Vers plus d’inclusivité sur le terrain : un guide en gestation

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Floreana Miesen est technicienne de terrain et collabore à divers projets à l’Institut des dynamiques de la surface terrestre (IDYST). Natalie Emch est conseillère en équité, diversité et inclusion (EDI) à la Faculté des géosciences et de l’environnement. En participant à ce groupe de réflexion, elles souhaitent que le terrain soit une expérience professionnelle et d’apprentissage positive pour toutes et tous. Trois autres personnes travaillent également au sein du groupe : Prof. Georgina King, Dr Ian Delaney et Léa Rodari.

Le travail sur le terrain constitue un élément crucial de l’enseignement et de la recherche en géographie et en sciences de la Terre et de l’environnement. Il joue souvent un rôle décisif dans la trajectoire professionnelle des étudiantes et étudiants et dans la réalisation des objectifs de recherche. La reconnaissance de son importance soulève une préoccupation : comment rendre le travail sur le terrain aussi inclusif et accessible que possible ?

Pour répondre à cette question, Floreana Miesen et Natalie Emch participent activement à un groupe de travail chargé d’élaborer une boîte à outils afin d’améliorer l’accessibilité des camps de terrain. Le but est de proposer des solutions qui répondent aux divers besoins, en intégrant dans la réflexion l’ensemble de la communauté estudiantine et de recherche.

Pouvez-vous nous dire davantage sur ce groupe de travail « bonnes pratiques pour le travail sur le terrain » ?

N.E : Le groupe de travail s’efforce de rassembler les expériences et conseils des membres de la Faculté de géosciences de l’environnement issus de perspectives et d’instituts différents. Notre objectif est de produire un Manuel de bonnes pratiques – une ressource utile à la fois pour le personnel enseignant et le corps estudiantin. Il s’agira d’un document d’appui pour la préparation et l’organisation de tout type de camp de terrain que ce soit dans un objectif d’enseignement ou de recherche. À la différence d’un ensemble de règles ou de directives rigides, le manuel vise à inspirer et à guider. Il couvre des aspects tels que la communication, les installations sanitaires, l’accessibilité au matériel, pour ne citer que quelques exemples. Nous aimerions que la communauté sache qu’il existe une structure de soutien à la faculté pour relever les défis liés au terrain.

Quel sera le contenu de ce manuel ?

F.M. : Le document est structuré autour de questions simples destinées au personnel enseignant et aux participant·es. Elles portent sur des questions de sécurité et de bien -être. Par exemple : « Les personnes participantes ont-elles été informées du programme journalier, de la couverture du réseau de téléphonie mobile, des coutumes locales, de l’équipement à apporter et de la manière de l’obtenir… ? » « En tant que participant·e, suis-je mal à l’aise sur une question que je souhaite soulever avec les responsables ? » « Y a-t-il des contraintes dont je pourrais faire part à l’équipe d’organisation, telles que des responsabilités familiales ? »

L’important est de favoriser une communication en temps utile et un dialogue ouvert entre l’équipe d’organisation et les participants et participantes. Cette initiative vise à sensibiliser au fait que les étudiant·es n’osent peut-être pas exprimer des préoccupations importantes, telles que la sécurité et les besoins personnels. Il est essentiel d’éviter de supposer que tout le monde a un sac de couchage, est allé au sommet de montagnes ou est libéré de ses obligations familiales !

« L’objectif du document est d’éliminer les obstacles qui peuvent entraver la participation et l’apprentissage, et de créer des conditions sûres et agréables pour tout le monde. »


Floreana Miesen

Un travail en cours – votre apport est le bienvenu !

Vous étudiez, enseignez, êtes impliqué·e dans la recherche à la FGSE ? Vous souhaitez partager votre expérience sur le terrain ? Ou vous voulez simplement en savoir davantage ? N’hésitez pas à contacter le groupe de travail.

Nous continuons à recueillir des contributions provenant de différents points de vue et des trois instituts. Entre autres, nous accueillons volontiers des suggestions sur les points suivants :

  • Quel type de soutien est nécessaire pour organiser un camp de terrain réussi ? (Formation sur la gestion des conflits, sur la manière de gérer l’anxiété… ?)
  • De quelles informations avez-vous besoin pour vous préparer à participer à un camp de terrain en toute confiance ?

Pourquoi ce projet de guide de bonnes pratiques ?

N.E. : L’UNIL s’est engagée à améliorer le bien-être de ses membres et l’inclusion des personnes, indépendamment de leur sexe, de leur origine ethnique ou migratoire, de leur handicap… Ce travail est donc une contribution à l’ambition de l’UNIL de lutter contre l’inégalité. Les questions de sécurité et d’intégrité personnelle sur le terrain font partie du plan d’action de l’UNIL pour l’égalité, la diversité et l’inclusion et notre groupe de travail s’inscrit dans cet engagement.

