En particulier dans les familles concernées par la migration, plus souvent démunies en raison de leur position particulière au sein de notre société et parfois issues d’une culture qui tolère ou accepte les mauvais traitements sur les enfants.
Souvent employée par ignorance de l’existence d’alternatives, la violence est parfois perçue par les parents comme un outil éducatif, favorable à l’enfant. Pourtant, son effet néfaste sur le bien-être et la santé de celui qui la subit est aujourd’hui largement documenté.
Une tâche délicate
Mais comment évaluer les cas de maltraitance dans des familles aux référents socioculturels différents, sans produire de jugements de valeur qui biaisent l’objectivité ? Cette question est l’une de celles que se posent les professionnels dont la mission est d’intervenir pour le bien de l’enfant, tout en respectant l’autorité parentale et la culture sur lesquelles se construit la famille. Une tâche délicate, discutée notamment dans cet ouvrage par deux travailleuses sociales retraitées du Service de protection de la jeunesse du canton de Vaud.
Parmi les autres contributions, par exemple, une pédiatre membre du Child Abuse and Neglect (CAN) Team du Service de pédiatrie du CHUV, en première ligne pour détecter de mauvais traitements, relate elle aussi son expérience et ses réflexions.
Cas concrets
La parole est en outre donnée à des professionnels issus du Cameroun et du Togo, ainsi qu’à un psychologue d’origine africaine exerçant en France, dont les horizons culturels permettent d’élargir les regards sur la problématique.
Riche d’exemples et de cas concrets, cet ouvrage est rédigé dans un langage accessible mais sans trop simplifier la complexité du propos. Il intéressera les professionnels mais aussi toute personne concernée ou intéressée par le thème de la maltraitance infantile ou par celui de la variété des modes d’éducation et de comportement.
Pour aller plus loin….
- Child Abuse and Neglect (CAN) Team du Service de pédiatrie du CHUV