Des personnes de confiance à votre écoute

Découvrez les portraits des trois personnes de confiance au cœur du dispositif Aide | UNIL, dont le rapport annuel vient d’être publié.

Aide | UNIL joue un rôle important dans l’amélioration du bien-être à l’Université. Ce dispositif offre écoute, accompagnement et prévention face aux situations de harcèlement, de conflit, de sexisme ou de discrimination. Découvrez les portraits des trois personnes de confiance au cœur de ce dispositif, dont le rapport annuel vient d’être publié.

Depuis son lancement en mars 2023, Aide | UNIL (voir encadré) s’affirme comme une ressource clé pour renforcer la qualité du climat de travail et d’études à l’UNIL. Au cœur de ce dispositif, trois personnes de confiance assurent une écoute confidentielle et une réponse rapide aux sollicitations. Leur sélection, réalisée par le biais d’un marché public, garantit un haut niveau de compétence et de professionnalisme. Alors que le rapport annuel Aide | UNIL vient tout juste d’être publié, voici les portraits d’Irène Schmidlin, Nils Kapferer et Patrick Mangold, des personnalités engagées et empreintes d’empathie.

« Notre rôle est centré sur l’écoute active »

© Félix Imhof / UNIL

Avocate, Irène Schmidlin a démarré sa carrière dans le travail social. Deux pôles reliés par un fil rouge : son intérêt pour l’égalité. C’est ce point commun entre ses différentes fonctions qui a amené Irène Schmidlin au mandat de personne de confiance à l’UNIL. D’abord éducatrice spécialisée, elle a notamment travaillé auprès d’adolescent·es avant de se tourner vers un cursus juridique, qu’elle choisit de suivre à Fribourg : « L’approche m’y semblait particulièrement humaniste, mettant davantage l’accent sur des branches comme la philosophie du droit, souligne-t-elle. Cette façon rigoureuse d’appréhender les difficultés tout en laissant place à l’interprétation m’a vraiment bien convenu, je me suis sentie comme un poisson dans l’eau ! » Elle enchaîne avec un stage dans une étude lausannoise et quelques années au barreau, puis passe au Bureau de l’égalité entre les femmes et les hommes du canton de Vaud. « Être avocate m’a fait douter du pouvoir des sanctions. En revanche, le travail de sensibilisation a pris tout son sens. » Une voie qui l’amène à donner des cours en entreprise sur les questions de harcèlement sexuel. « Les gens comprennent rarement d’emblée en quoi complimenter une collègue sur sa robe peut être dérangeant. Mais ils saisissent très bien le problème quand on le leur explique », relève-t-elle. De fil en aiguille, l’UNIL la contacte en 2022 pour rejoindre l’ancien dispositif comme personne de confiance. Lorsque s’ouvre le marché public pour le mandat de personne de confiance, elle dépose sa candidature.

Rencontres humainement riches

« Notre rôle se concentre sur l’écoute active et empathique, à laquelle mon expérience dans le social m’a préparée », souligne-t-elle. S’y ajoutent un cursus en résolution non violente de conflits au Centre pour l’action non violente (Cenac), ainsi que des cours sur la justice restaurative et la médiation. Écouter, reformuler, rechercher les besoins derrière les paroles, tel est donc son pain quotidien. « Nous avons toutes et tous les mêmes besoins de base. Partir de là aide à dénouer les problèmes et dégager des pistes. »

Ce qui la motive dans sa tâche, ce sont les rencontres, toujours très authentiques et humainement riches, « même si, parfois, je suis en présence de situations difficiles. Mais je garde en tête qu’offrir cet espace où exprimer les choses à voix haute, poser des questions, rebondir est fondamental et permet d’avancer. Souvent les personnes rencontrées sont reconnaissantes de l’écoute ! »

La main à la pâte

Irène Schmidlin continue d’exercer son métier d’avocate, mais à temps partiel. Elle donne en outre des cours de droit en travail social. Pour se ressourcer, elle cuisine en chantant de la chanson française ou anglophone « le moins faux possible », précise-t-elle en éclatant de rire. Amatrice de saveurs indiennes, qui lui rappellent ses premiers voyages, elle laisse aussi volontiers sa créativité s’exprimer dans ses casseroles : « J’adore mettre la main à la pâte au sens propre du terme, cela me détend ! C’est une activité très concrète autant qu’un acte d’amour, de partage. »

« Aider les personnes concernées à faire un pas de côté »

© Félix Imhof /UNIL

Prendre de la distance : tel est pour Nils Kapferer le point central de son rôle de personne de confiance à l’UNIL. Active dans la lutte contre les discriminations et le sexisme, iel est passée par le Bureau de l’égalité vaudois et porte désormais la politique LGBTIQ+ lausannoise. Parallèlement, iel travaille à une thèse « qui s’intéresse au droit et aux études genre dans une perspective queer ». Nils poursuit : « Comment prendre soin des autres, comment respecter leur intégrité, comment éviter les rapports de pouvoir ? Telles sont les questions qui m’accompagnent dans tous les domaines de ma vie. »

