F. F. Houssou Gandonou – Actualités du féminisme dans les églises en Afrique de l’Ouest – 2018

Pour citer cet article :  Houssou Gandonou, F.F. (2018). «?Actualités du féminisme dans les églises en Afrique de l’Ouest?», Les Cahiers de l’ILTP, mis en ligne en décembre 2018 : 10 pages. Disponible en libre accès à l’adresse : https://wp.unil.ch/lescahiersiltp/2018/12/f-f-houssou-gandonou-actualites-du-feminisme-dans-les-eglises-en-afrique-de-louest/

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Fidèle Fifamé Houssou Gandonou[1]

 

Même si sur le plan juridique le statut de la femme africaine a évolué, force est de constater que dans la vie quotidienne, cette égalité n’est pas encore acquise. Il est vrai que tous les pays en Afrique de l’Ouest reconnaissent que les femmes sont autant des citoyennes de droit que les hommes. Pourtant, une analyse plus systématique des textes de loi met à jour des différences au Bénin, par exemple lors d’un divorce avec adultère. Alors que la femme doit surprendre son mari en plein acte, il suffit que le mari ait des soupçons pour que l’adultère soit déclaré. Cet exemple, frappant, traduit l’idéologie dominante, celle du comportement des gouvernants, des personnalités officielles et même de la masse populaire. La vie quotidienne continue d’encourager et de perpétuer les stéréotypes sexistes et patriarcaux.

Malgré les discours officiels, les textes juridiques adoptés, promulgués et ratifiés, la situation aliénante de la femme perdure et gagne du terrain. Elle est caractérisée par l’ignorance des textes par la grande majorité des femmes et la non-application des dispositions légales par les gardiens de la loi. Beaucoup d’urgences peuvent être listées : l’exclusion de la grande majorité des femmes de la gestion de la cité, leur faible accessibilité aux services sociaux de base ou aux ressources et leur faible représentation à tous les niveaux. Il y a tout simplement des écarts de vie dans les relations homme et femme et cela interpelle non seulement la société civile, mais aussi les églises.

Bien que les femmes soient plus nombreuses que les hommes dans les Églises d’Afrique de l’Ouest, ces dernières se trouvent, à majorité, dirigées par les hommes. En général dans les églises, les femmes sont plus impliquées dans la diaconie, le service et l’entretien des lieux que dans la gestion et direction des affaires des églises et institutions religieuses. Il y a quelques exceptions, mais la règle générale est que les femmes sont moins représentées dans les instances de décision de la vie de l’Église. Loin d’être un refuge pour leur épanouissement, les églises sont encore des lieux où les femmes sont réduites au mutisme, à une soumission aveugle et à la violence sous toutes ses formes.

Face à ce constat, le féminisme[2], vu comme le mouvement de réaction contre la discrimination dont sont victimes les femmes, a toute sa raison d’être.

Pour ma part, il s’agit de répondre essentiellement à ces trois questions :

  • Comment se comprend le féminisme dans les églises en Afrique de l’Ouest??
  • Comment se vit le féminisme dans les églises en Afrique de l’Ouest??
  • Quels sont les objectifs que vise le féminisme en Afrique de l’Ouest??

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S. Musisiva – Stress et préparation à la retraite. Une étude au sein de la CBCA – 2018

Pour citer cet article : Musisiva, S. (2018). « Stress et préparation à la retraite. Une étude au sein de la Communauté Baptiste au Centre de l’Afrique (CBCA) », Les Cahiers de l’ILTP, mis en ligne en octobre 2018 : 19 pages. Disponible en libre accès à l’adresse : https://wp.unil.ch/lescahiersiltp/2018/10/s-musisiva-stres…-de-la-cbca-2018/

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Samuel Musisiva[1]

 

Introduction

La retraite constitue une transition majeure pour la plupart des travailleurs âgés. Elle peut être considérée comme une crise au cours de laquelle surviennent plusieurs pertes, une modification du revenu, une restructuration de la routine quotidienne avec davantage de temps libre, la perte d’une source d’accomplissement et de prestige, une modification du réseau social, ainsi qu’une détérioration progressive des capacités physiques et mentales.

