Linguistique textuelle / Text Linguistics

Par Jean-Michel Adam

La linguistique textuelle a une courte histoire et une longue tradition. (Nerlich & Clarke, 1999 : 37)

La présence, dans un glossaire de narratologie, d’une notice[1] consacrée à la linguistique textuelle (ci-après LT) peut surprendre mais l’émergence de ce courant de recherche est, dans les pays de langue française, inséparable des développements de la narratologie moderne.

Dans le sillage de la Morphologie du conte de Propp (1928, traduite en français en 1970), revue par Greimas (1966), Bremond (1973) et Larivaille (1974), et les travaux de Todorov (1969), le récit a été l’objet d’une véritable théorie partielle du texte centrée sur la question des schémas narratifs, des combinaisons de séquences narratives (Propp 1970, chapitre 9) et, avec Genette (1966), l’examen des frontières de la narration et de la description que théoriseront par la suite Philippe Hamon (1981), Adam et Petitjean (1989) et Françoise Revaz (1997). Pour ne prendre que quelques autres exemples, la théorie des plans d’énonciation de Benveniste (énonciation de discours vs énonciation historique) rebaptisée par Genette « récit / discours » (1966 : 61 sqq.) – comme il le regrette lui-même dans Nouveau discours du récit (1983 : 10) – est moins intéressante que l’analyse du passé simple comme « pierre d’angle du récit » (2002a : 189), par Barthes, dans Le degré zéro de l’écriture (1953 ; discutée par Banfield 1986 et par Adam 1994 : 233-254). La distinction entre plans de la Narration, de l’Histoire et du Récit (Genette 1972) correspond très exactement aux grands modules complémentaires du texte comme suite linéaire matérielle de phrases ou périodes prononcées ou écrites, verbales et/ou iconiques, comme construction sémantique d’un monde, plus ou moins pris en charge énonciativement par une voix narrative et des emboîtements de paroles et de points de vue que les travaux de Rabatel (2008) explorent en profondeur.

C’est peut-être le débat entre la sémiotique narrative de l’École de Paris et la linguistique du discours qui résume le mieux les liens entre les théories du récit et la LT. Alors qu’il vient de publier Maupassant. La sémiotique du texte : exercices pratiques (1976b), Greimas donne un entretien au collectif de la revue Pratiques : « Sémiotique narrative et textuelle. Entretien » (1976c). Il reconnaît que « Nous voilà parvenus à la forme actuelle des recherches qui, quel que soit le nom qu’on leur donne, portent sur les possibilités et les moyens de l’analyse des discours » (1976c : 6) et il ajoute, comme Todorov et Barthes à l’époque, qu’« on ne peut parler de textes littéraires que dans le cadre général de la théorie du discours » (1976c : 10). Il définit sa « linguistique discursive » comme une étude « des régularités et des principes d’organisation transphrastiques » (1976c : 6) qu’il fonde sur une sémantique élargie à tous les systèmes de signes et à laquelle il donne, pour cette raison, le nom de sémiotique. Il considère cette sémiotique comme textuelle : « La sémiotique postule […] que le texte est sa seule réalité, qu’il est son seul “référent” garantissant l’adéquation de ses constructions métalinguistiques » (1976c : 10). Poussé à prendre position sur les grammaires de textes et l’interphrastique, Greimas affirme suivre « avec sympathie les recherches en linguistique textuelle » (1976c : 7) mais il envisage une division du travail :

Il est naturel, il est heureux que des linguistes restent préoccupés […] par des problèmes d’enchaînement des phrases, en quête d’éléments – tels les anaphoriques et les déictiques – signalant et fondant la continuité discursive au niveau de la surface de texte. C’est un domaine légitime des recherches, parallèle à nos efforts d’établir, à un niveau plus profond, les principes et les règles de l’organisation narrative sous-jacente au déroulement des discours. (1976c : 7)

Dans son Maupassant, Greimas définissait le « plan isotope du discours » postulé dans Sémantique structurale (1966 : 71), en termes très proches de la LT :