En tant que personne de confiance, se contenter de recevoir une parole ne va pas sans quelques frustrations. « Nous ne faisons pas de médiation, nous ne sommes pas des psychologues et ne donnons pas davantage de conseils juridiques ; en revanche nous pouvons orienter. Notre connaissance du réseau – interne et externe – nous permet de cartographier les ressources et de voir quelle route proposer à celles et ceux qui font appel à nous parmi toutes les possibilités existantes. »

Des choses à apprendre

Formé à la communication non violente (CNV), Nils Kapferer s’efforce de faire en sorte que l’intégrité personnelle de chacune et chacun soit respectée. « Dans ce monde effréné, où l’on court d’une contrainte à l’autre, qu’il s’agisse de suivre un cours, de rendre un papier, de réussir un examen, on donne largement de son temps pour les autres ; on en prend plus rarement pour soi. » Ne nous leurrons pas, l’académie n’échappe pas « aux principes néolibéraux qui exigent performance et succès tout au long d’une carrière ». Iel l’observe, le stress et la compétition sont présents à tous les échelons : « Le corps estudiantin s’inquiète à la perspective de son arrivée sur le marché du travail, le corps intermédiaire angoisse sur sa thèse et les délais à respecter. Quant aux membres du corps professoral, elles et ils subissent une forte pression à la publication et à l’enseignement. Tout ce qui traverse notre monde, y compris sa dureté, se retrouve dans l’académie.  » Sa mission consiste à offrir à chaque personne qui en ressent le besoin cet espace manquant : « Et lorsque, en fin de séance, elles et ils me remercient, ajoutant que cela leur a fait du bien, je sens que je l’ai remplie. »

Reste que, malgré son parcours et son engagement, postuler au titre de personne de confiance n’allait pas de soi : « Principalement pour des questions de légitimité – il existe nombre d’autres personnes plus qualifiées que moi ! » Quand on lui demande quelles activités iel privilégie dans les moments de détente, Nils répond sans hésiter : « Je visite des musées, je pratique les jeux de plateau et de rôle ou j’écoute de la musique ancienne et baroque. Et je lis ! J’ai d’ailleurs entamé Résister à la culpabilisation, de Monat Chollet. Je découvre qu’il me reste des choses à apprendre », conclut-iel en éclatant de rire.

« Pouvoir prendre du recul est essentiel »

© Félix Imhof / UNIL

Avocat spécialisé en droit du travail, Patrick Mangold s’intéresse tout particulièrement aux questions en lien avec la protection de la personnalité. Il a quitté le barreau il y a cinq ans et a désormais la conviction d’être au bon endroit : celui où il peut « servir à la fois les individus et l’organisation tout en ayant du plaisir à la tâche ».

C’est entre autres une lassitude des combats judiciaires sans fin qui l’amène à se tourner vers d’autres activités pour trouver un nouvel équilibre. En 2004, Patrick Mangold se lance sur la scène artistique. D’abord le théâtre, puis la danse, qui le mènent à la performance. « Un travail où l’on ôte ses carapaces, ce qui va dans le sens inverse du monde des affaires, où l’on s’en construit de solides. » S’ajoute à cela l’envie de davantage maîtriser son agenda : « À mesure que je refusais des mandats, d’autres se sont présentés. Petit à petit, on m’a proposé des audits, des enquêtes et l’organisation d’ateliers sur des questions liées à la protection de la personnalité. »

Risque de dérive

Lorsque la Manufacture, la haute école des arts de la scène à Lausanne, met en place un dispositif de personne de confiance, il endosse le rôle sans hésiter : « Outre l’aspect accompagnement qui me plaît beaucoup, mes compétences juridiques sont très utiles. » D’autres mandats suivent, dont l’UNIL, où il exerce cette même fonction d’abord ad interim il y a deux ans. Puis, quand l’institution lance son appel d’offres, l’avocat pose sa candidature.

L’académie, comme la plupart des milieux à vocation, est propice aux abus : « Le risque de dérive y est plus important, car on est souvent prêt à supporter beaucoup de choses pour atteindre son objectif. » Un contexte qui demeure malgré tout passionnant, puisque de nombreux corps de métier s’y croisent, impliquant de forts enjeux de pouvoir.