Le programme de préparation à la retraite est un des facteurs très fortement associés à une meilleure adaptation à la retraite et à moins de problèmes de santé mentale relatifs (détresse psychologique). Les individus bien préparés au passage à la retraite ont des attitudes plus favorables envers la retraite, une meilleure idée de leurs besoins et ressentent moins de nostalgie face à leur ancien emploi (Villani & Roberto, 1997, pp.151-163).
Par contre, ces changements ne sont pas vécus avec la même intensité par tous les retraités et ceux-ci ne disposent pas des mêmes aptitudes et des mêmes ressources pour y faire face. Les études sur les facteurs favorisant la résilience dans cette situation montrent qu’une situation économique favorable et une situation psychosociale élevée exercent un effet protecteur sur l’estime de soi, et donc sur les capacités adaptatives.
Le vieillissement peut produire une perte de contrôle, avec le sentiment que sont les conditions extérieures qui déterminent l’avenir. La capacité à rétablir un lieu de contrôle internalisé est un des facteurs majeurs permettant de prédire un vieillissement réussi (Alaphilippe D., 1995). Cela implique de modifier la représentation de soi à un âge où les capacités adaptatives sont diminuées. Les études montrent qu’une réorganisation de la représentation de soi exerce un effet protecteur en aidant à investir de façon active les champs d’activité en rapport avec les capacités effectives (Moliner et al., p. 247).

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O. Bauer – Fiches de travail « Praxéologie théologique » – 2018

Pour citer cet article : Bauer, O. (2018). «?Praxéologie théologique. Fiches de travail?», Les Cahiers de l’ILTP, mis en ligne en septembre 2018 : 19 pages. Disponible en libre accès à l’adresse : https://wp.unil.ch/lescahiersiltp/2018/09/o-bauer-fiches-d…ogie-theologique/


Olivier Bauer[1]

 

La praxéologie théologique est une méthode qui permet d’analyser théologiquement des pratiques, c’est à dire des activités publiques, complexes, d’une certaine durée, impliquant des relations, régies par des règles et visant des résultats concrets. Elle est une méthode empirico-herméneutique, où l’on commence toujours par la pratique.

«La praxéologie pastorale s’identifie comme une approche herméneutique des pratiques chrétiennes, visant à intégrer analyse empirique et discours critique. Science de l’action sensée, elle vise à faire émerger à la conscience la réalité et le discours d’une pratique particulière pour les confronter à ses porteurs et à ses référents, de façon à rendre cette pratique plus consciente de son langage, de ses modes et de ses enjeux en vue d’accroître sa pertinence et son efficacité, son service ou son coefficient de libération. La praxéologie pastorale apparaît ainsi non seulement comme une pratique de recherche intellectuelle, mais d’abord comme une pratique de responsabilisation des sujets de l’action. Pastorale, elle s’intéresse à des pratiques préoccupées par les enjeux fondamentaux de l’existence humaine, animées entre autres par la reconnaissance de Jésus-Christ et le façonnement du Royaume de Dieu. Son défi : articuler clairement logos de l’action, logos de l’action, logos de la culture et logos de la foi?; mémoire, promesse et action dans le présent.» Nadeau, J.-G. (1993). «La praxéologie pastorale : faire théologie selon un paradigme praxéologique.» Théologiques, 1 (1), 79-100 : p. 80.

Principes

«Tais-toi! Observe! Tu parleras après.» «Pourquoi est-ce que je fais ce que je fais?»

Sept étapes

  1. Identifier ses préjugés, ses a priori, ses représentations de la pratique.
  2. Observer une pratique théologique : établir qui fait quoi pourquoi quand où comment et pour combien??
  3. En analyser les valeurs : identifier les valeurs sous-jacentes à la pratique.
  4. La problématiser : choisir un problème, un germe ou un défi que vous jugez majeur dans la pratique.
  5. L’interpréter : établir une norme pour en juger la fidélité (théologie, spiritualité, éthique, philosophie)?; comprendre le contexte pour en augmenter l’efficacité (sciences, sciences des religions, sciences humaines et sociales).
  6. Planifier une intervention : faire des choix responsables et praticables.
  7. Imaginer les conséquences de ses choix : dégager les effets à moyen et long termes[2].

[1] Olivier Bauer est professeur de théologie pratique à l’Institut lémanique de théologie pratique, Faculté de théologie et de sciences des religions, Université de Lausanne

[2] Pour en savoir plus : Bauer, O., & Robitaille, S. (2008). Un bilan de l’enseignement de la praxéologie pastorale à la Faculté de théologie et de sciences des religions de l’Université de Montréal : 35 p. http://hdl.handle.net/1866/2164

G. Lasserre – Une vision globale de la ritualité éclairée par les sciences humaines – 2018

Pour citer cet article : Lasserre, G. (2018). «?Une vision globale de la ritualité éclairée par les sciences humaines. Quelques pistes de travail pour la réflexion sur les rites en Église et leur pratique?», Les Cahiers de l’ILTP, mis en ligne en mai 2018 : 8 pages. Disponible en libre accès à l’adresse : https://wp.unil.ch/lescahiersiltp/2018/05/g-lasserre-une-v…es-humaines-2018/