L’existence du discours – et non d’une suite de phrases indépendantes – ne peut être affirmée que si l’on peut postuler à la totalité des phrases qui le constituent une isotopie commune, reconnaissable grâce à un faisceau de catégories linguistiques tout au long de son déroulement. Ainsi, nous sommes enclins à penser qu’un discours « logique » doit être supporté par un réseau d’anaphoriques qui, en se renvoyant d’une phrase à l’autre, garantissent sa permanence topique. (1976b : 28)

Il fondait ainsi la cohésion sur le concept transphrastique d’isotopie, largement développé par la suite par Rastier, qui en fera définitivement un concept textuel dans Sens et textualité (1989)[2]. Cependant, en mettant l’accent sur les structures profondes du sens (carré sémiotique, programmes narratifs, schéma actanciel) et en faisant du principe de narrativité le niveau profond et fondamental d’organisation du discours, la sémiotique narrative ne permettait pas de différencier un conte, d’une nouvelle de Maupassant, d’un roman de Bernanos ni même de la recette de la soupe au pistou:


Les discours philosophiques, juridiques, politiques, sans être précisément des « récits », possèdent une dimension narrative qui les organise. Les recherches actuelles que nous poursuivons en groupe […] tendent à montrer que tout discours est narratif ou plutôt que le terme de « narrativité », devenu trop général et impropre, recouvre en fait une organisation sémiotique du discours qui est sous-jacente à sa manifestation linguistique proprement dite. (Greimas 1976b: 8)

En prenant appui sur les travaux de Teun A. van Dijk et de János Petöfi, Michel Charolles (1976) a dessiné à grands traits, dans le même n°11/12 de Pratiques, un cadre de convergence entre grammaire de texte, théorie du discours et narrativité qui échappe à la trop grande généralité transphrastique de la sémiotique narrative. C’est l’italianiste Gérard Genot, dans une publication restée malheureusement confidentielle : Grammaire et récit. Essai de linguistique textuelle (1984), qui a présenté la première synthèse, en langue française, des grammaires de texte anglo-saxonnes et des théories structuralistes du récit. Cette synthèse est suivie par la première édition duTexte narratif (Adam 1985) et, surtout, par sa refonte (Adam 1994), destinée à mettre les propositions d’analyse des textes narratifs en accord avec le cadre théorique d’Éléments de linguistique textuelle (Adam 1990). Par la suite, cette évolution débouchera sur une approche des typologies de textes (Adam 1992/2017) qui s’oppose à l’élargissement progressif de la narrativité qui caractérise les travaux de l’École sémiotique de Paris.

Cette histoire moderne croisée de la LT et de la narratologie ne doit pas occulter de plus lointaines racines communes.

Une « longue tradition » en commun : l’héritage rhétorique et poétique

La LT plonge ses racines dans la tradition rhétorique. La Rhétorique d’Aristote aborde la question des différents genres d’exempla (récit factuel « historique » et récit fictionnel « inventé ») et de la place de la narratio dans la dispositio, en particulier du genre judiciaire (objet également du livre IV de l’Institution oratoire de Quintilien). Autant de questions que la LT redéfinira comme les niveaux méso-textuel des enchâssements de séquences et macro-textuel des plans de textes. Depuis la Poétique, « le passage du malheur au bonheur ou du bonheur au malheur à travers une série d’événements enchaînés selon la vraisemblance ou la nécessité » (Aristote, Poétique 51a6) constitue une base de narrativité qui garantit l’unité du tout et de ses parties :

L’histoire, qui est imitation d’action, doit être représentation d’une action une et qui forme un tout ; et les parties que constituent les faits doivent être agencées de telle sorte que, si l’une d’elles est déplacée ou supprimée, le tout soit troublé et bouleversé. Car ce dont l’adjonction ou la suppression n’a aucune conséquence visible n’est pas une partie du tout. (Aristote, Poétique 51a30)

Dans la Poétique, Aristote distingue, par ailleurs, la narrativité de l’épopée et la représentation mimétique de la parole dialoguée dans la tragédie, c’est-à-dire deux grandes formes de mise en texte qui peuvent être combinées dans un ensemble hétérogène (genre mixte insérant des dialogues dans la narration). Si la Rhétorique porte surtout sur l’argumentation, l’âge classique s’intéressera également à la description, à la poésie, à l’épistolaire et à la question des différents genres de récits (poétique, dramatique, historique, oratoire, fables et contes). Ainsi, par exemple, dans l’Essai sur le récit ou Entretiens sur la manière de raconter de l’Abbé Bérardier de Bataut (1776) et dans les Éléments de littérature de Marmontel (1787).

