Le récit d’Agatha Christie Ils étaient dix (Livre de Poche jeunesse, 2020), étant focalisé sur plusieurs personnages, notamment en présentant leur point de vue, contient des enjeux de compréhension nécessitant un travail sur la perspective narrative. En effet, le point de vue interne, fréquent dans le récit, permet à la fois d’accéder au passé des personnages (ils se souviennent d’événements, souvent par bribes) ainsi qu’à certains de leurs mensonges (ils ne disent pas ce qu’ils pensent). C’est en identifiant le point de vue utilisé que le·a lecteur·rice comprend être dans la tête d’un des personnages. C’est de cette manière qu’on va alors pouvoir identifier quels personnages sont coupables des crimes dont ils sont accusés et également considérer leurs réactions face aux accusations portées à leur encontre, ce qui se traduit souvent par le mensonge. La mise en intrigue du récit repose donc en grande partie sur l’utilisation du point de vue interne, permettant au lecteur de découvrir petit à petit le passé des personnages tout en observant l’évolution de comportements oscillant entre mensonge et acceptation de la réalité.
Propositions d’activités
Dans cette partie, deux types d’activités sont proposés, l’un concernant le début du récit consacré à la présentation des personnages, l’autre le moment où les personnages sont amenés à réagir suite à l’accusation des meurtres portée à leur encontre. Ces activités doivent permettre aux élèves de repérer des énoncés en point du vue interne à l’aide d’indices textuels (verbes de perception). Toutes deux focalisent le travail sur le récit verbal, mais proposent également aux élèves d’observer comment le point de vue est traité par d’autres médias (mini-série, BD) de façon à mieux comprendre son fonctionnement (Baroni, 2023).
La première activité (présentation des personnages) vise à permettre aux élèves d’accéder aux diverses informations données en point de vue interne. Celles-ci, en tant que pensées des personnages, sont souvent allusives et concernent principalement le passé des personnages, la réputation de l’île du Soldat ainsi que leur invitation sur l’île. L’activité est centrée uniquement sur le personnage de Vera.
La deuxième activité (réactions des personnages) a pour but de mettre en lien les paroles des personnages (point de vue externe) et leurs pensées (point de vue interne) pour comprendre la nature de leurs réactions après qu’ils ont été accusés de meurtre, notamment pour identifier les moments où ils mentent. L’activité est centrée sur plusieurs personnages (Lombard, les Rogers, Armstrong et Vera). Les activités consistent en des questions (avec propositions de réponses) portant sur des extraits des divers médias convoqués.
Activité 1 : présentation des personnages
Extrait de texte concerné:
Dans le compartiment de troisième classe qu’elle partageait avec cinq autres voyageurs, Vera Claythorne appuya la tête contre le dossier et ferma les yeux. Qu’est-ce qu’il pouvait faire chaud dans ce train ! Elle serait bien contente d’arriver au bord de la mer ! Une véritable aubaine d’avoir décroché ce job … Quand on cherchait un emploi pour l’été, on se retrouvait neuf fois sur dix à surveiller une ribambelle de gamins ; dénicher un poste de secrétaire pour la période des vacances était beaucoup plus compliqué. Même à l’agence, on ne lui avait laissé guère d’espoir.
Et puis la lettre était arrivée.
L’Agence de la Professionnelle Qualifiée m’a communiqué votre nom et vous a recommandée à moi. Si j’ai bien compris, ils vous connaissent personnellement. Je vous verserai volontiers le salaire que vous demandez, étant entendu que vous entrerez en fonction le 8 août. Le train part de Paddington à 12h40 et on vous attendra à la gare d’Oakbridge.
Ci-joint cinq billets d’une livre pour vos frais.
Meilleurs sentiments, Alvina Nancy O’Nyme
L’adresse figurait en haut : île du Soldat, Sticklehaven, Devon…
L’île du Soldat ! Mais les journaux n’avaient parlé que de ça, dernièrement ! Toutes sortes de bruits et de ragots fascinants circulaient sur elle. Sans doute faux, pour la plupart. Une chose était sûre : la maison avait été construite par un milliardaire et était, paraît-il, le fin du fin en matière de luxe.
