Colloque international, Université de Lausanne, 20-21 octobre 2021
Ce colloque se prolonge les 21 et 22 octobre 2021 par « Formes narratives & supports médiatiques (II) : transferts, reconfigurations et évolution dans la bande dessinée ».
Comité d’organisation
Alain Boillat et Valentine Robert, Section d’histoire et esthétique du cinéma, Faculté des lettres, UNIL
Comité scientifique Raphaël Baroni, Mireille Berton, Alain Boillat, Valentine Robert.
Partenaires
Raphaël Baroni, Gaëlle Kovaliv et Olivier Stucky du FNS Sinergia « Reconfiguring Comics in our Digital Era », UNIL & EPFL.
Ce colloque entend s’interroger sur la manière dont les pratiques sérielles contribuent à déterminer et façonner le récit cinématographique et télévisuel, notamment en matière de tension narrative, de temporalité, de point de vue et de construction des personnages. Les principes de segmentation (en volets, épisodes, chapitres, saisons), de répétition/variation et d’amplification (potentiellement infinie) seront au cœur des analyses proposées, ainsi que le rapport au spectateur/ à la spectatrice induit par les différents modes de consommation de ces productions, tant au niveau du support ou canal (DVD, streaming, VOD, …) qu’à celui du dispositif (salle de cinéma, salon domestique, écran personnel, etc.) ou de la temporalité (visionnement régulier à horaires fixes, visionnement continu, durée de l’attente jusqu’au volet ou à la saison suivante, etc.). La série telle que nous l’envisagerons ici sera définie par la reprise d’une même diégèse (ou de certaines composantes diégétiques) dans des productions filmiques distinctes1, sans que l’objet d’étude ne soit restreint au seul contexte télévisuel. Ce colloque entend en effet décloisonner les approches de la sérialité en envisageant les phénomènes de manière croisée (voire comparée) par la prise en compte conjointe des domaines cinématographique et télévisuel, et ce dans une perspective d’histoire des discours et des pratiques.
Si les récits filmiques sériels ont connu en ce début du XXIe siècle un essor considérable avec le développement des séries produites par des chaînes câblées payantes et l’exploitation de franchises cinématographiques, les séries étudiées pourront appartenir à toutes les époques de l’histoire du cinéma et de la télévision. Les études de cas viseront à s’inscrire dans une perspective théorique consistant à situer le propos par rapport aux réflexions menées dans les champs de la narratologie et/ou des théories de la fiction, et proposeront la discussion de certains principes ou procédés relatifs à la sérialité. On pourra en particulier s’intéresser aux aspects suivants :
– La mise en perspective théorique et historique de certaines pratiques sérielles ainsi que des appellations utilisées pour en rendre compte dans les espaces de la production et de la réception (« saga », « série », « feuilleton », « minisérie », « sitcom », « telenovelas », « spin-off », etc.) ;
– La tension entre l’autonomisation de l’épisode et la continuité (dimension feuilletonnante), entre la clôture et l’ouverture à la suite ;
– La démultiplication et la hiérarchisation des arcs narratifs, notamment en lien avec l’élaboration (du réseau) des personnages ;
– La fragmentation sérielle résultant de la variation des régimes de focalisation ;
– Les phénomènes d’unicité/rupture au niveau stylistique ;
– Les implications de la sérialité au sein du processus de worldbuilding ;
– Les procédés et stratégies d’amplification narrative (flash-back, alternance, enchâssement, reboot, …) ;
– La mobilisation d’une dimension méta-narrative consistant à thématiser, au sein de la diégèse d’une fiction cinématographique ou télévisuelle, le principe de répétition/variation qui fonde la sérialité (voire la sérialité proprement dite) ;
– L’importance et les implications du critère de l’inscription des films dans une série au sein des discours de réception critique de ceux-ci (et/ou des commentaires émis au sein de communautés de fans) ;
– Les processus génétiques de conception et d’écriture d’une série (travail collaboratif sur le long terme, reconfiguration des équipes, conception « transauteuriste ») ;
– Les incidences sur le récit d’un changement survenant dans le contexte de production/diffusion d’une série cinématographique ou télévisuelle en cours ;
– Les mode de prise en compte des opinions ou propositions de la communauté de fans dans la construction d’un récit sériel présenté comme « in progress » ;
– Les modalités d’interaction « transmédiatique » entre un récit cinématographique et un récit télévisuel lorsque l’un des deux (ou les deux) relève(nt) d’une pratique sérielle (prequel, interquel et suites, spin-off, remakes/reboot, cas de transfictionnalité, etc.).
Les propositions privilégiées seront celles qui viseront à dégager des enjeux théoriques qui excèdent l’étude de cas et qui intègrent, dans la mesure du possible, la question de la sérialité au cinéma (plutôt qu’exclusivement dans le contexte télévisuel, plus largement traité aujourd’hui).
Les conférences seront données en langue française.
Envoi des propositions
Les propositions (résumé de 3000 signes et notice biographique) sont à envoyer avant le 15 janvier 2021 à Valentine.Robert@unil.ch et Alain.Boillat@unil.ch
1 La notion de « genre filmique » ne s’y substitue donc pas, même si la question de l’appartenance générique peut constituer en soi un axe d’analyse.