Dans le livre III de son Traité de l’art d’écrire (1803), avec le « tissu du discours », Condillac aborde une question de textualité plus générale : « Le tissu se forme, lorsque toutes les phrases construites par rapport à ce qui précède et à ce qui suit, tiennent les unes aux autres par les idées où l’on aperçoit une plus grande liaison » (2002 : 175). Quand les phrases « ne tiennent plus les unes aux autres […] il semble qu’à chacune je reprenne mon discours, sans m’occuper de ce que j’ai dit, ni de ce que je vais dire ». Consacré au « caractère du style, suivant les différents genres d’ouvrage », le Livre IV insiste sur la cohésion du tout et des parties. Les mêmes principes de cohésion thématique (d’action ou d’objet) et d’orientation graduée vers une fin valent de la phrase au texte, à tous les niveaux de composition :

Si l’ouvrage entier a un sujet et une fin, chaque chapitre a également l’un et l’autre, chaque article, chaque phrase. Il faut donc tenir la même conduite dans les détails. Par-là, l’ouvrage sera un dans son tout, un dans chaque partie, et tout y sera dans la plus grande liaison possible. (2002 : 212)

Condillac distingue l’unité d’action, potentiellement narrative, et l’unité d’objet, potentiellement argumentative et descriptive. Annonçant les distinctions typologiques assez généralement admises aujourd’hui, il identifie trois activités : « on raisonne, on narre, ou l’on décrit » (2002 : 214) correspondant à trois grands « genres d’ouvrages » : le didactique, la narration et les descriptions.

On assiste, dans les années 1950-70, à un retour raisonné des questions posées par la rhétorique. Le modèle de l’argumentation de Stephen E. Toulmin (1958) est contemporain du développement, à Bruxelles, de la « Nouvelle rhétorique » de Chaïm Perelman et Lucie Olbrechts-Tyteca (1958). En 1966, dans « Introduction à l’analyse structurale des récits », article fondateur de la narratologie moderne, Roland Barthes appelle de ses vœux l’émergence d’une linguistique transphrastique qu’il situe dans la filiation de la rhétorique : « […] au-delà de la phrase et quoique composé uniquement de phrases, le discours doit être naturellement l’objet d’une seconde linguistique. Cette linguistique du discours, elle a eu pendant très longtemps un nom glorieux : la Rhétorique » (2002b : 831). « L’ancienne rhétorique. Aide-mémoire » (Barthes 1970) confirme cette filiation et tranche, par rapport à la rhétorique restreinte de l’époque, en ne limitant plus la rhétorique à la question des figures et des tropes (Adam 2002 : 27-32). Il insiste, la même année, en dessinant un programme de théorisation des différents niveaux de textualisation : « […] Aristote et ses successeurs […] ont tenté de diviser le discours (non mimétique) en unités de taille croissante, de la phrase aux grandes parties de la dispositio, en passant par la période et le “morceau” (ekphrasis, descriptio) » (2002c : 613). Pour Barthes, le cadre de la « translinguistique des textes, des œuvres » et la « linguistique du discours » de Benveniste (1969) étaient un moyen de reprendre à neuf les questions posées par l’ancienne rhétorique. Àron Kibédi Varga ira dans le même sens en fixant, dans Rhétorique et littérature (1970) et dans « Les déterminants du texte », un programme de travail : « L’adaptation de la rhétorique classique, qui pourrait servir de base à une théorie du texte, est donc une tâche urgente » (1982 : 10). C’est surtout à travers les théories de l’argumentation que cette « adaptation » va se faire, au seuil des années 1980, avec l’École de Bruxelles (Meyer, Dominicy, Danblon, à la suite de Perelman) et, en Suisse, avec les travaux du Centre de recherches sémiologique de l’université de Neuchâtel (Grize 1984 ; Borel, Grize & Miéville 1983). La théorie de l’argumentation entrera ainsi en dialogue avec les linguistiques du texte et du discours (Adam 2004).