Un bon trio

Des caractéristiques qui exigent alignement et solidité pour garder son ouverture à l’autre, « car nous sommes là pour entendre et orienter les personnes ». Si des connaissances en droit sont utiles pour comprendre chaque situation, l’écoute est fondamentale : « Quand on fait face à un problème, cela crée une sorte d’effet tunnel qui nous rend incapables de prendre de la distance. En parler permet justement de faire un pas de côté et d’y voir plus clair. » Or, il est souvent impossible d’évoquer ses ennuis avec ses collègues ou sa hiérarchie, raison pour laquelle « il est important de disposer d’un endroit où l’on peut se lâcher dans un contexte confidentiel ». Un espace de parole nécessaire, mais insuffisant à lui seul, estime-t-il. Le travail d’explication et de prévention réalisé en workshop le complète. « L’UNIL vient d’ailleurs d’en lancer pour les nouvelles et nouveaux professeur·es », souligne-t-il. Pour garder son équilibre, Patrick Mangold nage, danse et joue de la musique – volontiers des percussions, « pour leur aspect libératoire ». Il apprécie également de pouvoir échanger avec ses collègues. « Nous formons un bon trio, et œuvrer en commun fait partie du plaisir d’exercer cette fonction. »

« Une démarche essentielle pour améliorer le bien-être de la communauté »

Christelle Rigual, déléguée à la protection du climat de travail et d’études, supervise Aide | UNIL, une initiative issue d’une année de réflexion et de concertation menée en 2022. « Ce dispositif offre des ressources adaptées pour signaler et gérer les cas de harcèlement, discrimination ou conflit, tout en visant une transformation en profondeur de la culture de travail et d’études à l’UNIL », précise-t-elle. Ce projet a été élaboré avec la participation de 45 membres de la communauté universitaire, incluant étudiant·es et syndicat.

L’une des forces d’Aide | UNIL est la mise à disposition de plusieurs ressources au service de la communauté afin de répondre aux différents besoins en termes notamment de confidentialité et d’information. « Les trois personnes de confiance (voir portraits) sont ainsi essentielles car elles garantissent une écoute attentive et confidentielle », précise Christelle Rigual. Hautement qualifiées en droit du travail et en accompagnement des individus confrontés à des atteintes à la personnalité, elles ont été sélectionnées à travers un processus rigoureux. Elles offrent un soutien personnalisé sous forme d’écoute, de conseils ou d’accompagnement en toute discrétion.

Un rôle central

Le premier rapport d’activité annuel publié le 15 décembre, est une étape importante pour Aide | UNIL. Structuré autour de données chiffrées et d’analyses, il offre un aperçu des problèmes rencontrés entre mars (date de son lancement) et décembre 2023, et des mesures prises. « Il s’appuie sur la nécessité d’informer au maximum les membres de la communauté de l’UNIL des types de signalements reçus et des mesures apportées, illustrant l’engagement de l’UNIL à créer un environnement respectueux et inclusif », note Christelle Rigual. Anonymisées, ces données servent également à ajuster en continu les ressources et stratégies de sensibilisation et d’accompagnement proposées par Aide | UNIL.

Quelques chiffres : Aide | UNIL a enregistré 191 sollicitations, dont 112 ont directement été gérées par les personnes de confiance. Ces chiffres montrent une augmentation par rapport aux dispositifs précédents, où environ 70 cas étaient recensés chaque année. « Cette hausse est un signe positif, analyse Christelle Rigual. Elle montre que le dispositif est relativement connu et que les membres de la communauté ont confiance pour signaler des problèmes. »

Le rapport met en lumière quelques tendances : 57% des sollicitations concernent des violences verbales ou des tensions mal vécues, tandis que 14% relèvent de harcèlement sexuel. « Ces données nous aident à orienter les actions de prévention et à mieux répondre aux besoins des différents corps de l’Université », explique-t-elle. Pour 2023 par exemple, les étudiant·es et le corps intermédiaire représentent chacun environ 30% des sollicitations, le reste étant réparti entre le corps professoral et le personnel administratif.

Défis et perspectives d’avenir

Malgré les progrès réalisés, certains défis subsistent. « En 2023, le corps estudiantin restait sous-représenté parmi les personnes qui sollicitaient le dispositif », observe la déléguée. Pour y remédier, des campagnes de sensibilisation, des ateliers et des collaborations avec des associations étudiantes sont en cours. Les réseaux sociaux sont également utilisés pour toucher un public plus large.

À moyen et long terme, Aide | UNIL a pour ambition d’affiner encore ses prestations en appuyant ses propositions d’améliorations sur les données annuelles et les retours des membres de la communauté. « Nous travaillons à harmoniser le suivi des signalements tout en renforçant la communication autour des ressources disponibles et la transformation de la culture au sens plus large. » En résumé, Aide | UNIL n’est pas seulement un dispositif de signalement, « mais une démarche globale, essentielle pour améliorer le bien-être de toute la communauté universitaire », conclut Christelle Rigual.