Fatiguée par un trimestre scolaire éprouvant, Vera Claythorne pensa : «Professeur de gymnastique dans une école de troisième zone, ce n’est pas la gloire… Si seulement je pouvais me faire embaucher dans un établissement correct!»
Puis, avec un petit froid au cœur : «Mais j’ai déjà eu de la chance de trouver cet emploi. Après tout, une enquête judiciaire, ça fait toujours mauvais effet, même si le coroner a prononcé un non-lieu en ma faveur!»
Il l’avait même félicitée pour sa présence d’esprit et son courage. Vu les circonstances, ça n’aurait pas pu se passer mieux. Et Mme Hamilton avait été la bonté même. Seul Hugo… mais elle ne voulait pas penser à Hugo !
Soudain, malgré la chaleur du compartiment, elle frissonna et se prit à regretter d’aller à la mer. Une image distincte s’imposa à son esprit : Cyril qui nageait vers le rocher, sa tête tressautant de haut en bas comme un bouchon… De haut en bas – de haut en bas… Et elle qui nageait pour le rattraper, qui fendait l’eau à grandes brasses maîtrisées, sachant pertinemment qu’elle n’arriverait pas à temps…
La mer… d’un bleu chaud et profond… les matinées passées à lézarder sur la plage… Hugo… Hugo qui lui avait dit qu’il l’aimait…
Elle ne devait pas penser à Hugo.
Elle rouvrit les yeux et, sourcils froncés, regarda l’homme assis en face d’elle. Un grand type au visage boucané, aux yeux clairs assez rapprochés, à la bouche arrogante, presque cruelle.
«Je parie qu’il a roulé sa bosse dans des contrées intéressantes et qu’il y a vu des choses non moins intéressantes…»
A. Christie, Ils étaient dix, partie 2, p. 13-15.
Questions avec propositions de réponses:
1. Quelle phrase permet de comprendre que nous accédons aux pensées de Vera ?
Vera […] ferma les yeux (l. 2).
2. A quoi Vera pense-t-elle ? Souligne les bonnes réponses et justifie pourquoi certains éléments ne font pas partie des pensées de Vera.
- une enquête judiciaire liée à un meurtre
- les cinq autres voyageurs
- son nouveau poste de secrétaire et la lettre de Mme Alvina Nancy O’Nyme qui l’engage
- la mer
- Hugo
- un grand type boucané
Les cinq autres voyageurs : cela se trouve avant « ferma les yeux » donc on n’a pas encore accès aux pensées de Vera.
Un grand type boucané : Vera a rouvert les yeux avant (l. 37), ce qui marque qu’elle est sortie de ses pensées.
3. Quelle est l’image qui se forme dans la tête de Vera ? Recopie le passage du texte.
« Cyril qui nageait vers le rocher, sa tête tressautant de haut en bas comme un bouchon » (l. 30-31) = le passage est en italique et montre qu’il s’agit de l’image précitée.
4. Qu’est-il arrivé à Cyril ?
Cyril est en train de se noyer et Vera essaie de le sauver (prendre en compte l. 30-33).
5. Qui est Hugo ?
Un homme avec qui Vera a passé du temps à la mer et qui disait l’aimer.
6. Voici le début d’une série racontant la même histoire.
- Dans la tête de quel personnage se trouve-t-on et comment le sait-on ?
- De Vera car, après un moment, il y a un plan sur ses yeux, ce qui montre que c’est un souvenir.
- Qui est le personnage qu’elle tient par la main ? Comment le sait-on ?
- Cyril, car on entend Vera l’appeler
- S’agit-il d’un souvenir heureux ou pas ? Comment le sait-on ?