Pour cerner les formations discursives de Foucault, Denise Maldidier et Régine Robin recourent un temps, en 1977, au concept de « formations rhétorique », accomplissant ponctuellement le programme fixé par Barthes et Kibédi Varga. Dans ce magistral exemple d’analyse de discours, elles saisissent le fonctionnement idéologique des formes dans la textualité même de trois genres journalistiques (le reportage, le commentaire et l’éditorial), doublement et méthodiquement comparés entre eux et dans quatre quotidiens parisiens : Le Figaro, L’Aurore, Combat et L’Humanité des 28 et 29 mai 1968. La définition qu’elles donnent alors de ces « formes rhétoriques » correspond à celle que nous donnons aujourd’hui des genres discursifs : « ensemble des contraintes qui régissent la dispositio, les stéréotypes, les figures, les mécanismes énonciatifs, etc. » (Maldidier & Robin 1977 : 22).

En revanche, en dépit de questionnements proches, LT et narratologie se développent parallèlement avec de rares croisements autour d’études de cas. En témoignent les travaux classiques cités plus haut et, pour ne prendre que deux références majeures de la narratologie contemporaine, aussi bien les travaux de Banfield (1995, 2002) que de Kuroda (2012), plus proches des linguistiques phrastiques, de la stylistique et de la philosophie du langage que de la LT. Cette dernière est – comme la psycholinguistique textuelle (Coirier et al. 1996) – si superbement ignorée dans les travaux relevant des théories poétiques de la narration qu’il est nécessaire d’en retracer la « courte histoire ».

Repères pour une « courte histoire » de la LT

Dans ses Prolégomènes à une théorie du langage, le grand linguiste danois Louis Hjelmslev est, en 1943, un des premiers à affirmer que : « […] le fait linguistique immédiat n’est pas la langue mais le texte, c’est seulement à travers l’analyse du texte que l’on apprend à connaître la langue » (1971 : 188). Idée que l’on retrouvera chez Halliday, pour qui l’unité de base n’est pas le mot ni seulement la phrase, mais le texte (1970 : 160), ou de Beaugrande & Dressler (1981), qui partent du fait qu’on ne s’exprime pas par phrase mais par texte et font dutexte l’élément fondamental du langage. Harris identifie bien, dès 1952, le « premier problème » qui se pose à toutes les théories du texte et du discours : le fait que la linguistique descriptive se limite à la phrase et bute sur les frontières phrastiques[3].

Pour qu’émerge la désignation d’une nouvelle branche de la linguistique et sa désignation comme LT, il a fallu attendre Coseriu et Weinrich.

Dans « Determinación y entorno. Dos problemas de una lingüística del hablar » (1955-1956 traduit en 2001), Eugenio Coseriu introduit le terme « linguistique du texte » qu’il situe dans le prolongement de la stylistique des textes littéraires. Il distingue trois niveaux ou « compétences » complémentaires et relativement autonomes : le niveau universel de l’activité de parler, le niveau idiomatique historique des langues et le niveau de l’activité de parler au plan particulier ou niveau des textes. Coseriu justifie l’autonomie de ce niveau et de la LT par le fait qu’il existe une classe de contenu qui est proprement un contenu textuel ou contenu donné à travers les textes, contenu qui n’est pas accessible compositionnellement, par addition du sens des mots et des phrases qui le composent. Par ailleurs, il établit une distinction entre grammaire transphrastique et linguistique du texte. La première prolonge la syntaxe de la phrase et a pour objet le texte en tant que niveau de structuration idiomatique (connecteurs et organisateurs des différentes langues, systèmes pronominaux, temps verbaux, etc.). Cette science auxiliaire ne peut prétendre au statut de science du texte, car elle n’a pour tâche ni « le texte comme organisation supra-idiomatique des actes linguistiques », ni la description « des classes de textes et de genres comme le récit, le rapport, l’histoire drôle, l’ode, le drame, la nouvelle » (Coseriu 2007 : 128). Telle est, en revanche, la tâche qu’il assigne à la LT et le lieu où la LT retrouve le récit.

