Rencontre avec Jocelyne Müller, pasteure

En complément de l’article « Dans la cathédrale, les animaux rejouent la lutte du Bien et du Mal » paru dans Allez savoir ! 55

A l’accueil de la cathédrale, situé dans la Tour sud, on peut obtenir un dépliant qui donne des informations supplémentaires sur les animaux sculptés, ainsi qu’un plan bien commode pour partir à la découverte des animaux.

Le portail occidental, qui date du tournant du XXe siècle, comporte tout un bestiaire qui attire le regard vers le haut : une louange à la Création. Signalons par exemple, très haut sur la voussure droite, au-dessus de David, un Jonas rejeté par le grand poisson.

A la hauteur du visiteur, de chaque côté des portes en bois, ce sont les attributs des Evangélistes qui sont postés. On y trouve donc le bœuf (Luc), l’aigle (Jean), l’ange (Matthieu) et le lion (Marc). Il s’agit d’une représentation du tétramorphe, ou les « quatre vivants », dont l’origine est à chercher du côté du Livre d’Ezéchiel (« Quand à la figure de leurs faces, ils avaient tous une face d’homme, tous quatre une face de lion à droite, tous quatre une face de boeuf à gauche, et tous quatre une face d’aigle. » – Ez 1 :10).

Après l’entrée, dans le porche, se dresse le tombeau baroque d’Henriette Canning. Le délicat papillon qui se cache à l’arrière est une image de l’âme après la résurrection, la mort étant symbolisée par l’étape de la chrysalide. De l’autre côté est gravé un ouroboros, c’est à dire un serpent qui se mord la queue, pour signifier le cycle de la nature.

Le portail peint, au sud, date du XIIIe siècle. Il est également riche en animaux. Un dépliant également disponible à l’accueil donne des détails à son sujet. Que ce soit du côté ouest (les prophètes de l’Ancienne alliance) ou côté est (les personnages de la Nouvelle alliance), les figures se tiennent debout sur des consoles, et dominent des monstres ou des hybrides. Avant le XVIe siècle, pèlerins et visiteurs entraient par cet accès et avaient ainsi une représentation de la victoire du Bien sur le Mal. A noter, au-dessus du Christ du tympan, l’agneau vexillifère, avec la croix et l’étendard de la victoire.

Dans le sanctuaire se trouve le monument funéraire le plus important de la cathédrale : le tombeau d’Othon 1er de Grandson. Ce dernier comporte trois lions. Au Moyen-Age, cet animal est devenu le seigneur des animaux, au détriment de l’ours (pour davantage de détails : lire L’Ours, histoire d’un roi déchu, de Michel Pastoureau, paru au Seuil).

Le Physiologus, bestiaire antique qui avait de l’influence au Moyen-Age, prête trois qualités au lion, en lien avec les trois temps de la révélation du Christ. Poursuivi par des chasseurs, il effacerait ses traces avec sa queue. Comme le Christ quand il est né de la Vierge (l’incarnation). Ensuite, il dormirait les yeux ouverts. A rapprocher de la nature divine du Christ, qui veillait alors qu’il était sur la croix (la passion). Enfin, ses petits étaient censés mourir à leur naissance. Trois jours plus tard, l’adulte souffle sur eux afin de les ramener à la vie (la résurrection).

Il faut ajouter que le lion symbolise la royauté, la puissance. Le fauve est également effrayant, et parfois l’ennemi à vaincre, ainsi que le fait Samson dans le Livre des Juges (14 ; 5 et 14 ; 6). On le voit, un animal peut posséder des significations très variées, ce qui incite à la prudence dans les interprétations.

Un tour dans le déambulatoire permet d’aborder un autre aspect des animaux de la cathédrale : l’ornementation des meubles funéraires. Ainsi, ceux des De Crousaz comportent des griffons : le roi du Ciel (l’aigle) et le roi de la Terre (le lion) fusionnent en un seul être, ce qui évoque Jésus. Tout près, des paons picorent les fruits de l’arbre de vie. Cet animal est également devenu un symbole du Christ, car on pensait sa chair imputrescible (ce qui renvoie à l’immortalité), et on imaginait qu’il perdait les plumes de sa queue fin août, pour les voir réapparaître à Noël.

Dans la nef, entre la 4e et la 5e travée, on peut voir une chaire. Elle présente des armes parlantes, celle des Fischer, où figure… un poisson. De symboles, les animaux deviennent ensuite source de jeux de mots.

A télécharger : l’application pour smartphones « Cathédrale de Lausanne » propose des informations sur l’édifice. http://infocom.eerv.ch/leerv-sur-votre-smartphone/

 

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