Maud Jayet, sportive de haut niveau et étudiante à l’UNIL, trouve son équilibre entre voile et études. Après une quatrième place décevante pour elle aux JO de Paris en dériveur ILCA6, elle vise à poursuivre la compétition tout en terminant son Master en droit et économie.
À Lutry, au bord du Léman, Maud Jayet nous accueille dans un cadre empreint de souvenirs. C’est sur les eaux paisibles de ce lac que la sportive d’élite a fait ses débuts en navigation. Un lieu idéal pour revenir sur sa carrière, évoquer son expérience aux Jeux olympiques (JO) de Paris et nous confier ses projets d’avenir.
Maud Jayet a terminé quatrième au classement général de la course de dériveurs ILCA6 des JO 2024. À 28 ans, la Vaudoise, qui espérait un podium, sort de cette compétition déçue, frustrée mais pas anéantie. Depuis qu’elle pratique ce sport d’élite, elle a appris à gérer les ups and downs. « Il n’y a jamais de pente ascendante constante. J’ai l’impression d’avoir progressé, et finalement je me rends compte que mes résultats sont en dessous de ce que j’avais espéré. J’apprends à mettre de côté mes émotions. Ça ne s’est pas bien passé, j’accepte, j’apprends et je passe à autre chose », relève l’athlète. Pour se remotiver après un échec, elle préconise de penser rapidement à la compétition suivante. Et c’est ce que la Vaudoise pratique, puisqu’elle a presque déjà mis le cap sur les JO 2028, à Los Angeles. « L’objectif, c’est la médaille d’or, mais quatre ans, c’est long, donc je vais déjà voir comment je me sens dans deux ans. Je vais avancer une année après l’autre parce qu’il faut être ultramotivé pour performer à haut niveau. Je veux être sûre d’être heureuse de concourir, encore, et de ne pas me lancer dans cette compétition juste parce que je suis frustrée d’avoir fait quatrième à Paris. »
Des entraînements hors de la Suisse 280 jours par année
Pour l’heure, Maud Jayet a décidé de ne plus toucher à son laser pendant quelques mois et de terminer son Master en droit et économie à l’Université de Lausanne. Car, si Maud Jayet est sportive de haut niveau, la jeune femme est aussi étudiante à l’UNIL. En 2020, la sportive a obtenu un Bachelor en droit, en parallèle de ses entraînements intensifs qui l’ont poussée loin de la Suisse : en France, en Espagne, au Portugal et en Australie, notamment. « Je ne suis pas du tout allée à l’Université pendant mon Bachelor car j’étais à l’étranger environ 280 jours par année. J’ai étudié avec des dossiers que m’ont prêtés des élèves des années précédentes. Je venais juste pour les examens. Mais pour le master, j’ai un peu plus suivi les cours en présentiel. C’était après les JO de Tokyo, donc j’avais plus de disponibilités. J’ai fait en sorte d’obtenir plus de crédits la première année, 40 au lieu de 30, pour avoir moins de devoirs à finir quand j’ai repris l’entraînement en vue des JO de Paris. » Le train de vie de Maud ne lui a pas laissé beaucoup de répit pour avoir des loisirs. Un sacrifice qui lui a permis de vivre une expérience olympique mémorable. « J’ai pu assister aux cérémonies d’ouverture et de clôture à Paris, c’était vraiment incroyable ! Pour les épreuves de voile, à Marseille, c’était super spécial, il y avait vraiment beaucoup de monde qui venait nous voir. L’ambiance n’avait rien à voir avec celle des JO de Tokyo, où on était en pleine crise sanitaire et il où n’y avait aucun spectateur. »
Vice-championne du monde deux années consécutives
Maud Jayet a grandi au bord du Léman et a commencé à naviguer dès l’âge de sept ans au Club nautique de Pully en Optimist, alors qu’aucun de ses parents ne pratiquait ce sport. « Ils ont eu l’idée de m’inscrire à la voile quand, en 2003, Alinghi a remporté la Coupe de l’America. J’avais fait plusieurs sports avant, comme la danse et le tennis, mais c’est la voile qui m’a plu le plus. » À 14 ans, elle est passée au Laser Radial (renommé ILCA 6), discipline olympique, et s’est qualifiée quelques années plus tard pour les Jeux olympiques de Tokyo, où elle a terminé dix-neuvième. Depuis, Maud Jayet est devenue vice-championne d’Europe et vice-championne du monde en 2022 et 2023. « J’ai eu assez tôt l’objectif ultime d’aller aux JO et ça a été ma source de motivation. » Pour le moment Maud Jayet n’a pas de projet professionnel dans le domaine de l’économie ou du droit. La sportive compte profiter des années qui viennent pour naviguer tant qu’elle le peut. En novembre, la Vaudoise espère intégrer l’équipe suisse de SAILGP, sur un catamaran à foil, où elle prendrait le rôle de tacticienne.