Le programme éducatif et social par la broderie du Projet Collart-Palmyre

Planifiée en collaboration avec le PNUD en 2019, le Projet Collart-Palmyre implémente une activité éducative et sociale par la broderie dans diverses villes de Syrie en juillet 2020.

Été 2019, des membres du Projet Collart-Palmyre rencontraient Sarah Chardonnens, Social cohesion and Peacebuilding advisor pour le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), afin de lui présenter une activité de broderie à la fois sociale et éducative à destinations des populations syriennes. Suite à ce rendez-vous, les membres de l’équipe lausannoise ont précisé le design de broderie, puis terminé et rassemblé le matériel qui a pu être acheminé vers la Syrie en janvier 2020. Ce kit d’activité comprend notamment un fascicule rédigé en arabe sur l’histoire de Palmyre, sa multiculturalité et l’importance des textiles dans l’histoire de la ville.

Palmyre et la Route de la soie
Des tissus remontant aux trois premiers siècles de notre ère ont été retrouvés à Palmyre, notamment dans la nécropole de Palmyre et dans la tour d’Elahbel (103 de notre ère). Ces tissus avaient servis dans la vie quotidienne avant d’accompagner les défunts dans les tombes. Les étoffes étaient de lin à provenance de l’est et décorées de bandes de laine teinte acheminées depuis la côte méditerranéenne. Certaines étoffes de laine étaient également mêlées de soie, comparable aux soieries chinoises de la période Han (IIe siècle de notre ère). On peut donc penser que ces dernières avaient été importées pour les riches femmes de Palmyre.

L’utilisation de la broderie pour cette activité n’a pas été faite au hasard. Ce choix répond à une tradition antique rappelée par le prof. Andreas Schmidt-Colinet dans un article paru en 2019 (« Bauornamentik und Textilmuster in Palmyra », in : B. Wagner-Hasel et M.-L. B. Nosch, Gaben, Waren und Tribute. Stoffkeislaufe und antike Textilökonomie, Stuttgart: Franz Steiner Verlag, 2019, p. 477-485). Dans cet article, il présente notamment l’influence qu’ont eues les broderies de Palmyre dans l’Antiquité. De plus, il retrace l’évolution des motifs brodés sur les textiles vers la décoration des vêtements sculptés sur les statues, avant que ces motifs ne deviennent des ornement architecturaux sur les temples. Faisant échos à cette tradition antique, l’activité développée par le Projet Collart-Palmyre prend le chemin inverse et se base sur des merlons et des fragments de linteaux retrouvés lors des fouilles dirigées par l’archéologue suisse Paul Collart dans les années 1950 afin de les transformer en motifs de broderie. Travailler sur ces modèles antiques permet ainsi d’établir une connexion directe avec l’héritage culturel de la Syrie.

Été 2020, une année après le premier contact entre le Projet Collart-Palmyre et le PNUD, l’activité de broderie est implantée dans cinq villes de Syrie : Alep, Hama, Damas et sa banlieue, Soueïda et Kuneitra. Des journées thématiques sur le « Women Empowerment » organisées par le PNUD ont permis de rattacher l’activité à la figure emblématique de la reine Zénobie et de sensibiliser des populations mixtes sur l’héritage culturel matériel et immatériel de Palmyre. L’activité, qui a conquis les participant.e.s, devrait être prochainement développée dans d’autres régions du bassin méditerranéen, ainsi qu’auprès des populations déplacées en Suisse.