- C’est ambigu, car les images montrent un endroit et une relation paisibles, mais le visage crispé de Vera, qui se souvient, ainsi que la bande-sonore (cris appelant Cyril, musique dramatique) révèlent autre chose.
Activité 2 : accusations et réactions des personnages (chapitres 3-6)
a) Extraits de texte avec questions et propositions de réponses
a1) Lombard
Lombard prit la suite, une lueur amuse dans le regard :
— A propos de ces indigènes….
— Oui, au fait ? dit Marston.
— C’est la pure vérité ! Je les ai lâchés ! Question de survie. Nous étions perdus dans la brousse. Moi et deux autres gars, nous avons pris la nourriture qui restait et nous avons levé le camp.
chapitre 3, partie II, p. 72.
- Comment réagit Lombard suite aux accusations faites contre lui ?
- Il dit avoir laissé mourir des indigènes, de ses hommes, pour sauver sa peau.
a2) Rogers
Le majordome s’éclaircit la gorge et humecta à nouveau ses lèvres sèches :
chapitre 3, partie III, p. 74.
— On a parlé de moi et de Mrs Rogers, monsieur. Et de Mlle Brady. Il n’y a pas un mot de vrai là-dedans, monsieur. Ma femme et moi, nous sommes restés avec Mlle Brady jusqu’à sa mort. Elle avait toujours eu une mauvaise santé, monsieur, déjà à l’époque où nous sommes entrés à son service. Il y avait un orage, cette nuit-là, monsieur… la nuit où elle a eu son malaise. Le téléphone était en dérangement. On ne pouvait pas appeler le médecin, alors je suis parti le chercher à pied, monsieur. Mais quand il est arrivé, il était trop tard. Nous avons fait l’impossible pour elle, monsieur. Nous lui étions dévoués, ça oui. Tout le monde pourra vous le dire. Personne ne nous a jamais rien reproché. Personne.
- Comment réagit Rogers suite aux accusations faites contre lui et sa femme ?
- Rogers dit qu’ils s’occupaient de Mlle Brady et qu’elle a eu un malaise un soir d’orage, donc ils n’ont pas pu appeler le médecin.
a3) Armstrong
Très maître de lui, le Dr Armstrong secoua la tête avec bonne humeur :
— Je nage en plein brouillard. Le nom qui a été prononcé ne me dit absolument rien. C’était quoi, déjà – Clees ? Close ? Je ne me rappelle vraiment pas avoir eu un patient de ce nom-là, ni avoir causé – directement ou indirectement – la mort de quelqu’un. Cette histoire est pour moi un mystère total. Il est vrai que ça ne date pas d’hier. Il pourrait s’agir d’un des malades que j’ai opérés à l’hôpital. Ceux-là, ils arrivent souvent trop tard. Et quand le patient meurt, on considère toujours que c’est la faute du chirurgien.
Il secoua la tête en soupirant.
« Ivre, voilà la vérité : j’étais ivre, se dit-il Et j’ai opéré quand même ! J’avais les nerfs en capilotade… les mains tremblantes. Je l’ai bel et bien tuée, la malheureuse… une femme d’un certain âge… une intervention bénigne, si j’avais été à jeun. Encore heureux qu’on se tienne les coudes dans notre profession. L’infirmière savait, évidemment… mais elle a tenu sa langue. Seigneur, le choc que ça m’a fait ! Un choc salutaire. Mais qui peut bien être au courant de cette histoire… après tant d’années ? »
chapitre 3, partie II p. 76.
- Comment réagit Armstrong suite aux accusations faites contre lui ?
- Il dit qu’il ne se souvient pas du nom donné par la voix et qu’il pourrait s’agir d’un patient qu’il a opéré. Par contre, il se dit qu’il a bien tué cette patiente car il était ivre.
- Lequel de ces trois personnages (Lombard, Rogers, Armstrong) ment ? Justifie.
