Sorti dans les salles à une période charnière, le film En cas de malheur de Claude Autant-Lara (1958) fait ici l’objet d’une analyse approfondie qui porte à la fois sur l’écriture scénaristique, le contexte sociohistorique et les modalités de la transposition à l’écran du roman homonyme de Georges Simenon. Alain Boillat envisage les différentes variantes conçues par les scénaristes dans une perspective narratologique et d’étude des normes de genre. Ce faisant, il propose une méthodologie favorisant l’application au cinéma de la génétique des textes littéraires, et renouvelle plus largement l’étude du phénomène de l’adaptation. En discutant certains aspects du récit filmique (point de vue, flash-back, etc.), l’ouvrage montre combien le personnage ne peut être appréhendé au cinéma sans la prise en considération de la vedette qui l’incarne. Or En cas de malheur réunit les deux plus grandes stars qu’ait connues le cinéma français : d’un côté Brigitte Bardot, nouvelle icône de la féminité qui présage les bouleversements sociaux des années 1960, de l’autre Jean Gabin, associé à une image de la virilité issue des années 1930.
Alain Boillat, En cas de malheur, de Simenon à Autant-Lara (1956-1958). Essai de génétique scénaristique, Genève, Droz, 2020.
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