Vous trouverez ici un appel à contribution pour le panel « Négativité narrative » qui se tiendra à l’International Conference on Narrative, du 30 mai au 1er juin 2019 à l’Université de Navarre, Pampelune, Espagne.
Depuis ses tout débuts, la narratologie classique a établi un accès analytique à l’étude du récit qui comporte un large éventail d’implications positivistes, que ce soit la déduction de règles de composition génériques à partir d’une base de données de récits déterminée positivement (V. Propp) ou la définition du récit à travers l’énumération de qualités positives (ou définissables positivement), telles que l' »assurance » (G. Prince), l' »événementialité » (W. Schmid) ou la « clôture » (M.-L. Ryan). Bien que plusieurs auteurs – tels que Roman Ingarden, Wolfgang Iser, Julia Kristeva et Maurice Blanchot – aient à plusieurs reprises défini la « négativité radicale » comme étant la véritable « infrastructure des textes littéraires » (Iser), la négativité a été jusqu’ici négligée par les narratologues, probablement dû à la difficulté d’identifier ce phénomène au moyen de méthodologies établies (classiques ou postclassiques).
Notre panel propose d’orienter la discussion des artefacts narratifs et des définitions de la narrativité fondés sur la positivité vers ce que l’on pourrait appeler provisoirement le « côté négatif » des phénomènes narratifs – à savoir vers les structures narratives, les dynamiques, les fonctions et les effets dont la nature ne permettrait pas une conceptualisation positive, contredirait les qualités positives que les récits sont supposés avoir ou qui ne posséderait guère d’aspects « positivement » observables. Nous entendons inscrire ce panel dans la continuité de certaines réflexions sur la narrativité telles que, par exemple, la distinction proposée par Julia Kristeva entre « géno- » et « phéno- » texte, les thèses de Wolfgang Iser sur la « négativité radicale » qui soutiendrait tout récit, les recherches de Brian Richardson à propos des récits « non-naturels » et « anti-mimétiques », la distinction de Gerald Prince entre le « non-raconté » le « dis-raconté » et le « non-racontable », et la conception de Marie-Laure Ryan de la « virtualité ».
Les sujets pourraient s’inscrire dans les quatre axes qui suivent :
Négativité épistémique: Quels phénomènes narratifs résistent aux tentatives de théorisation positive ? Quelles structures et dynamiques narratives remettent en cause le paradigme de la définition analytique de la narrativité ? Les approches post-structuralistes peuvent fournir un cadre théorique adapté à cet axe de recherche.
Négativité linguistique: Les narratologues soulignent régulièrement la différence entre les contenus narratifs ou les structures d’un côté et les interprétations du récit de l’autre. Cependant, cette ligne de démarcation s’applique mal aux processus de formation du sens d’un texte narratif. En effet, les récits mettent en mouvement des dynamiques sémantiques complexes qui ne peuvent être directement reconduites au texte narratif tel qu’il est et à ses voix. À ce sujet, nous vous invitons à proposer des contributions qui (a) situent cette lacune linguistique au cœur de la signification narrative, (b) analysent concrètement les techniques par lesquelles certaines narrations parviennent à nous dire quelque chose sans la « raconter » ou (c) réfléchissent aux conséquences qu’une telle conception « a-linguistique » de la narrativité pourrait comporter sur la théorie du récit.
Négativité littéraire: L’une des difficultés de la théorie narrative consiste à séparer l’analyse narrative de l’évaluation narrative. Comment définir des qualités narratives ou un haut degré de narration sans évaluer ce qu’est un récit « bon », « littéraire », « ennuyeux » ou « mauvais »? Une approche normative-évaluative de la narration pose toutefois problème dans la mesure où les récits peuvent contester intentionnellement des normes littéraires et narratives positives (par exemple, principes de clôture, signification ou innovation littéraire) et des catégories (par exemple, des distinctions génériques entre la « littérature » et son équivalent « prosaïque »). Nous vous invitons à réfléchir à propos des différentes formes que peut assumer cette négativité littéraire des récits.
Négativité radicale: Peut-on s’interroger sur le rôle de la négativité dans un texte narratif sans devoir obligatoirement s’appuyer sur la distinction positif/négatif ? Peut-on concevoir une méthodologie centrée sur la recherche de la négativité d’un récit qui puisse se passer de certaines distinctions (post)classiques telles que récit mimétique/non-mimétique, naturel/non-naturel ?
Toute contribution qui ne correspondrait à aucun de ces quatre axes est également la bienvenue. Veuillez soumettre un résumé de 200 mots et des informations bio-bibliographiques, y compris votre affiliation institutionnelle, jusqu’au 31 octobre 2018 aux deux organisateurs du panel :
Eva Sabine Wagner: es.wagner@gmx.net
Antonino Sorci: antosorci@hotmail.it
Veuillez indiquer « ISSN 2019 negativity: proposition » comme objet de vos propositions.
Retrouvez l’annonce sur Fabula: https://www.fabula.org/actualites/panel-negativite-narrative-2019-international-conference-on-narrative-pampelune_86906.php