Les 5-6 novembre 2021, le séminaire ARCHAS a accueilli Charles Di Meglio, comédien spécialisé en jeu baroque, metteur en scène et directeur de la Compagnie Oghma, pour un atelier exceptionnel : la Masterclasse de jeu farcesque (XVe-XVIIe s.). Les douze participants du séminaire ont travaillé sur l’interprétation scénique des deux farces jouées en Pays de Vaud autour de 1520, La Fontaine de Jouvence et La Présentation des joyeux, en expérimentant le jeu rhétorique au plateau et dans les environnements de la RVI.
Farce et jeu rhétorique
Au cours de la Masterclasse, le jeu rhétorique est apparu moins comme une codification contraignante que comme une grammaire corporelle qui permet de créer une proposition de jeu souple, suggestive et personnalisée. Les exercices de mise en scène ont permis une meilleure compréhension de différents éléments constituant l’univers farcesque, notamment le fonctionnement des personnages ou la structure rythmée des pièces. La mise en voix et la mise en corps des répliques ont éclairé le rôle scénique des ressorts comiques typiques de ce genre tels la ruse ou la rivalité, que la lecture à table ne permettait pas de percevoir pleinement.
Farceurs immergés
Les étudiants ont transposé leurs propositions de mise en scène « rhétorique » des pièces dans l’espace virtuel qui évoque les conditions du jeu sur tréteaux au milieu d’une place publique. La confrontation avec cet environnement historiquement informé, rempli d’un public d’avatars réactifs, s’est avérée utile pour prendre conscience des enjeux de la représentation théâtrale en milieu urbain entre le XIIIe et le XVIIIe s. Le dispositif de la RVI est néanmoins devenu un élément perturbateur qui a impacté la mémoire corporelle et l’expression gestuelle de l’acteur immergé. Ceci a nourri des discussions sur la perception des corps acteurs au plateau, lorsque ceux-ci répondent aux stimuli de l’environnement physique et immédiat, en même temps que dans l’espace virtuel.