Adrien Gygax

Cap sur l’ouest

Il considère son diplôme comme un papier offrant une certaine légitimité. Sa recette pour aller de l’avant: bon sens, savoir-être et un brin de culot. Portrait d’un jeune écrivain qui part faire le tour du monde. Adrien Gygax, diplômé de SSP 2014.

Enfant, quel était le métier de vos rêves?

Je voulais être agriculteur comme la plupart des enfants de mon village (Mont-la-Ville–VD). Ou alors footballeur, ou tennisman, ou pilote. Enfin, j’avais des rêves de gosse, c’était de mon âge.

Quel est votre job actuel?

Je suis responsable marketing et consultant en gestion d’entreprise pour une PME vaudoise de 25 collaborateurs. J’ai une petite équipe de 4 personnes qui s’occupe de projets à l’interne comme à l’externe, pour des mandats spécifiques confiés par des clients (directeurs, managers, conseils d’administration, etc.).

Vous avez choisi d’étudier à la Faculté de SSP par vocation, poussé par vos parents, pour faire comme vos amis?

Je n’avais pas d’amis. Non, sérieusement, ma mère a fait intelligemment pression pour que je fasse des études. A la fin du gymnase, un peu paumé, j’ai hésité entre le théâtre, le journalisme, l’ostéopathie, bref, je n’avais aucune idée, aucun projet. Finalement, quand s’est approché le terme de la période d’inscription, j’ai fait le choix des Sciences Sociales et de la Psychologie, pour calmer mes parents et par intérêt pour quelques auteurs. Aucune vocation, donc.

Votre état d’esprit au moment de l’obtention de votre diplôme?

J’étais content d’avoir appris un certain nombre de choses que je considérais plutôt comme de la culture générale que comme des compétences professionnelles. Pour moi l’université était simplement un moyen d’obtenir un papier me permettant d’avoir une certaine légitimité. Je n’ai pas hésité un instant à fuir ce monde feutré. Il était temps de changer d’air.

Que s’est-il passé par la suite?

Je travaillais déjà comme téléphoniste pour mon entreprise actuelle depuis 1 an. Comme j’ai eu la chance de déployer passablement de compétences (gestion du site, animation de séminaires de vente, organisation d’événements, etc.) durant cette période, j’ai obtenu à la sortie de mes études un poste de responsable marketing à l’interne, à 100%. J’avais pour mission de structurer nos démarches commerciales, de gérer notre communication, et de donner des cours à nos clients dans le domaine de la vente et du marketing.

Après quelques mois, un changement stratégique a eu comme impact de m’attribuer –en plus de mes responsabilités d’alors– des responsabilités managériales en tant que responsable du département marketing. J’ai donc appris à gérer une équipe et à intervenir comme consultant externe. On réalise assez rapidement qu’on est chaque jour un peu plus capable que le jour précédent.

Mon travail n’a donc pas grand-chose en lien avec la psychologie sociale. A ce propos, la plupart des professionnels que j’ai rencontrés dans le domaine de la finance, des RH, du marketing ou encore des dirigeants de PME ont toujours le même discours: ce sont davantage le bon sens et le savoir-être que le papier ou les éléments théoriques appris à l’université qui importent.

Et le culot aussi. Quitte à se planter, perdre de l’argent, devoir licencier ou corriger le tir, il faut oser. Tout oser, et réfléchir ensuite. L’université nous apprend trop à réfléchir avant d’agir. On finit par ressembler à de gros cerveaux bien pleins mais trop enfoncés dans le sol et incapables de se mouvoir.

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Adrien Gygax et son neveu Arnaud en août 2016.

Actuellement, j’ai deux nouveaux projets en vue. Le premier concerne ma passion pour l’écriture: je vais publier mon premier roman «Aux noces de nos petites vertus» en 2017 aux éditions du Cherche-Midi. C’est l’histoire d’un type mélancolique qui essaie de reprendre goût à la vie en partageant une femme avec un ami, à Istanbul. C’est aussi un témoignage sur notre jeunesse sans repères et sans valeurs.

L’écriture de ce livre a été difficile, surtout à cause du travail à 100%. J’ai mis à peu près 6 mois pour l’écrire, puis 6 mois pour le retravailler. J’écrivais surtout le soir, ou le weekend, et durant les vacances.

Mon autre projet est de partir en tour du monde durant 9 mois, de septembre 2016 à juin 2017. Depuis mes 18 ans, j’ai accumulé des petits boulots d’été et ne suis jamais parti plus d’un mois à l’étranger. Or, et notamment pour écrire, j’aimerais disposer de longs mois de temps libre. Alors un congé non payé faisait sens, et le fait de partir encore plus. J’ai prévu d’aller direction l’ouest, puis de faire tout le tour par le sud, les îles, l’Australie, et revenir par la Thaïlande, l’Asie, et l’Iran.

Financièrement, j’ai eu la chance, plus jeune, de mettre un peu d’argent de côté grâce au poker auquel j’ai beaucoup joué au casino de Montreux, et mon travail actuel me permet également d’économiser. Je vais donc partir avec une partie de mes économies.

Je retrouverai mon poste en juin 2017, c’est donc un congé sans solde. J’ai la chance d’avoir un directeur très intelligent et ouvert; quand je lui ai fait part de mon projet de voyage il a accepté à condition que je garantisse la pérennité du département. J’ai donc trouvé un remplaçant, l’ai formé, ai planifié mon absence au mieux, et c’était dans la poche.

Si c’était à refaire, que changeriez-vous?

Rien, ou peut-être un petit parcours en plus en Lettres car je suis tombé sous le charme d’une certaine Littérature. Personnellement, je pense qu’il ne faut rien regretter, ne pas trop regarder en arrière, plutôt compter les jours qui restent et imaginer tout ce qu’on peut encore réaliser.

Article de Jeyanthy Geymeier, Bureau des alumni, 22 septembre 2016