« Lorsque les gens se sentent en sécurité, respectés, valorisés et soutenus, ils sont en mesure de contribuer activement. »

Natalie Emch

Natalie Emch, pourquoi ce projet est-il important pour vous ? 

N. E. : Lorsque je suis arrivée en 2022, un atelier animé par Ann Rowan (Université de Bergen, Norvège) venait d’avoir lieu à la FGSE. Il abordait la question de l’inclusion dans le travail de terrain. 

Les commentaires des étudiant·es ont mis en lumière que le travail sur le terrain était très apprécié, car il permet d’acquérir un savoir-faire scientifique et pratique distinct de celui de la salle de cours. Cependant, des inquiétudes, un certain manque de clarté concernant les responsabilités et les conditions de travail sur le terrain qui peuvent interférer avec l’apprentissage ont aussi été exprimés. Nous avons observé qu’en raison des structures hiérarchiques et du fait que les étudiant·es sont évalués, il leur est parfois mal aisé de s’exprimer.

C’est à partir de là qu’est née la décision de créer un groupe de travail pour traiter cette question et d’élaborer un manuel de bonnes pratiques. En tant que conseillère EDI au sein de la FGSE, j’ai adhéré à ce projet et j’espère que ce travail attirera davantage de diversité dans le domaine.

Pour Floreana, le travail sur le terrain est l’occasion de voir et de sentir les paysages étudiés. (Photo : Nikola Schulte-Kellinghaus)

Floreana Miesen, pourquoi ce projet est-il important pour vous ? 

F. M. : J’aime tout ce qui a trait au travail sur le terrain. Pendant mes études de géographie en Allemagne, j’ai eu l’occasion de participer à de nombreux cours et recherches sur le terrain. J’avais le sentiment que c’était vraiment une des meilleures façons d’apprendre. Le travail sur le terrain a été ma motivation pour postuler à ce poste à l’IDYST. Aujourd’hui encore, j’apprécie la diversité des projets et des manières de faire sur le terrain. 

Cependant, je constate que le corps estudiantin est parfois confronté à des difficultés. Par exemple, ielles se sentent parfois dépassé·es par le décalage entre leur expérience de randonnées en privé et la rigueur du travail sur un terrain montagneux.

Je suis convaincue que pour se concentrer sur les objectifs d’apprentissage, les étudiant·es ne doivent pas se préoccuper de gérer les défis liés aux besoins personnels exacerbés par un stage sur le terrain. En abordant des questions telles que les exigences en matière de condition physique, les contraintes personnelles ou les limitations financières, ce manuel propose des stratégies visant à réduire les obstacles à l’entrée.

« J’aimerais transmettre mon enthousiasme pour le travail sur le terrain et faire en sorte que davantage de personnes puissent profiter pleinement de cette expérience. »

Floreana Miesen

Liens et info complémentaires 

Une démarche FGSE sur le bien-être et la sécurité à plusieurs volets

La FGSE a à cœur de protéger ses étudiant·es et ses collaborateur·rices et d’améliorer les conditions d’étude et de recherche à tous points de vue, à travers différents organes (Comité d’hygiène et sécurité, Commission de l’égalité, Commission d’éthique, soutiens internes aux collaborateurs), et aussi par des démarches plus informelles comme celle de la réalisation de ce Manuel.

Le Manuel de bonnes pratiques pour le travail sur le terrain en gestation est conçu d’abord comme une liste de recommandations, et n’a pas une portée contraignante comme les deux directives du Décanat, terrain (Directive à l’intention des membres de la FGSE sur la sécurité et les mesures de protection pour le travail de terrain) et activités hors-campus (Directive FGSE pour les travaux de recherche impliquant des déplacements à l’étranger).

La directive terrain requiert essentiellement de chaque personne concernée par des travaux de terrain de pratiquer préalablement une évaluation des risques adéquate, de manière autonome et personnelle. Elle s’intéresse plutôt, mais pas uniquement, à la sécurité physique dans les camps de terrain, alors que le Manuel de bonnes pratiques est centré sur la sécurité émotionnelle et l’intégrité personnelles des personnes participant à des camps ou excursions, de manière à les rendre plus accessibles. 

Ce Manuel en devenir développe, approfondit et vient aussi compléter très utilement des notions qui figurent dans la seconde directive, consacrée aux éléments à prendre en compte plus généralement lors des activités hors campus.

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