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Guy Lasserre[1]

 

La pratique de rites appartient à toute vie d’Église et les ministres en sont souvent les conducteurs. Les rites traditionnels évoluent et de nouvelles situations ou de nouvelles demandes suscitent la mise en œuvre de rites nouveaux. Pour éclairer la réflexion et aider à l’échange sur les pratiques, je vous propose d’abord une définition de la ritualité à partir des travaux de Houseman, suivie de l’indication des fonctions des rites. Je présenterai ensuite quelques implications pour la réflexion et la pratique dans le cadre de l’Église.

Mes propos se fondent sur les apports de notre première journée et sur les documents reçus (voir les références en fin d’article). Ils ne cherchent pas l’exhaustivité. J’ai gardé ce qui me semblait le plus important et le plus utile. Pour alléger la présentation, les renvois aux exposés de la première journée ne sont pas indiqués.

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J.-M. Barreau – Existe-t-il une ou des souffrance·s spirituelle·s ? – 2018

Pour citer cet article : Barreau, J.-M. (2018). «Existe-t-il une ou des souffrance·s spirituelles?», Les Cahiers de l’ILTP, mis en ligne en mai 2018 : 26 pages. Disponible en libre accès à l’adresse: https://wp.unil.ch/lescahiersiltp/2018/05/jm-barreau-exist…irituelles -2018

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Existe-t-il une ou des souffrance·s spirituelle·s?

Jean-Marc Barreau[1]

 

De prime abord, poser la question «des souffrances spirituelles» semble représenter une perte de temps… Premièrement, parce que la réalité spirituelle se rencontre malheureusement assez régulièrement en périphérie des problématiques cliniques traitées… Deuxièmement, parce qu’a priori, même si ces souffrances spirituelles s’avèrent être potentiellement existantes pour lui, le clinicien les récuse assez aisément dans un aveu d’impuissance: «Pour ce type de maux, je ne puis rien faire…» Pourtant, à l’opposé de ce positionnement quelque peu facile, la praxie interpelle l’accompagnateur spirituel[2]. En effet, l’accompagnement spirituel du patient renvoie indubitablement à cette question de fond : «Existe-t-il une ou des souffrances qui, spécifiquement, échapperaient au domaine physique et psychique du patient?» Souffrances spirituelles qui, une fois identifiées, pourraient être soulagées?

Au Canada, le 10 décembre 2015, la province du Québec se dotait d’une loi qui légalisait l’euthanasie et qu’elle nomma l’Aide Médicale à Mourir (AMM). Cette loi offre au minima deux particularités. Dans un premier temps, le texte enchâsse et encadre «la sédation palliative continue». Dans un deuxième temps (section II & 26), le texte précise les six conditions requises permettant de faire bénéficier un patient de l’AMM, considérées comme un «soin de fin de vie». Au-delà des problèmes épistémologiques que la loi soulève sur le plan médical, peut-on considérer l’AMM comme un soin de fin de vie? Par ailleurs, peut-on considérer ce dit «soin de fin de vie» comme étant compatible avec la philosophie des soins palliatifs?, retenons ici la sixième et dernière condition précisée par la loi: «Il est nécessaire, publie-t-elle, que la personne éprouve des souffrances physiques ou psychiques constantes, insupportables et qui ne peuvent être apaisées dans des conditions qu’elle juge tolérables[3].» Notons bien qu’en aucun moment, il n’y est explicitement fait allusion à des «souffrances d’ordre spirituel?». C’est donc là que se situe notre sujet de recherche : «Existe-t-il, oui ou non, des souffrances spirituelles que l’accompagnateur spirituel puisse nommer?» Si tel est le cas, au lieu de les confondre avec des souffrances psychiques ou somatiques, ou sinon de les occulter, peut-on penser pouvoir les soulager?

