Les personnages rêvent aussi (annonce de parution)

Nous vous signalons la parution aux éditions Hermann d’un ouvrage très original de Françoise Lavocat, à mi-chemin entre l’essai et la fiction, qui permet de creuser la question du statut ontologique des personnages.

Les personnages vivraient paisiblement sur la planète Fiction, s’ils n’étaient menacés de disparition quand les humains les oublient. Comment contourner cette loi d’airain  ? Comment ranimer la flamme des lecteurs et des spectateurs ?
Sancho Pança, Mme Bovary, Mr Pickwick, Vautrin et quelques personnages de Woody Allen  se démènent pour assurer leur survie et celle de leurs concitoyens. Il leur arrive de raisonner sur leur condition et d’agiter quelques grandes questions : la mort et la résurrection de l’auteur, la morale, la concurrence entre les jeux vidéo et la littérature, les limites de l’interprétation, la différence entre fait et fiction….
De merveilleuses machines sont inventées pour mesurer le coefficient de fiction des personnages ou leur permettre (peut-être) de communiquer avec la Terre. Dans quel but  ? Neutraliser un metteur en scène qui les maltraite, par exemple.

Atelier Fabula (annonce de parution)

Deux nouvelles entrées de l’Atelier de théorie littéraire de Fabula sont susceptibles d’intéresser les narratologues.

La première entrée reprend un extrait de l’ouvrage récemment publié par Jérémy Naïm, Penser le récit enchâssé. Il constitue une mise en perspective historique fascinante d’une notion théorique qui apparait somme toute assez récente et beaucoup plus précaire que l’on pourrait l’imaginer.

URL: https://www.fabula.org/atelier.php?Le_recit_enchasse_invention_moderne

La seconde entrée est un article de Françoise Lavocat qui évoque une notion émergente en narratologie: celle de « population ». Alors que les personnages ont généralement été abordés sous l’angle de leur individualité, qu’elle soit actionnelle ou tendant vers une idiosyncrasie existentielle, Françoise Lavocat propose de prendre en compte des phénomènes collectifs, comme les foules ou le personnel romanesque.

URL: https://www.fabula.org/atelier.php?Populations_fictives

Cette annonce est l’occasion de rappeler que Françoise Lavocat vient également de publier aux éditions Hermann un bel ouvrage, très original, situé entre l’essai et la fiction, intitulé Les Personnages rêvent aussi.

Narratologie et enseignement (projet de recherche)

Le projet « Pour une théorie du récit au service de l’enseignement », dirigé par Raphaël Baroni, a reçu un financement du Fonds national suisse de la recherche scientifique (référence: 100019_197612/1). Le projet, basé à l’Université de Lausanne, s’appuie sur un réseau national et international impliquant les cantons du Valais, de Genève et de Vaud, ainsi que la Belgique, la France et le Québec. Il inclut des collaborations avec Chloé Gabathuler, Vincent Capt, Jérôme David, Jean-Louis Dufays, Bertrand Daunay et Jean-François Boutin.

Pour en savoir plus: https://wp.unil.ch/…/pour-une-theorie-du-recit-au…/

Seminario Permanante di Narratologia (annonce d’événement)

Le séminaire permanent de narratologie est un réseau ouvert d’idées et d’expériences. Conçu par Paolo Giovannetti (IULM) et Giovanni Maffei (Federico II), il implique déjà d’autres chercheurs, jeunes et moins jeunes, et d’autres universités.

L’idée de base, très simple, est qu’en Italie, aujourd’hui, il est nécessaire de reconstituer un savoir narratologique, actualisé aux nombreuses acquisitions qui ont caractérisé le cadre international pendant plus de vingt ans. Le Séminaire, dans ses réunions annuelles, dans ses publications, vise à offrir des opportunités de rencontre et d’échange intellectuel à ceux qui s’intéressent à la recherche narratologique.

La première réunion du séminaire aura lieu « à distance », sur la plateforme numérique Zoom, les mardi 20 et mercredi 21 octobre 2020. Les sujets abordés vont de questions purement théoriques à des lectures rapprochées, en passant par des réinterprétations de classiques à travers des optiques et des méthodologies aussi actuelles que possible.

Vous pouvez assister aux conférences et participer aux débats en signalant votre souhait d’être présent à l’adresse suivante : convegnonarratologiconapoli@gmail.com

Retrouvez le programme sur la page du séminaire: http://www.modlet.it/seminario-permanente-di-narratologia/