- Armstrong, car il dit être innocent, mais lorsqu’on a accès à ses pensées, on comprend qu’il ment et a opéré cette femme qui est morte sur la table d’opération en étant ivre.
- Lequel de ces trois personnages (Lombard, Rogers, Armstrong) dit probablement la vérité ? Justifie.
- Lombard, car il avoue avoir commis le meurtre dont il est accusé, contrairement à Rogers.
a4) Le rêve d’Armstrong
Le Dr Armstrong rêvait…
Il faisait très chaud dans la salle d’opération…
Pas possible, ils avaient mal réglé le thermostat ! La sueur dégoulinait sur son visage. Ses paumes étaient moites. Pas commode de tenir le bistouri d’une main ferme…
Superbement aiguisée cette lame…
Facile de commettre un meurtre avec un instrument pareil. D’ailleurs, il commettait un meurtre…
Le corps de la femme paraissait différent. A l’époque, ç’avait été un corps massif, difficile à manier. Celui-ci était squelettique. Et le visage était caché.
Mais qui était sur le billard ?
Il n’arrivait pas à s’en souvenir. Pourtant, il fallait qu’il le sache ! S’il demandait à l’infirmière ?
L’infirmière l’observait. Non, il ne pouvait pas le lui poser la question. Elle était soupçonneuse, ça se voyait.
Mais qui était sur le billard ?
On n’aurait pas dû lui couvrir ainsi le visage…
Si seulement il pouvait le voir, ce visage…
Ah ! Ça allait mieux. Une jeune interne venait d’ôter le mouchoir.
Emily Brent. Bien sûr ! C’était Emily Brent qu’il devait tuer. Quelle méchanceté dans son regard ! Ses lèvres remuaient. Que disait-elle ?
« Au printemps de la vie nous sommes déjà dans la mort… »
Elle riait, à présent. Non, mademoiselle, ne remettez pas le mouchoir ! Il faut que j’y voie. Il faut que je fasse l’anesthésie. Où est l’éther ? J’ai dû l’apporter avec moi. Qu’avez-vous fait de l’éther, mademoiselle ?… Du châteauneuf-du-pape ? Oui, cela fera aussi bien l’affaire.
Retirez le mouchoir, mademoiselle.
Évidemment ! Je le savais depuis le début ! C’est Anthony Marston ! Il a le visage violacé, convulsé. Mais il n’est pas mort… il rit. Je vous dis qu’il rit ! Il en fait trembler la table d’opération.
Du calme, mon vieux, du calme. Mademoiselle, calez la table… calez-la…
Le Dr Armstrong se réveilla en sursaut. Il faisait jour. Le soleil inondait sa chambre.
Et quelqu’un était penché sur lui… le secouait. C’était Rogers. Rogers, blême, qui disait :
— Docteur… docteur !
Le Dr Armstrong se réveilla tout à fait.
chapitre 6, partie I, p. 93-95.
- Dans la tête de quel personnage se retrouve-t-on en début de chapitre ?
- Armstrong
- Identifie le verbe introducteur, qui permet de comprendre que le point de vue est interne.
- Rêver (« Le Dr Armstrong rêvait… », l. 1)
- Comment expliquer ce qui se passe dans sa tête ?
- Il fait un cauchemar en lien avec le crime qu’il a commis (il a tué une femme en l’opérant alors qu’il était ivre), mais aussi en lien avec ceux qu’il suspecte d’être des meurtriers (Miss Brent, Marston).
Pour aller plus loin: quels éléments textuels montrent qu’il s’agit d’un rêve ?
- Les phrases nominales, les questionnements, les exclamations, les points de suspension avec un passage en discours indirect, puis direct libre (l. 2-21 = DIL avec Armstrong = il, puis l.22-29 DDL avec Armstrong = je) montrent qu’on bascule dans un rêve qui est de plus en plus agité jusqu’au réveil.
a5) Les souvenirs de Vera
Allongée dans son lit, les yeux grands ouverts, Vera Claythorne contemplait le plafond.
