Nous vous annonçons la parution dans la collection « Poétique » du Seuil, de l’ouvrage de Frédéric Weinman « Je suis mort ». Essai sur la narration autothanatographique.
Quel est le point commun entre Sixième Sens et Desperate Housewives, entre Le Superbe Squelette d’Alice Sebold et L’Attentat de Yasmina Khadra, entre La Douane de mer de Jean d’Ormesson et les Damnés de Chuck Palahniuk, entre La Voyageuse de Dominique Rolin et Barzakh de Juan Goytisolo ? Si différentes soient-elles, ces fictions sont toutes racontées par un mort. Elles participent d’un courant important de l’écriture du moi à l’époque de l’autofiction, et d’un changement capital dans la représentation du sujet et dans l’art narratif. En effet, si les voyages en enfer, les mémoires d’outre-tombe et les apparitions s’inscrivent dans une tradition fort ancienne, un tabou aussi vieux que la littérature interdisait de confier à un défunt la totalité du récit. Depuis le milieu des années 1980, la fiction que l’on pourrait nommer, à la suite de Derrida, « autothanatographique » s’est imposée comme une forme résolument nouvelle de la poétique de la mort. Comment et pourquoi fascine-t-elle des écrivains aussi divers ? Que nous apprend-elle sur notre rapport à la mort et sur notre façon d’en parler ? Et ne confirme-t-elle pas, en dernière analyse, la mort du roman ?