« Séquences narratives versus stase visuelle : le cas du ciné-roman-photo », Jan Baetens (Université de Leuven)
Centre de recherches sur les arts et le langage (CNRS/EHESS)
Séminaire « Recherches contemporaines en narratologie », 2019-2020 : Récits à l’épreuve du hasard
Séance du 31 mars 2020
La question du hasard dans le récit se pose généralement à partir d’un corpus singulier, mais dont la singularité a fini par nous échapper : la littérature « sérieuse », dite d’auteur. La situation change radicalement dès qu’on aborde aussi le champ de la littérature « industrielle », souvent anonyme, sans auteur connu. Ce type de littérature, que dominent les critères économiques, semble à première vue totalement privée d’effets de hasard : tout est fait pour contrôler la production aussi bien que la production des œuvres. L’exemple du ciné-roman-photo, genre oublié dont on commencera par donner une brève description, montre toutefois que le hasard est tout sauf absent des industries culturelles. Nous tenterons d’en donner ici une première approche, à partir de quelques œuvres représentatives.
Narrative Sequence and Visual Stasis: The Case of Ciné-roman-photo
The question of chance in narrative is generally raised with reference to a particular corpus whose particularity has, in the end, escaped us: “serious” literature, known as authorial literature. Things change radically once the field of “industrial” literature, often anonymous, without a known author, is taken on. This type of literature, dominated by economic criteria, seems at first sight to be totally deprived of the effects of chance: everything is done to control production, including the production of works. The genre of “ciné-roman-photo,” a forgotten genre that will be briefly described here, shows nonetheless that chance is anything but absent from the cultural industries. A few representative works from this genre incorporating chance will be discussed.