Harald Weinrich, qui a introduit le terme Textlinguistik dans ses études de la syntaxe des articles (1969 & 1971), développe, dans Tempus (1964), une théorie énonciative de la distribution réticulaire des temps verbaux dans les textes. Les limites de sa distinction entre Besprochen Welt (Monde commenté) et Erzählte Welt (Monde raconté) et la concurrence, en France, de la théorie énonciative et discursive de Benveniste (voir à ce propos Simonin-Grumbach 1977) a occulté le double intérêt des travaux de Weinrich : avoir mis en avant les « relations d’interdépendance » qui font d’un texte un « réseau de déterminations » (1973 : 174) et, portant l’analyse linguistique au rang du texte, en avoir fait le véritable objet de la linguistique, comme l’a réaffirmé Rastier (1989).

Tout en regrettant, que les propositions de Coseriu soient passées quasiment inaperçues, De Beaugrande & Dressler (1981) font fort justement remonter les origines de la LT à la théorie ethno-anthropologie du langage de Malinowski, développée dans Les Argonautes du Pacifique (1922/1963) et à la fin des Jardins de corail (1935/1974). Pour le fondateur de l’anthropologie moderne, comme pour Bakhtine (1984) et Vološinov (1929), « le fait linguistique véritable est l’énoncé complet en situation » (Malinowski 1974 : 246). La langue des Trobriandais n’est observable que dans des genres discursifs comme les formules magiques, exorcismes, malédictions, bénédictions, prières, ordres et tout particulièrement les différentes formes de récits. Cette prise de position relative à l’unité d’analyse linguistique se retrouvera dans la définition fonctionnaliste du texte de Halliday & Hasan : « L’unité qu’il possède est une unité de sens dans le contexte, une texture qui exprime le fait qu’il se rapporte dans son ensemble à l’environnement dans lequel il est placé » (1976 : 293), et dans la façon dont William Labov mobilise, dans sa description du Black English Vernacular, non seulement le cadre générique des insultes rituelles (1972), mais surtout celui du récit oral (Labov & Waletzky 1967).

La linguistique interphrastique émerge avec les travaux pragois de Mathesius (1939) sur l’ordre des mots et sa distinction, à côté de la structure grammaticale et du niveau sémantique, d’un plan de l’articulation actuelle de la phrase en point de départ (thème) et noyau de l’énoncé (rhème). Avec la notion de dynamisme communicatif Firbas (1964) théorise l’importance informationnelle de ces différents segments de l’énoncé et il traduit l’articulation actuelle de la phrase par Functional Sentence Perspective qui deviendra le terme usuel. C’est avec Daneš que l’organisation thématico-rhématique des énoncés est mise en rapport avec la textualité : il développe une analyse transphrastique du rôle du thème dans « l’organisation des énoncés » et fournit des représentations, sous forme de « structures abstraites », des différents types de progressions thématiques (1978 & 1989). L’importance de ces travaux a été très tôt reconnue par Halliday (1967-68) et Kuno (1972). L’article de Daneš 1974 sur « la perspective fonctionnelle de la phrase et l’organisation du texte » a été connu en France grâce à Slakta (1975), Adam (1978) et Combettes (1978). Ce dernier a appliqué ces propositions à l’analyse de récits d’enfants, avant de consacrer à la progression thématique en général un livre au titre programmatique : Pour une linguistique textuelle (1983).[4] Même chose avec le livre de Carter-Thomas La cohérence textuelle (2000) qui prend très largement appui sur le modèle des différents types de progressions thématiques pour développer une « nouvelle pédagogie de l’écrit ».

À côté des travaux pragois, sur le modèle des grammaires de phrases, des Grammaires de texte se sont développées dans les pays de langue allemande, avec l’ambition de décrire et de produire tous les textes bien formés de toutes les langues (Isenberg 1970 & 1971, Petöfi & Reiser 1973, Werlich 1976, Reiser 1978). À ces grammaires générales du texte sont venues s’ajouter des typologies de textes spécifiques (Gülich & Raible 1972 & 1975, Werlich 1975, Isenberg 1978, Franke 1987) opposant Texttypen (types de textes), Textsorten (genres de textes) et Gattungen (genres littéraires). C’est contre le caractère massif et trop général de ces typologies qu’a été développée la théorie des séquences textuelles (Adam 1992 [20174]). Théorie de l’hétérogénéité compositionnelle des textes que complète la prise en compte des genres de discours (Adam 1997, Adam & Heidmann 2004, 2006) et des genres textuels comme, par exemple les genres de récits (Adam 2011).

