Seminario Permanante di Narratologia (annonce d’événement)

Le séminaire permanent de narratologie est un réseau ouvert d’idées et d’expériences. Conçu par Paolo Giovannetti (IULM) et Giovanni Maffei (Federico II), il implique déjà d’autres chercheurs, jeunes et moins jeunes, et d’autres universités.

L’idée de base, très simple, est qu’en Italie, aujourd’hui, il est nécessaire de reconstituer un savoir narratologique, actualisé aux nombreuses acquisitions qui ont caractérisé le cadre international pendant plus de vingt ans. Le Séminaire, dans ses réunions annuelles, dans ses publications, vise à offrir des opportunités de rencontre et d’échange intellectuel à ceux qui s’intéressent à la recherche narratologique.

La première réunion du séminaire aura lieu « à distance », sur la plateforme numérique Zoom, les mardi 20 et mercredi 21 octobre 2020. Les sujets abordés vont de questions purement théoriques à des lectures rapprochées, en passant par des réinterprétations de classiques à travers des optiques et des méthodologies aussi actuelles que possible.

Vous pouvez assister aux conférences et participer aux débats en signalant votre souhait d’être présent à l’adresse suivante : convegnonarratologiconapoli@gmail.com

Retrouvez le programme sur la page du séminaire: http://www.modlet.it/seminario-permanente-di-narratologia/

Métalepse / Metalepsis

Par Frank Wagner

À l’origine, la métalepse constitue une notion rhétorique (Genette 1972, Roussin 2005), définie comme « une proposition […] [qui] consiste à substituer l’expression indirecte à l’expression directe » (Fontanier (1830) 1977 : 127). Toutefois, plus qu’à cette définition générale, la plupart des théoriciens du récit se sont montrés sensibles à certains de ses sens rapportés, comme « le tour par lequel un poète, un écrivain, est représenté ou se représente comme produisant lui-même ce qu’il ne fait au fond que décrire » (Fontanier (1830) 1977 : 128) ; ou encore celui « par lequel […] au lieu de raconter simplement une chose qui se fait ou qui est faite, on commande, on ordonne qu’elle se fasse » (Fontanier (1830) 1977 : 129). Telles sont du moins les acceptions dérivées du procédé rhétorique sur lesquelles Genette met l’accent au moment de forger la notion de métalepse narrative, qui, dans Figures III, fait système avec analepse, prolepse, syllepse, ou paralepse. Voici en quels termes le narratologue définit ce procédé :

« Le passage d’un niveau narratif à l’autre ne peut en principe être assuré que par la narration […]. Toute autre forme de transit est, sinon toujours impossible, du moins toujours transgressive […]. [Par exemple] toute intrusion du narrateur ou du narrataire extradiégétique dans un univers diégétique (ou de personnages diégétiques dans un univers métadiégétique, etc.), ou inversement […]. Nous étendrons à toutes ces transgressions le terme de métalepse narrative. » (Genette 1972 : 244).

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En cas de malheur, de Simenon à Autant-Lara (annonce de parution)

Sorti dans les salles à une période charnière, le film En cas de malheur de Claude Autant-Lara (1958) fait ici l’objet d’une analyse approfondie qui porte à la fois sur l’écriture scénaristique, le contexte sociohistorique et les modalités de la transposition à l’écran du roman homonyme de Georges Simenon. Alain Boillat envisage les différentes variantes conçues par les scénaristes dans une perspective narratologique et d’étude des normes de genre. Ce faisant, il propose une méthodologie favorisant l’application au cinéma de la génétique des textes littéraires, et renouvelle plus largement l’étude du phénomène de l’adaptation. En discutant certains aspects du récit filmique (point de vue, flash-back, etc.), l’ouvrage montre combien le personnage ne peut être appréhendé au cinéma sans la prise en considération de la vedette qui l’incarne. Or En cas de malheur réunit les deux plus grandes stars qu’ait connues le cinéma français : d’un côté Brigitte Bardot, nouvelle icône de la féminité qui présage les bouleversements sociaux des années 1960, de l’autre Jean Gabin, associé à une image de la virilité issue des années 1930.

