Débattre d’une fiction (annonce de parution)

L’interrogation qui préside au nouveau numéro de Fabula-Littérature Histoire Théorie est aussi simple qu’abrupte : que faisons-nous avec les fictions et aux fictions elles-mêmes lorsque nous débattons d’elles ?

Chimène pouvait-elle épouser Le Cid ? La Princesse de Clèves a-t-elle bien fait d’avouer à son mari qu’elle était aimée d’un autre homme ? Pourquoi Cendrillon ne s’est-elle pas rebellée plus tôt ? Meursault était-il raciste ? Hercule Poirot a-t-il commis une erreur sur l’identité du meurtrier ? Les Lannister devaient-ils absoudre Ned Stark ? Don José pouvait-il épargner Carmen ? Néo aurait-il dû se soumettre à la prophétie de l’Oracle ? Peut-on accepter d’entrer dans les raisons de Humbert Humbert et faut-il faire lire Lolita aux adolescent.e.s d’aujourd’hui ? Horace devait-il s’abstenir du meurtre de Camille ? Fallait-il vraiment que Dumbledore cache la vérité sur le destin d’Harry ? Manon a-t-elle sincèrement aimé Des Grieux, et le récit du chevalier est-il toujours bien honnête ? Faut-il blâmer Charles de la mort d’Emma ?

De quelle nature sont nos jugements sur les fictions ? À quelles opérations se livre-t-on pour simplement en parler et très régulièrement en débattre ? Car la fiction n’est pas seulement l’objet d’une expérience individuelle vouée à rester silencieuse : elle est aussi ce dont on parle avec d’autres lecteur.trice.s ou spectateur.trice.s, ce qu’on partage à condition d’en débattre, de confronter des opinions et de soumettre un jugement à la discussion. Mais de quoi discourt-on au juste lorsqu’on s’interroge sur la conduite d’un être de papier, qu’on débat d’une situation fictive ou qu’on revient sur un dénouement arbitraire ? Dans nos échanges les plus quotidiens sur les fictions, peut-on seulement départager les propositions qui portent sur l’œuvre de celles qui portent sur le monde fictif, et les jugements sur la situation fictionnelle des jugements sur le monde réel ? Si le débat s’accompagne toujours d’une intervention sur la fiction, quels sont les enjeux éthiques ou politiques d’une telle ingérence ?

Les multiples querelles et controverses dont les fictions ont fait l’objet en Occident ont été largement étudiées par l’histoire littéraire, notamment en ce qu’elles nous instruisent sur les représentations du monde réel et les pratiques esthétiques à travers le temps. Le débat sur la fiction mérite toutefois d’être constitué comme objet théorique.

URL: https://www.fabula.org/lht/25/

Cohabiter la fiction (annonce de parution)

On affirme souvent que les interprétations « savantes » des récits littéraires sont celles qui prennent leurs distances avec certains phénomènes relatifs à la pratique « ordinaire » de la lecture tels que l’implication affective dans l’histoire ou une forme de croyance en l’existence des personnages. Si des voix contraires s’élèvent depuis plusieurs années, cette position reste, implicitement ou explicitement, dominante dans les départements de littérature et les programmes de l’école publique.

Le présent essai fait l’hypothèse que la distinction entre lecture « ordinaire » et lecture « savante » est largement caduque, parce qu’aucun discours porté sur une fiction ne peut s’empêcher de proposer une version alternative du monde raconté, version à laquelle il fait semblant de croire. Cela revient à affirmer que chaque interprète se situe discursivement dans une position comparable à celle des personnages, non pas en habitant directement la fiction, mais, indirectement, en la cohabitant.

Aurélien Maignant, Cohabiter la fiction. Lecture ordinaire, univers de croyances et interprétation des mondes littéraires, Lausanne, Archipel Essais, vol. 28, 2020, 144 p.

Fabula propose de lire un extrait de cet ouvrage ainsi que la postface rédigée par Marc Escola, URL: https://www.fabula.org/actualites/a-maignant-cohabiter-la-fiction-lecture-ordinaire-univers-de-croyances-et-interpretation-des-mondes_99536.php

La marquise sortit à cinq heure (annonce de parution)

Marc Escola propose dans l’atelier de théorie littéraire de Fabula une fabuleuse anthologie de textes évoquant cette fameuse marquise et ses activités à lheure du thé (ou de l’apéro). Ce texte fascinant nous permet de réfléchir sur la place occupée par l’arbitraire et la contingence dans la fiction. Un texte à ne manquer sous aucun prétexte, pour constater qu’en effet, « une marquise et une pendule hantent depuis près d’un siècle la théorie du récit et l’histoire du roman ».

URL: https://www.fabula.org/atelier.php?La_marquise_sortit_a_cinq_heures%2E_Une_anthologie

Rythme / Rhythm

Par Jan Baetens

L’analyse temporelle du récit aborde généralement trois domaines: ordre, fréquence et durée (Genette 1972). Souvent pensée en termes de vitesse, l’analyse de la durée se donne pour but de décrire le rythme du récit. Elle regroupe un certain nombre de questions, tantôt formelles et tantôt thématiques, que Kathryn Hume énumère ainsi : a) descriptions en prose de vitesse physique, b) retardement narratif, c) le calcul du temps diégétique par page, d) les réflexions fictionnelles sur la vitesse comme donnée culturelle (Hume 2005 : 105).

