En prenant le contre-pied du postulat, encore dominant dans les départements de littérature et les programmes de l’école publique, que les interprétations « savantes » des récits littéraires prennent leurs distances avec certains phénomènes relatifs à la pratique « ordinaire » de la lecture (implication affective dans l’histoire, croyance en l’existence des personnages), le présent essai d’Aurélien Maignant (Section de français) fait l’hypothèse que la distinction entre lecture « ordinaire » et lecture « savante » est largement caduque.
En effet, aucun discours porté sur une fiction ne peut s’empêcher de proposer une version alternative du monde raconté, version à laquelle il fait semblant de croire. Chaque interprète se situe discursivement dans une position comparable à celle des personnages, non pas en habitant directement la fiction, mais, indirectement, en la cohabitant. D’Edgar Allan Poe au marquis de Sade, en passant par Horace, cet ouvrage s’interroge sur les univers de croyances comme mises en jeu du monde.
On retrouvera la postface de Marc Escola et un extrait de cet essai dans l’Atelier de théorie littéraire du site Fabula.
Aurélien Maignant, Cohabiter la fiction. Lecture ordinaire, univers de croyances et interprétation des mondes littéraires, postface de Marc Escola, Lausanne, Archipel, vol. 28, coll. « Essais », 2020.