Réactualiser nos classiques

Avec Le Petit prince écarlate, le Petit Théâtre redonne vie au conte de Cendrillon en prolongeant son histoire, tout en évoquant habilement les facettes peu connues du texte de Perrault. Sophie Gardaz, directrice du Petit Théâtre, Philippe Saire, chorégraphe de Neons, Black Out ou encore des projets Cartographies vus entre autres à Sévelin 36, et Hélène Cattin, reconnue notamment pour sa mise en scène ein Gebäude seinêtre un bâtiment inspirée de Peter Zumthor, se sont réunis pour créer cette pièce haute en couleurs qui interroge avec subtilité l’héritage littéraire et l’exercice du pouvoir. Tout commence avec un soulier. Cette fois, il n’est ni de vair, ni en verre, mais rouge vif. Objet de prédilection du prince, le fils de Cendrillon, il constitue la thématique centrale du spectacle. Les souliers inonderont même le plateau, lorsque l’héritier du trône cherchera dans les jupons de sa mère des vingtaines de pairs couleur pourpre pour les faire voltiger dans les airs, heureux de montrer au public sa collection fétiche. Cette scène caractérise la tonalité ludique de la pièce, qui amuse les jeunes spectateurs par une légèreté propre à l’enfance.

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Quand la mémoire fait du délateur un héros

Parcours de trois générations de femmes et de trois contextes politiques liés à l’Allemagne d’avant et d’après-guerre, La Pierre de Marius von Mayenburg, mis en scène par Gianni Schneider, révèle les stigmates d’une période historique tragique. Interprétée à la Grange de Dorigny du 9 au 19 janvier 2014, la pièce du dramaturge allemand dit la culpabilité et, surtout, l’étouffement d’un passé honteux.

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Se souvenir de notre mort

Avec Nous souviendrons nous, de et par Cédric Leproust, la compagnie Tétanotwist nous invite à nous réconcilier avec notre condition de mortels et à vivre avec le souvenir des défunts qui sommeillent en nous. C’est à l’Arsenic, du 10 au 15 décembre, que cette création innovante risque de vous surprendre. Baigné dans le noir, le plateau est éclairé soudainement par une lumière vive. Un corps nu couvert d’argile, qui a tous les aspects d’un cadavre, se tient debout devant le public. L’effet visuel est percutant. Les yeux exorbités, la bouche entrouverte, le comédien évoque le destin de tout un chacun ; notre corps est voué à disparaître. Mais avant, il doit pourrir. La fragilité de l’homme et son inéluctable fin sont ici représentées. Une autre scène de cette pièce polymorphe : des projecteurs jaunes, aveuglants, situés au-dessus et au-devant du comédien. Ils dessinent sa silhouette, telle une ombre. Le reste du décor est immergé dans le noir. Seules quelques paroles se font entendre sur un ton rauque. Elles mêlent les pronoms « je », « il » et « on », visant par là à semer le trouble chez le spectateur ; à l’enseigne lumineuse « Qui suis-je ? », suspendue au plafond, répond l’incertain « Qui nous parle ? ». Cette confusion sert à établir une relation entre le soi vivant, le soi mort et nos proches disparus.

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Le Bleu de Madeleine ou la dilution du sens

La pièce jeune public Le Bleu de Madeleine et les autres, dirigée par Anne-Marie Marques et jouée au Petit Théâtre à Lausanne en octobre dernier, marie avec grand art la peinture et les mots. Seule ombre au tableau, l’ajout superflu de mouvements et de sons, qui font perdre de sa consistance à la pièce. Plusieurs gouttes de peinture d’un bleu roi qui plongent et se répandent majestueusement dans l’eau – fumée visuelle teintant le discours de la comédienne à la recherche du plus beau bleu dans la mer. L’image est belle et met en évidence la force d’un spectacle qui mêle le verbe à la couleur.

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