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Mais où sont donc passés les scénaristes? (annonce de parution)

La revue online Création collective au cinéma consacré à l’écriture scénaristique, publie un numéro intitulé « Mais où sont donc passés les scénaristes? » dirigé par Martin Fournier et Nedjma Moussaoui. Le numéro en open access contient, entre autres, avec deux textes d’Alain Boillat portant sur le fonds Alain Tanner. Il accessible via le lien suivant: https://creationcollectiveaucinema.com/revue-n03-2020/

Formes narratives & culture médiatique (I) : Impact de la sérialité sur le récit audiovisuel (appel à contributions)

Colloque international, Université de Lausanne, 20-21 octobre 2021 

Ce colloque se prolonge les 21 et 22 octobre 2021 par « Formes narratives & supports médiatiques (II) : transferts, reconfigurations et évolution dans la bande dessinée ». 

Comité d’organisation 

Alain Boillat et Valentine Robert, Section d’histoire et esthétique du cinéma, Faculté des lettres, UNIL 

Comité scientifique Raphaël Baroni, Mireille Berton, Alain Boillat, Valentine Robert. 

Partenaires 

Raphaël Baroni, Gaëlle Kovaliv et Olivier Stucky du FNS Sinergia « Reconfiguring Comics in our Digital Era », UNIL & EPFL. 

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La Tension narrative… en mandarin (annonce de parution)

La Tension narrative, ouvrage de Raphaël Baroni publié à l’origine en français aux éditions du Seuil en 2007, a été traduit en mandarin par les Foreign Language Teaching and Research Press. L’ouvrage, en caractère chinois simplifiés, est augmenté d’une préface.

Baroni, R. (2020), 叙述张力:悬念、好奇与意外, Beijing,Foreign Language Teaching and Research Press.

URL de l’éditeur: https://www.fltrp.com/c/2020-11-30/499628.shtml

本书以中文译本加中文导读的形式出版,它通过与经典理论的批判性对话,创造性地提出了一种叙事的总体理论,解释了人们对虚构文学感兴趣的原因,并区分了叙述张力的具体表现——悬念、好奇和意外。本书将认知研究成果纳入文学领域,采用了脚本、互动矩阵、跨文本性等多种手段,对叙事作品、广告海报、连环画、电影等多种类型的文化产品进行了实例分析,无疑标志着叙事研究的真正革新,是外国文学爱好者、研究者,高等学校学生的必读书。

Contemporary French and Francophone Narratology (annonce de parution)

John Pier (dir.), Contemporary French and Francophone Narratology, Columbus, Ohio State University Press, 2020.

Contemporary French and Francophone Narratology fournit non seulement un vaste éventail d’études sur le récit, mais cet ouvrage fournit également un éclairage sur différents aspects et domaines de la narratologie. » – Gerald J. Prince, auteur de Narrative as Theme: Studies in French Fiction.

Les essais inclus dans cet ouvrage collectif cherchent à prendre le pouls des développements récents de la recherche narratologique dans les pays francophones. Les théoriciens de ces pays ont largement contribué à façonner la narratologie, issue du mouvement structuraliste des années 1960 et 1970. Alors que les théoriciens américains, allemands et scandinaves ont pris le devant dans les années 1990, la narratologie en France est passée au second plan. Ce n’est qu’au début du siècle qu’un nouvel intérêt pour les questions narratologiques a émergé parmi les chercheurs francophones. Depuis, l’activité dans ce domaine s’est intensifiée, stimulée en partie par la prise de conscience que la narratologie ne peut se résumer à ses origines formalistes et structuralistes.

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Genèse scénaristique et mondes possibles (annonce de parution)

L’atelier Fabula accueille un extrait tiré du dernier ouvrage d’Alain Boillat: En cas de Malheur, de Simenon à Autant-Lara (1956-1958). Essai de génétique scénaristique, Genève, Droz, 2020.

Ce texte, remanié pour l’atelier, se penche sur un usage très original de la notion de monde possible, en appliquant ce modèle ontologique à l’analyse des variantes scénaristiques dans le processus d’écriture de l’adaptation cinématographique d’un roman de Simenon. Le texte est accessible en libre accès sur le lien suivant: https://www.fabula.org/atelier.php?Genese_scenaristique_et_films_possibles

Les Rouages de l’intrigue (open access)

Trois ans après sa parution, le dernier ouvrage de Raphaël Baroni est disponible sur SERVAL en libre accès: https://serval.unil.ch/fr/notice/serval:BIB_91F2FABBCF53 

Aujourd’hui, l’enseignement de la littérature ne peut plus se limiter à interroger le texte en se demandant : de quoi parle ce livre ? Comment est-il écrit ? Quelle est sa place dans l’histoire ? À l’heure où la dimension affective de la lecture retrouve sa pertinence, il faut pouvoir traiter de nouveaux problèmes : comment l’auteur est-il parvenu à intriguer son lecteur ? Comment fonctionne le suspense dans ce chapitre ? Ou encore : pourquoi ces questions importent-elles ? Cet ouvrage offre de nouveaux outils pour répondre à ces questions, pour analyser la dynamique de l’intrigue et pour justifier son intérêt dans l’enseignement. Des exemples tirés des œuvres de Ramuz, de Gracq et de Robbe-Grillet facilitent le passage de la théorie à la pratique, tout en illustrant le raffinement des mécanismes de la tension narrative.

URL vers le site de l’éditeur: https://www.slatkine.com/fr/slatkine-reprints-erudition/70192-book-07102808-9782051028080.html