Sa lampe de chevet était allumée. Elle avait peur de l’obscurité́.
« Hugo… Hugo…, pensait-elle, comment se fait-il que je te sente si près de moi ce soir ?… Tout près, là, quelque part…
« Où est-il, en réalité ? Je n’en sais rien. Je ne le saurai jamais. Il est sorti de ma vie sans se retourner. »
Inutile d’essayer de ne pas penser à Hugo. Il était près d’elle. Vera était forcée de penser à lui – se souvenir…
Les Cornouailles…
Les rochers noirs, le sable doré, si doux au toucher. Mme Hamilton, rondelette et joviale. Cyril, toujours un peu geignard, qui la tirait par la main :
— Je veux nager jusqu’au rocher, mademoiselle Claythorne ! Pourquoi je peux pas nager jusqu’au rocher ?
Elle levait la tête, croisait le regard de Hugo fixé sur elle.
Les soirées, quand Cyril était couché…
— Venez faire un tour, mademoiselle Claythorne.
— Je ne dis pas non.
La promenade en tout bien tout honneur jusqu’à la plage. Le clair de lune… la brise de l’Atlantique.
Et soudain, les bras de Hugo autour d’elle :
— Je vous aime. Je vous aime. Vous savez que je vous aime, Vera ?
Oui, elle le savait.
(Ou croyait le savoir.)
— Je ne peux pas vous demander de m’épouser. Je n’ai pas un sou. Tout juste de quoi subvenir à mes besoins. C’est bizarre, vous savez : pendant trois mois de ma vie, j’ai bien cru avoir une chance de devenir riche. Cyril est né seulement trois mois après la mort de Maurice. Si ç’avait été une fille…
Si l’enfant avait été une fille, Hugo aurait hérité de tout. Il avait été déçu, il le reconnaissait volontiers.
— Je n’y comptais pas trop, bien sûr, mais ça m’a quand même fichu un coup. Enfin bon, c’est la vie ! Cyril est un brave gosse. J’ai une énorme tendresse pour lui.
Et c’était vrai. Il était toujours prêt à jouer avec son neveu, à le distraire. Hugo n’était pas d’un naturel rancunier.
Cyril n’était pas très robuste. C’était un enfant malingre… dépourvu de tonus. Le genre d’enfant, peut-être, qui n’était pas destiné à vivre longtemps…
Auquel cas…
— Mademoiselle Claythorne, pourquoi je peux pas nager jusqu’au rocher ?
Refrain geignard, exaspérant.
— C’est trop loin, Cyril.
— Oh, mademoiselle Claythorne…
Vera se leva, prit le tube d’aspirine sur la coiffeuse et avala trois comprimés.
chapitre 5, partie IV, pp. 91-92.
- Dans la tête de quel personnage se retrouve-t-on ?
- Vera
- Identifie le verbe introducteur qui permet de comprendre que le point de vue est interne.
- Contempler (« les yeux grands ouverts, Vera Claythorne contemplait le plafond », l.1)
- Qu’apprend-on de son passé à propos de Hugo et de Cyril ?
- Hugo l’aimait, mais ne pouvait pas l’épouser car il n’avait pas d’argent. Il aurait pu hériter, mais la naissance de Cyril a tout changé.
- Cyril n’est pas robuste et demande sans arrêt à Vera de nager jusqu’au rocher, ce qui l’agace.
- Dans le chapitre 1, p. 15, il est écrit qu’« Elle [Vera] ne devait pas penser à Hugo. » Qu’est-ce qui change dans cet extrait du chapitre 5 et comment l’expliquer ?
- Vera est forcée d’y penser.
- On comprend qu’elle l’aime toujours, mais c’est aussi un moyen pour nous d’en apprendre plus sur Vera.
b) Extraits de BD avec questions et propositions de réponses
b1) Le mensonge d’Armstrong
- Comment comprend-on que Armstrong ment ? Tiens compte des illustrations et du texte.
