Sous session 3.A. Promouvoir des pédagogies au service du vivant (réseau Pédagau)
Depuis quelques années, le vivant sous toutes ses formes (humanité, faune, flore) reprend une place centrale au cœur des stratégies de planification, des règlements d’urbanisme (ZAN) et des projets d’architecture, de ville et de territoire. Les cours d’eau et les arbres se voient ainsi reconnaître une identité juridique et des parlements leur sont dédiés qui dépassent la simple reconnaissance de leur valeur éco-systémique (chartes de l’arbre, parlements du fleuve Loire ou des arbres à Grenoble, etc.). Elu·es et professionnel·les de l’urbain cherchent désormais à coupler amélioration de la biodiversité et de la qualité de vie des habitants par des opérations de restauration écologique, végétalisation du bâti, désartificialisation des sols, etc. Cette évolution, qui est contradictoire avec l’idée même d’aménagement du territoire et de développement économique nécessite-t-il de la part des urbanistes un changement de regard ou de lunette (Secchi) afin d’avoir une meilleure compréhension des logiques de fonctionnement du vivant dans nos territoires ? Comment l’enseignement de l’urbanisme se saisit-il de ces enjeux ? Comment former les étudiant·es en urbanisme et aménagement à ces nouveaux enjeux et méthodes ? Est-il possible de transformer et adapter les pédagogies existantes ou les enjeux de prise en compte du vivant imposent-ils un changement de paradigme ? Quels enseignements tirons-nous des innovations pédagogiques (théoriques, situationnelles, expérimentales, collaboratives) faites en ce sens ? Quels outils déployons-nous (cours théoriques, ateliers, visites de terrain, stages, exposition, SIG) pour nous adapter ? Quels rapports entretenons-nous pédagogiquement avec les autres disciplines concourant à la fabrique des territoires (architecture, ingénierie, géographie, écologie scientifique, paysage, etc.) ?
Sous session 3.B. Apprendre par le jeu ? Apports et limites des dispositifs pédagogiques ludiques pour l’enseignement en urbanisme et aménagement (réseau Pédagau)
Dès les années 1970 aux Etats-Unis mais également en Europe, les jeux dits « sérieux » qu’ils s’agissent d’outils de simulation urbaine, de jeux de rôle ou de construction ont été utilisés comme des outils heuristique visant à faire comprendre la pratique de l’urbanisme, les enjeux et les jeux d’acteurs associés (Dupuy, 1972 ; Préteceille, 1973). Cet intérêt du jeu sérieux comme outil de la pratique de l’urbanisme reste très actuel. La dernière décennie a ainsi vu un foisonnement de jeux urbains (pour un aperçu : https://www.ville-jeux.com/), aux objectifs, finalités et fonctionnements très différents mais reposant sur une vision commune du jeu comme outil heuristique permettant de comprendre la complexité du fonctionnement des villes et des pratiques de l’urbanisme (Prévôt, Monin, Douay, 2020). Les jeux ont été également utilisés comme des outils de modélisation urbaine (Henriot et Molines, 2020) ou comme des dispositifs participatifs visant à faire participer les habitants à l’élaboration des politiques et projets urbains. Dans les démarches participatives, le jeu est alors utilisé comme outil de médiation pour expliquer des processus urbains mais également recueillir des réactions, avis, positions d’experts, de citoyens, d’habitants associés au processus de décision.
Outil de la pratique de l’urbanisme, les jeux sont également, comme pour de nombreux autres disciplines (géographie, architecture, gestion, etc.), des outils de l’enseignement en urbanisme et en aménagement, parmi d’autres dispositifs de pédagogie active centrés sur l’étudiant. Ils prennent différentes formes qu’il s’agisse de jeux de rôle, de jeux de plateau, de jeux de simulation numérique (Henriot et Molines, 2021) ou de maquettes (Buyck et al., 2020) et sont mis en oeuvre en classe ou à l’extérieur (jeu de piste, chasse au trésor). Si ces méthodes pédagogiques se diffusent et tendent à intégrer les formations en urbanisme et aménagement (comme l’illustre l’exemple du jeu Urbax, Vilmin, 2020), elles soulèvent également des questions importantes sur la conception des jeux, leurs usages et leurs effets sur les apprentissages. Sur ce point, certains auteurs soulignent par exemple que si le jeu permet de mobiliser les étudiants, de les aider à entrer dans des apprentissages, de les faire participer ou de favoriser les collaborations au sein de groupes, leurs apports sont indissociables de la permanence d’autres formes plus classiques d’enseignement (Pojani et Rocco, 2020).
Dans la continuité de différents travaux récents sur l’usage des jeux sérieux en urbanisme (Prévôt et al., 2020), cette session propose d’aborder la question de l’usage du jeu dans les enseignements et pratiques pédagogiques en urbanisme et aménagement. En effet si cette question des pédagogies par le jeu est un sujet important en science de l’éducation, en lien avec la question plus vaste des rapports entre jouer et apprendre, cette question apparaît encore peu explorée dans les travaux sur les pratiques pédagogiques en urbanisme. Quels sont les recours à ces pratiques pédagogiques dans les enseignements en urbanisme et aménagement ? Quels types de jeu sérieux sont utilisés ? Existent-ils des spécificités du jeu sérieux propres à l’urbanisme et l’aménagement urbain ? Que nous disent les pratiques du jeu sérieux dans les disciplines voisines (architecture, géographie, paysage, etc.) ? Comment les enseignements fondés sur des jeux se déroulent-ils ? Quelles sont les effets du recours à des dispositifs pédagogiques mobilisant le jeu en termes d’apprentissages ? Identifie-t-on des limites à la ludification des enseignements ? et enfin, les jeux sont-ils pris au sérieux par les employeurs potentiels des jeunes urbanistes ?