Pour conduire une telle recherche, nous avons besoin de référents philosophiques solides qui nous permettent de définir quelle «spiritualité» nous reconnaissons chez le patient[4]. Il s’agit fondamentalement d’une spiritualité que nous nommons «séculière». Spiritualité qui nous permettra de suggérer une taxonomie de ces souffrances spirituelles qui touchent la personne dite en fin de vie[5]. Pour ce faire, nous reprendrons certains concepts développés dans notre dernier ouvrage Soins palliatifs. Accompagner pour vivre, mais plus encore…

Et pour des raisons didactiques, nous appuierons notre réflexion autour d’un fait vécu offert en exorde du premier chapitre de cet exposé[6]. Tout simplement, parce que le réel existant s’y découvre de façon lumineuse, parlante, riche et simple à la fois…

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A. Kaupp – Modèles de catéchèse paroissiale en Allemagne. La contribution des familles à la catéchèse – 2018

Pour citer cet article : Kaupp, A. (2018). «Modèles de catéchèse paroissiale en Allemagne. La contribution des familles à la catéchèse», Les Cahiers de l’ILTP, mis en ligne en mai 2018 : 13 pages. Disponible en libre accès à l’adresse : https://wp.unil.ch/lescahiersiltp/2018/05/a-kaupp-modeles-de-catechese-paroissiale-en-allemagne-la-contribution-des-familles-a-la-catechese-2018/

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Modèles de catéchèse paroissiale en Allemagne.

La contribution des familles à la catéchèse

Angela Kaupp[1]

«La transmission de la foi suppose que les parents vivent l’expérience réelle d’avoir confiance en Dieu, de le chercher, d’avoir besoin de lui, car c’est uniquement ainsi qu’un âge à l’autre vantera ses œuvres, fera connaître ses prouesses (cf. Ps 145,4)» (Amoris laetitia, n. 287)[2].

Par la publication de son écrit «?Amoris Laetitia?» en 2016, le pape François a contribué au fait que dans la catéchèse aussi le thème de la «?famille?» comme lieu de la transmission de la foi ait été remis à l’ordre du jour. La contribution suivante donne un aperçu des modèles d’une catéchèse pratiquée avec et dans des familles dans des paroisses en Allemagne. Souvent les formes données à la catéchèse familiale sont liées à la préparation à la communion des enfants et de ce fait diffèrent des formes de travail familial pratiquées chez les protestants. De plus, comme la situation ecclésiale en Allemagne diffère structurellement de celle des pays francophones, l’exposé suivant ne se réfère qu’à des publications catéchétiques issues de la sphère catholique qui ont été publiées en Allemagne.[3] Lire la suite

JP. Nkolo Fanga – Faire Eglise Ensemble : Défi ou Illusion ? Le cas des immigrés en France – 2018

Pour citer cet article : Nkolo Fanga, JP. (2018). «Faire Église ensemble : Défi ou illusion?», Les Cahiers de l’ILTP, mis en ligne en février 2018 : 19 pages. Disponible en libre accès à l’adresse : https://wp.unil.ch/lescahiersiltp/2018/02/jp-nkolo-fanga-f…migres-en-france/

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Jean Patrick Nkolo Fanga
[1]

 

Comment est-il possible de concilier les différentes modalités d’Églises influencées par la culture au sein d’une communauté ecclésiale? Nous faisons référence aux influences des cultures sur les approches liturgiques, homilétiques, catéchétiques, oïkodomiques, poïméniques, missiologiques, diaconales, etc. En effet, les divergences dans les attentes des chrétiens en fonction de la culture dominante de leurs origines[2] influencent leur manière de «faire l’Église».

Pour certains, la foi devrait être «utilitaire». L’intervention de Dieu et de l’Église dans le quotidien du chrétien devrait être concrète. On peut parler d’une théologie holistique[3]. Ceux-là ont la plupart du temps une liturgie joyeuse avec un rapport important aux mouvements du corps humain, ainsi qu’un accent particulier sur l’intercession et la diaconie. Le pasteur est considéré comme un médiateur entre les mondes visibles et invisibles. Il est connu comme étant capable de mobiliser les forces du monde spirituel pour agir dans le quotidien des membres de son Église. Cette modalité d’Église est proche des éléments des cultures des peuples d’Afrique.

Pour d’autres, la foi devrait être intellectuelle et sociale. Les activités d’Église devraient permettre de s’édifier et témoigner de sa foi dans le monde par la diaconie. La liturgie devrait favoriser «la méditation». La médecine, les sciences agronomiques, les luttes sociales et la technologie ont remplacé la religion dans la satisfaction des besoins et la quête de bien-être des membres de l’Église[4]. Cette modalité est influencée par la sécularisation qui a marqué une séparation entre le religieux et le politique dans les pays influencés par la culture occidentale. Dans ce contexte, on assiste à l’émergence d’une spiritualité démocratique, éloignée des formes traditionnelles du christianisme. «Cette transcendance immanente est une option spirituelle où l’amour tient une place centrale. La relation à l’immanence sans aucune transcendance c’est-à-dire une spiritualité sans Dieu en est une autre où l’amour est tout aussi central»[5].

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