- On le voit d’abord avec ce qu’il dit (plan sur lui + bulle avec queue standard) puis illustration de patients qui font la file en lien avec ce qu’il dit (récitatif).
- Dans les deux dernières cases on voit ce qu’il pense avec une bulle de pensée et l’illustration montrant qu’il regarde le sang qu’il a sur les mains et l’infirmière le regarde d’une drôle de manière. Sur la dernière illustration, on revient au moment présent et on le voit dans ses pensées peu à l’aise.
- À noter : l’insertion du personnage de Benoît Brisefer dans la file d’attente, clin d’œil à Peyo !
b2) Les pensées de Vera
- Où se trouve Vera dans la première case ? Et dans les cases suivantes (globalement) ? Comment l’expliquer ?
- Dans sa chambre puis à la mer. Vera est dans sa chambre et se remémore les moments passés avec Hugo lorsqu’ils étaient à la mer.
- Dans quelle autre case que la première case voit-on Vera penser ? Justifie. A quoi pense-t-elle et pourquoi ne le dit-elle pas à Hugo ? Que peut-on dire de son expression du visage ?
- L’avant-dernière case, car il y a une bulle de pensée.
- Elle pense qu’il lui faut supprimer Cyril pour être avec Hugo, mais elle ne veut pas qu’Hugo le sache puisque celui-ci apprécie Cyril.
- Elle fronce les sourcils et ne sourit pas : on voit son vrai visage (déterminée, prête à supprimer Cyril).
- Comment expliquer qu’A. Christie choisisse de stopper les pensées de Vera en la faisant se lever (voir extrait a5, dernière ligne) ?
- Pour ne pas en dire plus sur ce qui est arrivé à Vera, et créer ainsi de l’intérêt chez le lecteur qui a envie d’en savoir plus sur le passé de Vera, ou du moins de voir ses hypothèses confirmées/infirmées par le récit.
Pour aller plus loin: Que peut-on dire de la manière dont Vera se souvient de cet épisode, dans les deux cases en haut à droite?
- Ces images sont un peu trop romantiques pour être honnêtes ! Les amants dans le coucher de soleil, la jambe relevée de Vera, les grandes déclarations d’Hugo: ces clichés nous font soupçonner que Vera enjolive ses souvenirs.
Pour résumer…
Dans ce récit policier, il est important de différencier les passages où les personnages parlent (ils peuvent mentir pour cacher leurs crimes) des passages où ils pensent (on a accès à leur vérité).
Quand ils parlent : marques de discours direct (tiret, verbes de parole) avec ce que dit le personnage = point de vue externe.
Donne un exemple (p. 79) :
Il [le Dr Armstrong] murmura :
– Nom de Dieu ! Il est mort !
Quand ils pensent : verbe de perception (comprendre, fermer les yeux, penser, voir, penser …) suivi de ce qui se passe dans la tête du personnage = point de vue interne.
Donne un exemple (p. 79) :
Ils ne comprirent pas. Pas tout de suite.
Mort ? Mort ? Ce jeune dieu nordique éclatant de santé et de vigueur ? […] whisky …
Activité 3 : production écrite (pour aller plus loin)
A la manière dont Armstrong rêve (DIL, DDL), rédige un court texte dans lequel Ethel Rogers s’assoupit et rêve du meurtre qu’elle et son mari ont commis. Utilise pour ce faire les informations données par Rogers au sujet du meurtre dont ils sont accusés (cf. plus haut dans le dossier ou la page 74 du livre).
Madame Rogers s’assoupit….
On trouvera ci-dessous l’ensemble des activités proposées sur cette page, sans les réponses, sous la forme d’un pdf téléchargeable.
Bibliographie
Baroni, R. (2023), « Une perspective transmédiale sur la focalisation », Recherches. Revue de didactique et de pédagogie du français, n° 78, 9-44. https://serval.unil.ch/resource/serval:BIB_E5B0EF1995A3.P001/REF