Le sanctuaire de Baalshamîn à Palmyre revit grâce aux archéologues de l’UNIL

Détruit en 2015, le sanctuaire syrien a été pu être modélisé en 3D par des chercheur·euse·s de l’Institut d’archéologie et des sciences de l’Antiquité. Un travail réalisé à partir du Fonds photographique Paul Collart.

Depuis de nombreuses années, la Faculté des Lettres de l’UNIL (à travers l’Institut d’archéologie et des sciences de l’Antiquité, ASA) est dépositaire des archives de Paul Collart. Professeur aux Universités de Lausanne et de Genève et archéologue, Paul Collart fouilla dans les années cinquante et soixante les sites de Baalbeck au Liban et de Palmyre en Syrie.

En septembre 2017, une équipe de l’ASA constituée de Anne Bielman (Professeure en histoire ancienne) et de Patrick Maxime Michel (chargé de recherche) a lancé le projet Collart-Palmyre. L’objectif est de valoriser une partie encore inexploitée des archives relatives au sanctuaire de Baalshamîn, situé au nord de la ville antique de Palmyre. Fouillé par Paul Collart, le sanctuaire était dédié au « Seigneur des cieux », une divinité ouest sémitique et connut une importante évolution entre environ 20 et 131 apr. J.-C., à l’époque de l’empereur Hadrien.

Détruit à l’explosif durant l’été 2015 par le groupe Daech/ISIS, le sanctuaire de Baalshamîn a pu être modélisé en 3D à partir des archives photographiques de Paul Collart, dans le cadre d’un partenariat entre l’ASA et l’entreprise française ICONEM. Le Fonds Paul Collart est donc devenu la meilleure source au monde permettant de documenter le sanctuaire détruit. Sa valeur est particulièrement importante pour tous les futurs projets de restitution, notamment ceux qui utiliseraient la technologie 3D.

Un héritage culturel à conserver

Le projet Collart-Palmyre vise à numériser l’ensemble des archives relatives au sanctuaire de Baalshamîn (plusieurs milliers de documents : photos, fiches, notes, lettres, cahiers, plans etc.). Ont également été numérisées et jointes à cette documentation une centaine de diapositives en verre provenant des archives privées de Luc Boissonnas qui avait participé aux premières campagnes de Paul Collart à Palmyre, et qui est le petit-fils du photographe Frédéric Boissonnas. Cet ensemble sera ajouté au Fonds Collart déjà numérisé et abrité à l’UNIL et accessible sur la base de données TIRESIAS

La conservation pérenne de ces informations, sous un format numérique accessible à tous les chercheuses et chercheurs intéressé·e·s, est une étape incontournable afin de préserver la mémoire du lieu et de ne pas priver les générations futures de leur passé commun. Cet héritage culturel sera la pierre d’angle de la reconstruction des identités dans ce pays aujourd’hui dévasté.

Cette démarche se focalise sur 3 points:

  • conserver la mémoire du site;
  • permettre, par la mise en ligne des documents et la création d’une bibliothèque virtuelle, la poursuite des recherches sur l’histoire du sanctuaire;
  • identifier des blocs in situ et des sculptures dans le musée saccagé par un système de reconnaissance faciale.

Le projet a été présenté par Patrick Maxime Michel lors du colloque « Les archives au secours des temples détruits de Palmyre » organisé à l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres (AIBL) à Paris en 2017. Le Fonds Collart a été exploité au cours des dernières années à travers plusieurs expositions internationales mettant en valeur une partie des clichés (Suisse, France, Grèce). Il est aussi présent au sein du projet Patrimoine du Proche-Orient qui appartient à la collection Grands sites archéologiques portée par le ministère de la Culture français depuis plus de 20 ans.

Un soutien financier nécessaire

La numérisation et la mise en valeur des archives de Paul Collart sur Palmyre nécessite un soutien financier à hauteur de 135’000 CHF. Les premiers subsides ont été octroyés par l’Office fédéral de la Culture, via un subside de 20’000 CHF pour lancer le projet de numérisation, et par la fondation Ousseimi, dont l’objectif prioritaire est de contribuer à un monde plus tolérant, via un soutien de 5’000 CHF.

C’est pourquoi une récolte de fonds intensive a été lancée dès janvier 2018 auprès de fondation et d’associations internationalement reconnues pour réunir le solde.

Plus d’informations sur le projet Collart-Palmyre : www.unil.ch/iasa