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Reflexions

L’usage de la RV dans les études historiques et théâtrales

© Cesur A. Polat, 2021

La formation actuelle en études historiques a tendance à s’appuyer en grande partie sur des écrits, qu’il s’agisse des documents-sources et des analyses produites par la recherche. Bien que cette approche développe un regard critique et une méthodologie essentielle dans le cadre universitaire, elle risque également de provoquer un désintérêt progressif, une distance prise face à l’objet de recherche et l’impression de connaissances produites pour un cercle fermé de spécialistes. La réalité virtuelle transcende cette approche traditionnelle en permettant d’avoir une expérience concrète et sensorielle du sujet étudié dans un environnement évoquant des conditions historiques de jeu.

Outre l’intérêt et l’enthousiasme provoqués par l’accès à une nouvelle technologie, les expériences s’accordent sur l’efficacité de cet outil pour la transmission des connaissances par l’immersion et la visualisation. En replaçant, non pas les connaissances théoriques, mais l’expérience pratique au centre du processus, la réalité virtuelle facilite l’apprentissage en sollicitant l’engagement, la motivation et l’attention des étudiant-es*.


Réalités vraisemblables

La réalité virtuelle élargit le champ des possibles dans l’éducation et la transmission des savoirs, notamment en proposant des excursions visuelles et auditives dans des espaces inaccessibles à cause de facteurs internes (espaces disparus, détruits, endommagés) ou externes (espaces non accessibles pour diverses raisons). Ces espaces sont alors recréés dans un univers virtuel restitué à partir de sources iconographiques, ou même des descriptions écrites de chroniqueurs, de journaux intimes, d’œuvres littéraires qui donnent des indications sur ce que ces lieux ont pu être auparavant**. Il est nécessaire de prendre en considération l’apport de l’imagination créatrice, plus encore que dans les études traditionnelles de l’histoire. L’environnement virtuel n’est certainement jamais la « vraie » réalité de ce passé révolu, mais repose sur des hypothèses vraisemblables.


La RV – outil de médiation ?

La réalité virtuelle intervient aussi comme un outil de médiation afin de « faire revivre » à un public plus ou moins large les pratiques théâtrales du passé. En se mettant dans la peau d’un acteur du XVe et du XVIe siècles, l’immersion convaincante dans ce monde virtuel provoque une « émulation intellectuelle*** » qui devient une nouvelle source d’expériences et de découvertes de gestes, de postures, de trajectoires ou même de tonalités qui ont disparus et que nous ne pouvons pas retrouver dans les sources écrites.


* Gürkan Yildirim, Serkan Yildirim et Mehmet Elbam, « Analysis of Use of Virtual Reality Technologies in History Education : A Case Study », Asian Journal of Education and Training, 2018, vol. 4, n° 2, p. 65-68 ; Rafael Villena-Taranilla, Ramón Cózar Gutiérrez et alii, « Strolling through a city of the Roman Empire : an analysis of the potential of virtual reality to teach history in Primary Education », Interactive Learning Environments, 2019, p. 3 et p. 5-7 ; John Allison, « History educators and the challenge of immersive pasts : a critical review of virtual reality ‘tools’ and history pedagogy », Learning, Media and Technology, vol. 33, n° 4, 2008, p. 347-348.

** « History educators and the challenge of immersive pasts… », art. cit., p. 346-347 ; François Paul, Florent Laroche et alii, « Remonter le temps pour comprendre le passé : l’immersion virtuelle au service des historiens », EGC/GT-DAHLIA, 2019, p. 19-20.

*** François Paul, Florent Laroche et alii, « Remonter le temps pour comprendre le passé… », art. cit., p. 17-18.