Parfois assimilée à une « crise de la conscience européenne » (Paul Hazard), la période des années 1680-1715 est marquée par une grande effervescence intellectuelle, au sein de laquelle s’exprime la revendication de la liberté de pensée. Cette époque charnière gagne aujourd’hui à être réinterprétée à travers les multiples écrits de combat auxquels elle a donné naissance.
Le présent volume entend explorer, dans une perspective interdisciplinaire, les divers types de controverses qui ont agité les milieux savants au tournant des XVIIe et XVIIIe siècles. Car entrer dans les espaces de la controverse durant cette période, c’est faire face à une foisonnante production polémique qui a investi avec force des domaines particulièrement sensibles : ceux de la religion (indissociablement lié aux luttes confessionnelles et à la révocation de l’Édit de Nantes); de la littérature (où la « Querelle des Anciens et des Modernes » bat son plein); de la politique (où émerge la critique du modèle louisquatorzien) et enfin de la science (où la révolution newtonienne occupe une place prépondérante).
Issu d’un colloque organisé à l’Université de Lausanne en février 2008, cet ouvrage codirigé par Léonard Burnand (Section d’histoire, Institut Benjamin Constant) et Adrien Paschoud rappelle à quel point la controverse représente un massif textuel omniprésent au coeur de la vie intellectuelle de l’Ancien Régime. Ainsi, il contribue à mesurer l’apport du discours polémique dans la constitution des savoirs durant la seconde partie du règne de Louis XIV.
Léonard Burnand et Adrien Paschoud (dir.), Espaces de la controverse au seuil des Lumières (1680-1715), Paris, Honoré Champion, 2010.