La nécessaire théorisation des textualités scripturales, orales et numériques a élargi le champ de la LT à ce que Petöfi a appelé la Textologie sémiotique (1975). Le linguiste hongrois est connu pour sa très formelle et ambitieuse théorie de la structure textuelle et de la structure du monde (Text-Struktur Welt-Struktur Theorie (TeSWeST) dont une version a été exposée par la linguiste polonaise Irina Bellert (1970), dans « On a Condition of the Coherence of Texts », article dont Ruwet (1975) a été un des premiers à souligner l’importance : les contraintes qui font qu’une suite de phrases constitue un discours cohérent ne sont pas seulement d’ordre linguistique, mais aussi d’ordre pragmatique, en faisant intervenir les connaissances du monde et l’activité inférentielle des sujets parlants : « l’inférence se fait chaque fois qu’il y a une discontinuité spécifique à combler » (de Beaugrande 1981 : 297). Des propriétés linguistico-cognitives permettent aux sujets parlants d’une culture donnée d’effectuer de façon convergente un jugement textuel d’acceptabilité : texte vs non-texte. De nombreuses expériences psycho-cognitives ont surtout insisté sur le jugement typologique : récit vs non-récit, relativement uniforme à partir de l’âge de 12 ans pour les sujets appartenant à une même culture narrative (Denhière 1984 & Fayol 1985).

L’exemple du parcours de Teun A. van Dijk

Dans les années 1970-80, les travaux de Teun A. van Dijk ont accompagné le passage des grammaires de texte (van Dijk 1972a) aux approches psycho-cognitives, centrées sur la lecture et le jugement de textualité, avant de s’inscrire dans le champ de la Critical Discourse Analysis dont il est, avec Fairclough (1989, 2003), un des représentants majeurs. Les titres des premiers articles de van Dijk, écrits en français, donnent une idée de son cadre théorique de départ et de son ouverture en direction de la narratologie et des études littéraires : « Aspects d’une Théorie Générative du Texte Poétique » (1972b), « Modèles génératifs en théorie littéraire » (1973a), « Grammaires textuelles et structures narratives » (1973b). Le virage psycho-cognitif de ses travaux transparaît dans « Comment on se rappelle et on résume des histoires » (Kintsch & van Dijk 1970) et « Attitudes et compréhension de textes » (van Dijk 1981-82). Son passage à l’Analyse Critique du Discours est sensible dès « Les textes de l’enfermement. Vers une sociologie critique du texte » (1979).

Introducteur majeur de la LT en France, van Dijk a écrit trois grands articles de synthèse de sa théorie cognitive du texte et du discours dans Théorie de la littérature, ouvrage édité par Kibédi Varga (van Dijk 1981b : 63-93), dans le Dictionnaire des littératures de langue française dirigé par de Beaumarchais, Couty et Rey (van Dijk 1984 : 2281-2289), et dans un volume destiné à l’enseignementdu français « Études du discours et enseignement » (van Dijk 1981a : 11-81).

