Delphine Gilliard, doctorante à l’Institut des sciences de la Terre, a participé, du 31 août au 6 octobre 2021, à une campagne d’échantillonnage sous-marin près des Açores, effectuée par une équipe interdisciplinaire, à bord du bateau de recherche allemand Meteor.
Une expérience nouvelle pour elle et un peu unique, qu’elle nous fait partager dans un carnet de bord en quatre volets, à déguster au long de l’été.
Première partie – Le projet
La campagne d’échantillonnage du système hydrothermal sous-marin du «Rainbow vent» a été menée à bord du bateau de recherche allemand Meteor, sous la direction de l’Institut allemand GEOMAR. Nous avons pris la mer depuis le port de Emden le 31 août 2021 et accosté le 6 octobre 2021 dans le même port.
Le but de cette expédition était d’échantillonner avec une grande résolution (beaucoup d’échantillons sur un petit espace) puis d’analyser de l’eau de mer, des sédiments et de l’eau interstitielle au-dessus du système hydrothermal et dans son voisinage proche (principalement dans le sens du courant marin).
L’objectif ? Mieux comprendre le fonctionnement biogéophysique de cet environnement à petite échelle géographique.
Les recherches effectuées à bord étaient diverses et multidisciplinaires. Ainsi, des scientifiques s’intéressaient au phytoplancton, à des éléments chimiques comme le mercure, le thorium, le radium, le chrome, la composition chimique de l’eau comme les nutriments ou l’oxygène. Les expéditions scientifiques en mer sillonnent parfois des mers entières et des portions immenses d’océan. Dans notre cas, nous nous étions focalisés sur une toute petite parcelle de l’océan Atlantique. Les analyses menées à bord et plus tard dans des laboratoires continentaux nous permettront de mieux comprendre l’interaction physico-chimique entre certains éléments, leur comportement en tant que particules et leurs interactions avec leur environnement.
Ma recherche sur le chrome
Mon travail de recherche à l’UNIL est basé sur l’étude du chrome dans l’eau de mer, l’eau interstitielle (entre les sédiments) et les sédiments. Le chrome en concentration naturelle dans l’environnement marin suscite notre intérêt car cet élément pourrait être relié à la productivité de l’océan, c’est-à-dire à sa capacité d’exporter et de stocker du CO2 dans les fonds marins (sédiments) via le phytoplancton principalement. Les études menées sur ce sujet restent peu abondantes et des zones d’ombres persistent.
Bien comprendre le cycle du chrome dans les océans et ses interactions avec son environnement suppose une approche globale. Le chrome dans les systèmes hydrothermaux, comme le «rainbow vent», est très peu documenté. C’est la raison pour laquelle nous étions intéressés à participer à cette expédition, pour mieux comprendre l’impact du «chrome hydrothermal» dans le cycle global du chrome dans les océans.