Métalepse / Metalepsis

Par Frank Wagner

À l’origine, la métalepse constitue une notion rhétorique (Genette 1972, Roussin 2005), définie comme « une proposition […] [qui] consiste à substituer l’expression indirecte à l’expression directe » (Fontanier (1830) 1977 : 127). Toutefois, plus qu’à cette définition générale, la plupart des théoriciens du récit se sont montrés sensibles à certains de ses sens rapportés, comme « le tour par lequel un poète, un écrivain, est représenté ou se représente comme produisant lui-même ce qu’il ne fait au fond que décrire » (Fontanier (1830) 1977 : 128) ; ou encore celui « par lequel […] au lieu de raconter simplement une chose qui se fait ou qui est faite, on commande, on ordonne qu’elle se fasse » (Fontanier (1830) 1977 : 129). Telles sont du moins les acceptions dérivées du procédé rhétorique sur lesquelles Genette met l’accent au moment de forger la notion de métalepse narrative, qui, dans Figures III, fait système avec analepse, prolepse, syllepse, ou paralepse. Voici en quels termes le narratologue définit ce procédé :

« Le passage d’un niveau narratif à l’autre ne peut en principe être assuré que par la narration […]. Toute autre forme de transit est, sinon toujours impossible, du moins toujours transgressive […]. [Par exemple] toute intrusion du narrateur ou du narrataire extradiégétique dans un univers diégétique (ou de personnages diégétiques dans un univers métadiégétique, etc.), ou inversement […]. Nous étendrons à toutes ces transgressions le terme de métalepse narrative. » (Genette 1972 : 244).

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En cas de malheur, de Simenon à Autant-Lara (annonce de parution)

Sorti dans les salles à une période charnière, le film En cas de malheur de Claude Autant-Lara (1958) fait ici l’objet d’une analyse approfondie qui porte à la fois sur l’écriture scénaristique, le contexte sociohistorique et les modalités de la transposition à l’écran du roman homonyme de Georges Simenon. Alain Boillat envisage les différentes variantes conçues par les scénaristes dans une perspective narratologique et d’étude des normes de genre. Ce faisant, il propose une méthodologie favorisant l’application au cinéma de la génétique des textes littéraires, et renouvelle plus largement l’étude du phénomène de l’adaptation. En discutant certains aspects du récit filmique (point de vue, flash-back, etc.), l’ouvrage montre combien le personnage ne peut être appréhendé au cinéma sans la prise en considération de la vedette qui l’incarne. Or En cas de malheur réunit les deux plus grandes stars qu’ait connues le cinéma français : d’un côté Brigitte Bardot, nouvelle icône de la féminité qui présage les bouleversements sociaux des années 1960, de l’autre Jean Gabin, associé à une image de la virilité issue des années 1930.

Alain Boillat, En cas de malheur, de Simenon à Autant-Lara (1956-1958). Essai de génétique scénaristique, Genève, Droz, 2020.

Pour en savoir plus ou commander l’ouvrage: https://www.droz.org/fr/7275-9782600060462.html

I Meccanismi dell’intreccio (annonce de parution)

Pour les lecteurs italophones intéressés par la mise en intrigue, ses mécanismes textuels ou la narratologie fonctionaliste, nous signalons la parution aux éditions Effigi du premier titre de la nouvelle collection « Semeia », dirigée par Alessandro Leiduan.

Baroni, R. (2020), I Meccanismi dell’intreccio. Introduzione alla narratologia funzionale, traduit par Andrea Amoroso et Alessandro Leiduan, Roma, Effigi, coll. « Semeia ».

URL de l’éditeur: http://www.cpadver-effigi.com/blog/i-meccanismi-dell-intreccio-raphael-baroni/ Lire la suite

Modèle rhétorique des publics / Rhetorical Model of Audiences

Par James Phelan

Traduit de l’anglais par Raphaël Baroni

La finesse du modèle élaboré par la narratologie rhétorique pour décrire les publics se comprend plus facilement si on le replace dans un contexte plus large. Dans sa conception rhétorique du récit, James Phelan propose la définition de base suivante : « quelqu’un raconte à quelqu’un d’autre, à une occasion et dans un ou des buts donnés, que quelque chose est arrivé » (2018 : 48 ; voir aussi 1996). Cette définition oriente l’interprétation sur la manière dont la personne qui raconte utilise les ressources du récit (ses éléments fondamentaux étant l’intrigue, le personnage, la perspective, le temps et l’espace) afin de produire certains effets sur quelqu’un d’autre. Pour analyser ces effets, les chercheurs qui adoptent une perspective rhétorique se sont intéressés à différentes couches de la communication, en particulier aux couches affective, éthique, cognitive et thématique, afin de construire une représentation plausible de l’expérience de lecture. Lire la suite

Relatabilité / Relatability

Par Jan Baetens

On appelle relatable (le mot est un pur calque de l’anglais, le terme étant proprement intraduisible de manière littérale[1]) une personne, une situation ou un récit auquel on peut s’identifier, dont on se sent proche. Jusqu’à présent, le caractère de relatabilité n’a guère été pris en considération par les narratologies, en dépit de l’importance capitale de cette catégorie dans la création et, surtout, dans le succès ou l’échec des séries télévisées et, sans doute, de la littérature populaire en général, où le rapport personnel entre public réel et personnage fictif joue toujours un rôle de premier plan. Lire la suite