Centre de recherches sur les arts et le langage (CNRS/EHESS) : Séminaire « Recherches contemporaines en narratologie » 2019-2020
Le séminaire se réunit tous les quinze jours, les 1er, 3eet 5emardi du mois, de 15h à 17h
96, boulevard Raspail – 75006 Paris / Salle Lombard
Philippe Roussin (CNRS, CRAL), organisateur, avec la collaboration de : Olivier Caïra (IUT Evry et EHESS), Anne Duprat (Université d’Amiens et IUF), Annick Louis (Université de Reims et CRAL), John Pier (Université de Tours et CRAL)
Récits à l’épreuve du hasard
Initialement fondée sur des modèles déterministes et clos, la narratologie s’intéresse depuis plusieurs années à des pratiques et à des œuvres plus ouvertes aux notions d’incertitude, d’incomplétude et d’inachèvement. Le hasard peut intervenir de deux manières : d’une part comme l’insertion délibérée d’un dispositif aléatoire dans le processus créatif (jets de dés, tirages de cartes…), d’autre part comme une source de « bruit » externe au travail narratif (santé de l’auteur, incidents éditoriaux…).
Un premier cycle de séances sera consacré aux articulations – souvent problématiques – entre les structures fondamentales du récit et la génération aléatoire de contenus narratifs (fragments textuels, personnages dotés de traits variables, effets engendrés par un jeu de simulation…). On étudiera différentes traditions qui ont fait du hasard une méthode d’enrichissement des œuvres et expériences de fiction.
La deuxième partie du séminaire portera sur le traitement narratif des événements imprévus, particulièrement repérable dans la production sérielle : roman-feuilleton, bande dessinée à suivre, fiction télévisée. Qu’il s’agisse d’un départ de comédien, d’un nouvel arbitrage budgétaire ou d’un changement de format éditorial, le matériau narratif absorbe et reflète les aléas de sa production. Ce traitement, qui peut relever d’une scénarisation adaptative ou de la pure improvisation, suppose une mise à l’épreuve constante des composantes du récit que la narratologie classique tenait pour stables : genres fictionnels, personnages, intrigues, péripéties, etc.
Narratives Put to the Test of Chance
Initially based on closed determinist models, narratology has more recently taken an interest in practices and works that are open to uncertainty, incompleteness and the failure to complete. There are two ways that chance can intervene: as the deliberate insertion of a random-generating device into the process of creation (throwing dice, drawing cards, etc.) or as a source of “noise” external to the narrative work (health of the author, editorial incidents, etc.).
A first cycle of sessions will be devoted to the articulation – often problematic – between the fundamental structures of narrative and the random generation of narrative contents (textual fragments, characters endowed with variable traits, effects brought about by a simulation game, etc.). Various traditions will be studied that have made of chance a method for enriching works and experiences of fiction.
The second part of the seminar will look into the narrative treatment of unforeseen events, found particularly in serial productions such as serial novels, serial comic strips, TV fictions. Whether this involves the departure of an actor, a new budget arbitration or a change in editorial format, the narrative material absorbs and reflects the hazards of production. Such developments, which can result from adapting the script or from pure improvisation, trigger a constant testing of the components of narrative that classical narratology took to be stable: fictional genres, characters, plots, peripeties, etc.
Mardi 5 novembre : Anne Duprat (Université de Picardie Jules Verne et Institut Universitaire de France) : « In/out : le récit et l’aléa »
Mardi 19 novembre : Sébastien Wit (Université de Picardie Jules Verne) : « Hasard superstitieux et poétique du récit »
Mardi 3 décembre : Olivier Caïra (IUT Evry et EHESS), « Hasard et interactivité dans les storygames »
Mardi 17 décembre : John Pier (Université de Tours et CRAL), « Séries d’un autre genre : texte fermé, système ouvert »
Mardi 21 janvier : Sarah Troche (Université de Lille), « Mettre en récit le hasard : de l’accident à la méthode »
Mardi 4 février : Demian Battaglia (CNRS et Institut de Neurosciences des Systèmes, Aix-Marseille Université), « Raisonnements scientifiques à l’épreuve du hasard »
Mardi 3 mars : Collectif Bruit et Sérialité
Mardi 17 mars : Daniel Ferrer (ITEM- ENS/CNRS), « Accident et (récit de) genèse »
Mardi 31 mars : Jan Baetens (Université de Leuven), « Séquence narrative versus stase visuelle : le cas du ciné-roman-photo »
Mardi 21 avril : Anaïs Goudmand (Université de Lausanne), « Hasards de production et effets métaleptiques dans les séries télévisées »
Mardi 5 mai : Réjane Hamus-Vallée (Université d’Evry / Centre Pierre Naville), « Le hasard gagne toujours. La chasse aux goofs au cinéma »
Mardi 19 mai : Annick Louis (Université de Reims et CRAL), « Hasard, bruit et matérialité dans Buffy the Vampire Slayer »