Le linguiste néerlandais a mis le doigt sur une question essentielle pour la LT : « La différence avec les grammaires phrastiques, cependant, est que les dérivations ne se terminent pas par des phrases simples ou complexes, mais par des n-tuples ordonnés de phrases (n 1), c’est-à-dire par des SEQUENCES» (1973c : 19). Un texte n’est effectivement ni « une file de phrases » (« a string of sentences », Halliday & Hasan 1976 : 293), ni une suite informe « de mots ou phrases errants » (« stray words or sentences », Harris 1952 : 3). Le langage apparaît dans des discours connexes et des portions connexes d’énoncés : « il peut y avoir des sections successives du texte, chacune d’entre elles contenant ses propres classes d’équivalence différentes de celles des autres sections. Il peut s’agir de sous-textes semblables à des paragraphes ou des chapitres à l’intérieur du texte principal » (Harris 1952 : 13-14). Harris ne se donnait toutefois pas les moyens de traiter ces groupements de phrases ou de périodes car sa méthode d’établissement des classes d’équivalence d’un texte par attention aux vocables répétés et aux collocations privilégie les liens transphrastiques au détriment des relations de continuité/discontinuité des suites interphrastiques. C’est précisément à la théorisation de ces groupements séquentiels que s’attache van Dijk quand il distingue, à propos du problème du paragraphe (1981c), un « niveau médian » situé « entre les unités de la clause ou phrase […] et l’unité du texte, du discours, ou de la conversation comme tout […] ». Ce n’était pas nouveau car, en 1968 déjà, Longacre distinguait les trois niveaux structurels du discours, du paragraphe et de la phrase et il parlait d’un paragraph level (voir Adam 2018). On retrouve le récit avec la thèse d’Arabyan sur Le paragraphe narratif (1985).

Conclusion

Ce rapide survol montre les nombreux liens historiques qui peuvent être tissés entre linguistique textuelle et narratologie, mais aussi les différences fondamentales entre ces deux approches. La LT partage avec la narratologie le souci de théoriser les formes narratives, aussi bien dans leur dimension textuelle que sur un plan sémantique et énonciatif, générique et pragmatique. Par ailleurs, elle a trouvé dans les approches des narratologues structuralistes des années 1960-1970 des points de convergence importants, notamment quand ces travaux se sont donné pour tâche de construire les fondements d’une « seconde linguistique » dont l’objet était le discours et non la phrase (Benveniste 1969 et Barthes 2002b : 831). A bien des égards, ainsi que l’explique John Pier (2011), après le reflux de la narratologie structuraliste, la recherche francophone visant la théorisation du récit s’est essentiellement poursuivie dans les domaines de la LT et de la linguistique énonciative (Rabatel 2008, en particulier). En revanche, la LT ne se limite pas à l’étude et à la théorisation des récits, mais elle s’inscrit dans le projet beaucoup plus général d’une linguistique textuelle articulée à l’analyse des discours.

La théorie narrative a beaucoup profité du développement de la LT, en particulier pour mieux rendre compte de l’hétérogénéité compositionnelle des récits (les séquences narratives alternant et/ou s’imbriquant avec d’autres séquences textuelles : description, argumentation, explication, dialogue) (Baroni 2020), pour fonder une approche du récit en termes de degrés de narrativité (Revaz 2009) et, plus généralement, pour mieux articuler les concepts narratologiques avec leur matérialisation verbale aux niveaux local (micro-textuel), global (macro-textuel) et médian (méso-textuel), ainsi que les enjeux énonciatifs et discursifs des différents genres de récits.[5]

Références bibliographiques

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Notes

[1] En raison de la diversité des nombreux courants qui traversent la LT et de son histoire largement internationale, la présente notice adopte une visée encyclopédique. On trouvera des explicitations des concepts techniques ici mentionnés et des analyses de récits dans Le Texte narratif (1994) et dans deux notices de l’Encyclopédie Grammaticale du Français : « La notion de Texte » : http://www.encyclogram.fr/notx/026/026_Notice.php et « La notion de Paragraphe » : http://www.encyclogram.fr/notx/039/039_Notice.php.

[2] Pour une application à des récits, voir Adam (1994 : 194-206).

[3] « The first problem arises because descriptive linguistics generally stops at sentence boundaries » (1952 : 1).

[4] Pour une application à un récit oral et une rédaction scolaire, voir Adam (1994 : 123-136).

[5] Merci à Raphaël Baroni pour sa relecture attentive, ses conseils et remarques précises, en particulier pour garantir le dialogue avec les autres notices du glossaire.

Pour citer cet article

Jean-Michel Adam « Linguistique textuelle / Textual Linguistics », Glossaire du RéNaF, mis en ligne le 12 octobre 2022, URL: https://wp.unil.ch/narratologie/2022/10/linguistique-textuelle-text-linguistics/