Reportage chez Ovomaltine

Arrêts sur images

Un travail sur les photographies du fonds Hans Steiner a été engagé dans le cadre d’un séminaire interdisciplinaire dirigé par Philippe Kaenel (Section d’histoire de l’art) et François Vallotton (Section d’histoire) au cours du semestre d’été 2007. Suite à ce séminaire, les étudiant(e)s ont poursuivi leurs recherches et nous proposent d’explorer quelques thématiques définies.

Dans les planches-contacts de Hans Steiner, la série 414f, dédiée à la fabrication de l’Ovomaltine, porte la mention « Priv. Auftrag : Dr. A Wander AG. », signalant que la série de 60 clichés est une commande privée de la maison Wander, qui lança également la production du Caotina en 1963.

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L’ovomaltine, elle, est plus ancienne puisqu’on doit son élaboration au Dr. Georg Wander, père d’Albert, dont l’entreprise porte toujours le nom. C’est à Berne, en 1865, que ce pharmacien nutritionniste, à la suite de plusieurs années de recherches sur le malt, produit à base de graines d’orge germées, élabore un procédé pour isoler et conserver la saveur de cet élément nutritionnel un peu particulier.

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En effet, la sagesse populaire a longtemps considéré le malt comme un nutriment particulièrement digeste et plein de vitamines. Confortant ces théories par ses analyses, le Dr. Georg Wander va développer un produit à base d’extrait de malt, à destination des plus jeunes.

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Lorsqu’Albert Wander, fils du pharmacien et lui-même chimiste, reprend en 1897 l’entreprise familiale naissante, il va faire évoluer le produit initial en ajoutant à la recette de son père les éléments qui vont faire l’Ovomaltine que nous connaissons aujourd’hui : lait, oeuf et cacao.

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Après plusieurs années d’expérimentations et d’affinage, l’Ovomaltine est lancée sur le marché. En effet, en 1904 le produit fait son apparition dans les rayons des pharmacies mais ne tarde pas à être également distribué auprès du grand public. Deux ans plus tard, les premières exportations commencent (sous le nom d’Ovaltine en Angleterre et aux Etats-Unis, vraisemblablement à cause d’une faute d’orthographe lors du remplissage d’un formulaire d’exportation). Tout porte à croire que l’entreprise est une réussite puisque dès 1913, une fabrique est créée à Kings Langley, en Angleterre, aujourd’hui encore le plus grand marché pour Ovomaltine.

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Dès 1923, l’entreprise Wander noue des contacts dans le monde du sport où elle se forme une image de marque dynamique en offrant des ravitaillements lors de grandes compétitions (de nombreuses éditions des Jeux Olympiques, par exemple). Dès lors, ses publicités mettent régulièrement en scène des sportifs de haut niveau.

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Les planches de Hans Steiner ne sont pas datées. Le seul indice réside dans l’emballage des boîtes d’Ovomaltine. En effet, ce dernier a régulièrement évolué au cours des décenies et les emballages photographiés sur le cliché ci-dessous ne peuvent pas avoir été produits après 1954 !

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Lors de sa visite, le photographe ne parcourt pas toutes les étapes de la chaîne de production. Il axe son reportage sur le lait et le conditionnement, alors que les autres composants (malt et oeufs) ne sont pas traités. On trouve donc de nombreux clichés de boilles à lait, gravées au nom de la société et allignées selon une rigueur toute helvétique. Les analyse de qualité de ce lait sont ensuite le sujet de bon nombre de photographies, mettant en scène le chimiste en blouse blanche, les lunettes savantes sur le nez. Par contre, l’extraction du malt, les mélanges et le séchage du produit ne sont pas du tout documentés par Hans Steiner.

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Dans les dernières planches, alors que jusqu’alors peu de personnel avait été photographié, on trouve quelques images d’employées remplissant les sachets de la célèbre poudre maltée, ainsi que d’impressionnants dépôts, dont les caisses estampillées « Ovomaltine » sont marquées d’un intriguant « Bangkok ».

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Note : Depuis 2002, Wander AG. n’est plus une entreprise suisse mais britannique.

Photographies: © Hans Steiner / Musée de l’Elysée, Lausanne