Alain Boillat, En cas de malheur, de Simenon à Autant-Lara (1956-1958). Essai de génétique scénaristique, Genève, Droz, 2020.

Pour en savoir plus ou commander l’ouvrage: https://www.droz.org/fr/7275-9782600060462.html

I Meccanismi dell’intreccio (annonce de parution)

Pour les lecteurs italophones intéressés par la mise en intrigue, ses mécanismes textuels ou la narratologie fonctionaliste, nous signalons la parution aux éditions Effigi du premier titre de la nouvelle collection « Semeia », dirigée par Alessandro Leiduan.

Baroni, R. (2020), I Meccanismi dell’intreccio. Introduzione alla narratologia funzionale, traduit par Andrea Amoroso et Alessandro Leiduan, Roma, Effigi, coll. « Semeia ».

URL de l’éditeur: http://www.cpadver-effigi.com/blog/i-meccanismi-dell-intreccio-raphael-baroni/ Lire la suite

Modèle rhétorique des publics / Rhetorical Model of Audiences

Par James Phelan

Traduit de l’anglais par Raphaël Baroni

La finesse du modèle élaboré par la narratologie rhétorique pour décrire les publics se comprend plus facilement si on le replace dans un contexte plus large. Dans sa conception rhétorique du récit, James Phelan propose la définition de base suivante : « quelqu’un raconte à quelqu’un d’autre, à une occasion et dans un ou des buts donnés, que quelque chose est arrivé » (2018 : 48 ; voir aussi 1996). Cette définition oriente l’interprétation sur la manière dont la personne qui raconte utilise les ressources du récit (ses éléments fondamentaux étant l’intrigue, le personnage, la perspective, le temps et l’espace) afin de produire certains effets sur quelqu’un d’autre. Pour analyser ces effets, les chercheurs qui adoptent une perspective rhétorique se sont intéressés à différentes couches de la communication, en particulier aux couches affective, éthique, cognitive et thématique, afin de construire une représentation plausible de l’expérience de lecture. Lire la suite

Relatabilité / Relatability

Par Jan Baetens

On appelle relatable (le mot est un pur calque de l’anglais, le terme étant proprement intraduisible de manière littérale[1]) une personne, une situation ou un récit auquel on peut s’identifier, dont on se sent proche. Jusqu’à présent, le caractère de relatabilité n’a guère été pris en considération par les narratologies, en dépit de l’importance capitale de cette catégorie dans la création et, surtout, dans le succès ou l’échec des séries télévisées et, sans doute, de la littérature populaire en général, où le rapport personnel entre public réel et personnage fictif joue toujours un rôle de premier plan. Lire la suite

Introduction à l’étude des cultures numériques (annonce de parution)

Baroni, R. & C. Gunti, (dir.) (2020), Introduction à l’étude des cultures numériques. La transition numérique des médias, Paris, Armand Colin.

Notre culture est entrée il y a près de 50 ans dans l’ère numérique. Transformant ses techniques de production, ses canaux de diffusion et ses modes de  consommation, cette évolution a notamment redécoupé les frontières traditionnelles des arts et des médias. Premier ouvrage en français offrant un aussi vaste panorama de la mutation des productions artistiques depuis l’arrivée des technologies numériques, cette introduction à l’étude des cultures numériques est une synthèse qui vise non seulement à retracer l’évolution spécifique de différents médias (littérature, théâtre, bande dessinée, photographie, cinéma, télévision et jeux vidéo), mais aussi à envisager le phénomène de la convergence médiatique. Il s’agit enfin d’offrir un aperçu des principaux paradigmes (transfictionnalité, remédiatisation, interactivité, immersion, effets spéciaux, etc.) liés à l’essor des cultures numériques et de leur impact sur les formes narratives et fictionnelles, l’enseignement et la critique. Chaque chapitre est une porte d’entrée sur une problématique historique ou théorique très générale, tout en permettant un approfondissement ultérieur par le renvoi à une riche bibliographie.

