« Tout le monde est charlatan. Les écoles, les académies, les compagnies les plus graves ressemblent à l’apothicaire Arnoud ». Lorsque Voltaire écrit ces lignes en 1768, cela fait un siècle que le mot charlatan possède le sens figuré de « trompeur, manipulateur », tout en conservant son sens initial qui renvoie à une pratique non académique de la médecine.
Qu’il soit faux médecin ou imposteur quelconque, le charlatan a partie liée avec la mise en scène de soi et l’usage d’une parole artificieuse. L’arracheur de dents ou le vendeur de drogues s’entourent de farceurs et de musiciens : l’empirisme médical est un spectacle. La charlatanerie métaphorique rencontre aussi le jeu et le dédoublement de l’être : faux savant ou faux dévot, faux prophète ou faux héros, les mystificateurs en tous genres sont des comédiens.
Du théâtre du Moyen Âge aux estampes révolutionnaires, ce volume codirigé par Jennifer Ruimi (Section de français), en réunissant des contributions pluridisciplinaires portant notamment sur Molière, Favart ou Casanova, entend cerner la réalité ambivalente du charlatan.
Beya Dhraïef, Éric Négrel, Jennifer Ruimi (dir.), Théâtre et charlatans dans l’Europe moderne, Paris, Presses de la Sorbonne Nouvelle, 2018.