Max Haizmann et Arlinda Ramqaj ont été choisis cette année pour figurer parmi les trois « Youth Reps » nationaux. Leur mission ? Représenter la jeunesse de Suisse au sein de la délégation helvétique aux Nations unies. Rencontre
Dans les couloirs de l’Anthropole et de l’Internef, Arlinda Ramqaj et Max Haizmann, tous deux 23 ans, semblent être deux étudiants comme les autres. Et pourtant. Le 1er juillet 2022, ils ont été choisis par le Département fédéral des affaires étrangères (DFAE) et le Conseil suisse des activités de la jeunesse (CSAJ) pour occuper une fonction toute particulière, celle de « Youth Reps » (youth representatives), c’est-à-dire délégué ou déléguée de la jeunesse suisse à l’ONU. Leur mission ? Représenter la voix des plus jeunes lors de conférences nationales et internationales, en tant que membres de la délégation helvétique aux Nations unies. Mais aussi sensibiliser tout au long de l’année leur génération aux thématiques onusiennes.
« J’ai répondu à une annonce relayée par l’UNIL. Je ne m’attendais pas à être prise ! » commente Arlinda Ramqaj, tout juste diplômée d’un Master de littérature anglaise et psychologie à la Faculté des lettres. « C’est extraordinaire que des personnes très haut placées s’intéressent à nous et nous écoutent », ajoute celle qui vient de se lancer dans une formation à la Haute École pédagogique vaudoise. Les deux camarades se réjouissent également de la récente acceptation de l’Assemblée générale de l’ONU d’ouvrir un Bureau de la jeunesse en son sein. « C’est historique. Cela montre qu’il y a une claire volonté d’intégrer la voix des jeunes dans les décisions », note Max Haizmann.
En trio avec Ellie Hutterli, 21 ans, étudiante en relations internationales à l’Université de Saint-Gall, sous la houlette du DFAE et du CSAJ, nos deux apprentis diplomates enchaînent depuis plus de trois mois des actions de sensibilisation auprès de la jeunesse, des rencontres officielles, en Suisse et à l’étranger. Mais aussi des rendez-vous informels. Par exemple, en marge d’une réunion du European Sustainable Development Network à Berlin, avec la secrétaire d’État allemande Christiane Rohleder ou, en Suisse, avec l’ancien conseiller fédéral Joseph Deiss, ex-président de l’Assemblée générale de l’ONU de 2010 à 2011. « Nous avons pu discuter avec eux, c’était génial ! » s’enthousiasme Arlinda Ramqaj, malgré quelques difficultés au début pour se « mettre dans le bain ». « Lorsque nous prenons part à des décisions, nous devons donner notre avis sans être trop frontaux. Tout est très diplomatique, très neutre, c’est assez spécial… et pourtant essentiel pour faire connaître la voix de la jeunesse que nous représentons », détaille-t-elle.
« Mettre en mouvement »
Enseignante au Mont-sur-Lausanne en parallèle de ses études, cette enfant de la Vallée de Joux a de l’énergie à revendre. Sensibilisée aux problématiques de la migration et des droits humains à travers l’histoire migratoire de ses parents kosovars, elle est aussi préoccupée par la question de la durabilité de nos sociétés. « Aujourd’hui, de nombreux jeunes cultivent une vision très négative de la politique. L’envie de changer les choses est pourtant là », a-t-elle constaté lors d’une rencontre à Thoune en août avec des gymnasiens et gymnasiennes.
La durabilité et la justice climatique sont aussi deux des préoccupations phares de Max Haizmann, qui termine un Bachelor en droit à la Faculté de droit, des sciences criminelles et d’administration publique. « En tant que jeunes, nous n’arrivons pas à accepter un constat d’échec de notre système, alors que l’âge moyen d’un politicien dans le monde est de 63 ans. C’est pourquoi nous essayons d’insuffler de l’espoir, du mouvement », résume-t-il.
Féru de basket, ce Bernois francophone a grandi au sein de la capitale helvétique. Après quelques engagements bénévoles visant à promouvoir le sport au sein des quartiers populaires de la ville de Bienne, il a participé l’an dernier, avec des activistes du monde entier, à l’élaboration à Genève d’une charte mondiale de la jeunesse approuvée par le Bureau de l’ONU à Genève. Aujourd’hui, il rêve d’une carrière dans le droit international et humanitaire. « Donner un cadre institutionnel à la voix des jeunes pour mieux la faire entendre m’a beaucoup plu. C’est ce que je recherche dans ma fonction de Youth Rep. »
En novembre, les deux délégués seront notamment à Berne pour la Session des jeunes, puis s’envoleront cet hiver pour New York, au siège de l’ONU, afin de siéger au sein des commissions du développement social (CSocD) et de la condition de la femme (CSW). Friands de nouveaux défis, les deux camarades se réjouissent déjà.