URL de l’éditeur: https://www.armand-colin.com/introduction-letude-des-cultures-numeriques-la-transition-numerique-des-medias-9782200627980 Lire la suite

Le cerveau comme machine (annonce de parution)

Nous avons le plaisir de vous annoncer la parution du quatrième volume de la collection « Emprise de vue » chez l’éditeur Georg, Le Cerveau comme machine d’Olivier Caïra, sociologue spécialisé dans les théories de la fiction et du jeu de rôle. L’ouvrage, pensé dans la perspective d’une étude des représentations, élabore et examine une typologie des figures du génie à l’écran en traversant un très vaste corpus de productions cinématographiques et de séries télévisuelles de ces quarante dernières années, repérant récurrences et évolutions. Il comprend un grand nombre d’illustrations en couleur ainsi qu’une préface de Barry Levinson (Rain Man, 1988).

Olivier Caïra, Le Cerveau comme machine, Chêne-Bourg, Georg, coll. « Emprise de vue », 2020.

URL de l’éditeur: https://www.georg.ch/le-cerveau-comme-machine

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Rebuilding Story Worlds (annonce de parution)

Rebuilding Story Worlds propose la première étude complète de la série emblématique créée par François Schuiten et Benoît Peeters « Les Cités obscures ». Cet ouvrage explore à la fois les traditions artistiques dont la série est issue et les manières innovantes par lesquelles elle joue avec les genres (littéraires et sexués) et l’espace urbain. Jan Baetens, spécialiste de la bande dessinée, examine comment le travail de Schuiten, en tant que concepteur d’architecture, éclaire les préoccupations de la série en matière de préservation des bâtiments historiques. Il inclut également une interview originale de Peeters, qui révèle comment la théorie critique poststructuraliste a influencé leur construction d’un monde fictif rhizomatique, un monde qui a fait place à des contributions de fans par le biais du site web Alta Plana. Synthétisant les approches de pointe des études littéraires et visuelles, Rebuilding Story Worls donnera aux lecteurs une nouvelle appréciation de l’ingéniosité esthétique des « Cités obscures » et de sa conception nuancée de la politique.

Jan Baetens, Rebuilding Story Worlds. The Obscure Cities by Schuiten and Peeters, New Brunswick, Rutgers University Press, 2020.

URL de l’éditeur: https://www.rutgersuniversitypress.org/rebuilding-story-worlds/9781978808478 Lire la suite

Small Stories / Small Stories

Par Alexandra Georgakopoulou et Sylvie Patron

Le concept de small stories (« petites histoires », « petits récits », « micro-récits », aucune traduction n’est vraiment adéquate) a été introduit dans la discussion scientifique par Michael Bamberg et Alexandra Georgakopoulou (voir Bamberg 2004, 2007 [2006]; Georgakopoulou 2006a, 2007 [2006b], 2007; Bamberg et Georgakopoulou 2008). Il désigne « un ensemble d’activités narratives sous-représentées, comme les récits d’événements en cours, d’événements futurs et hypothétiques, d’événements partagés (connus), mais aussi les allusions à des récits, les récits différés ou encore les refus de raconter » (Georgakopoulou 2007 [2006b]: 122; 2007: vii; Bamberg & Georgakopoulou 2008: 381). Ces activités narratives sont sous-représentées ou ne sont pas considérées comme des récits dans l’analyse narrative traditionnelle héritée des travaux de William Labov et dans tous les travaux sur les récits de vie basés sur des entretiens de recherche. Le but de la small stories research est de déplacer l’attention, auparavant centrée sur les récits de soi, récits longs, pris en charge par un narrateur unique, consacrés à des événements passés non partagés, vers les récits souvent courts et fragmentés que l’on trouve dans les environnements interactionnels de tous les jours, et particulièrement aujourd’hui sur les réseaux sociaux. Les small stories se distinguent des big stories par leur contenu, peu développé et en apparence anodin, relevant de l’expérience quotidienne, mais aussi par leur structure: elles ne remplissent pas toujours les critères textuels identifiés pour le récit, peuvent porter non sur des événements passés mais sur des événements en cours ou situés dans un futur proche, contiennent généralement une action ou une « complication » minimales, sont co-construites par les participants (les interactions entre participants étant parfois plus importantes que les événements rapportés). Elles peuvent se dérouler dans des lieux et des contextes différents et ont un caractère incomplet et fragmentaire si on les analyse dans le cadre d’un seul événement de parole. Lire la suite