Paul Bissegger, «Vevey: boucherie, hôpital, tour Saint-Jean et hôtel de Ville. L’administration communale dans tous ses états»

Le sie?ge de l’administration communale de Vevey s’est de?veloppe? par e?tapes et se compose donc d’e?le?ments he?te?roge?nes. Il comprend des structures lie?es a? l’ancienne boucherie me?die?vale et a? l’hôpital du Vieux-Mazel avec la tour Saint-Jean, implante?e sur le chœur d’une ancienne chapelle. Cet ensemble, devenu « maison de Ville » ou? se sont re?unies de?s le XIVe sie?cle les autorite?s communales, a e?te? comple?te? au de?but du XVIIIe sie?cle par un hôtel de Ville emble?matique rattache? aux structures anciennes par deux petites ailes, elles-mêmes remplace?es en 1988 par une grande verrie?re qui re?unit aujourd’hui les deux parties.
Au centre d’une intense activite? caritative, administrative et e?conomique, les bâtiments e?tudie?s ici re?sultent d’une e?volution de près de sept sie?cles. Ce complexe architectural a contribue? a? soulager la pauvrete?, les infirmite?s, la mise?re, voire le de?sespoir re?sultant de l’incendie de la ville. Mais les cloches de Saint-Jean n’ont pas sonne? que le glas et le tocsin, elles ont e?galement tinte? les heures claires. Ces e?difices te?moignent en effet du dynamisme, du sens communautaire et de la forte capacite? de re?silience dont ont fait preuve a? la fois la population et les autorite?s. Elles ont su doter leur ville d’un majestueux e?difice public, stylistiquement tre?s avance? pour son e?poque, et affichant l’incontestable prospe?rite? et vitalite? de ce pôle commercial et culturel du Haut Le?man.

Eloi Contesse, «Détruire un temple. Le cas de Peney (commune de Vuiteboeuf, VD)»

Les motivations menant aux de?molitions d’e?glises ou de chapelles villageoises paraissent souvent e?tranges au premier abord. En effet, qu’est-ce qui peut conduire une commune rurale a? de?truire son lieu de culte, alors que celui-ci en constitue tre?s souvent le cœur social, si ce n’est ge?ographique? Au même titre que les cathe?drales ou les colle?giales contribuent de manie?re importante a? l’identite? des chefs-lieux de nos cantons, on peut intuitivement – et peut-être un peu naïvement – conclure que les e?glises anciennes participent de manie?re centrale a? la construction et au maintien des identite?s villageoises. De?s lors, pour quelles raisons voudrait-on renoncer a? les conserver?
Le cas de Peney constitue une occasion de mieux comprendre les raisons menant a? la de?molition d’une e?glise. A cette fin, les e?ve?nements qui ont conduit a? la destruction du temple de Peney ont e?te? reconstitue?s au travers des sources disponibles.

Laura Bottiglieri, «Quand la forme est au service de la fonction. L’Ecole supérieure de commerce de Lausanne (1913-1915)»

Le bâtiment de l’Ecole supérieure de commerce – actuel Gymnase de Beaulieu -, fête cette année ses 100 ans d’existence. Pourtant, le chemin qui aboutit, en 1913, a? la pose de sa premie?re pierre a été long et parsemé d’embûches.
De manie?re générale, l’ancienne Ecole de commerce a conserve? une part importante de sa substance d’origine malgre? les remaniements essentiellement engendre?s par l’accroissement constant des effectifs et le manque re?current de locaux qui en a de?coule?. La diversite? du vocabulaire architectural s’y nourrit de traditions locales et de multiples influences.

Nathalie Blancardi, avec Margot Daeppen, «Archives de verre. La première photothèque d’art et d’archéologie de la Faculté des Lettres de l’Université de Lausanne (1900-1950)»

L’ave?nement des projections dans les cours d’histoire de l’art correspond a? un moment ou? la me?thodologie des chercheurs est renouvele?e. Avec les vues photographiques, le regard sur les œuvres, et non plus seulement le discours sur les œuvres, est au cœur de la leçon. Les historiens de l’art de la fin du XIXe sie?cle ont eu conscience du changement amene? par la photographie et l’ont the?orisé.
La Faculte? des Lettres de l’Université de Lausanne posse?de un fonds ancien de 10324 plaques photographiques d’art et d’arche?ologie qu’elle utilisait pour ses enseignements. Il est classe?, selon des séries ge?ographiques et the?matiques, dans quelque 80 boîtes vertes en carton et une armoire a? tiroirs. Un inventaire re?cent comple?te? par des documents des archives de l’Université permet de retracer l’histoire de cette collection de clichés sur verre, et de les situer

Anne-Gaëlle Neipp, «La circulation des motifs dans l’oeuvre de Gustave de Beaumont. Entre modèles médiévaux, restaurations et créations»

Gustave de Beaumont (1851-1922) est un artiste genevois polyvalent, pratiquant aussi bien la peinture de chevalet que la peinture monumentale, et s’adonnant aussi parfois à la restauration de fresques médiévales. Formé à l’Ecole des Beaux-Arts de Genève dans la classe de Barthélemy Menn, puis dans l’atelier de Jean-Léon Jérôme à Paris, ses sujets de prédilection sont la peinture de paysage et les scènes de genre, ce qui ne l’empêche pas d’avoir recours à un registre historique et allégorique dans sa peinture monumentale.
L’étude de l’œuvre de cet artiste dans le cadre d’un mémoire de master, à travers une approche confrontant ses restaurations (décors peints de la chapelle des Macchabées et de l’église Saint-Gervais, à Genève) et ses œuvres monumentales de création dans le canton de Genève (Villa à Pressy, église de Confignon, mairie des Eaux-Vives), a permis de mettre en évidence la réutilisation de certains motifs entre ces différents champs d’action.

«Recherches récentes sur la peinture et la sculpture médiévales en Pays de Vaud»

Par Mona Bechaalany, Vanessa Diener, Lorena Ehrbar, Azul Joliat, sous la direction de Brigitte Pradervand

L’ambition du séminaire d’histoire de l’art de l’UNIL de 2014-2015, composé d’étudiants de bachelor en Architecture et Patrimoine, fut d’étudier un certain nombre de décors proches de Lausanne; ceux-ci, parfois modestes, parfois mal conservés, devraient faire l’objet d’un inventaire exhaustif, faisant toujours défaut à ce jour. De nombreuses peintures murales, quelquefois très fragmentaires, mais aussi de nouveaux ensembles ont été découverts depuis les années 1970 et méritent que l’on s’y penche.
Très vite, plusieurs sites firent l’objet d’une attention soutenue et révélèrent quelques aspects inédits ou des relations avec d’autres décors qui n’avaient pas encore été mises en évidence. Plusieurs étudiants se prirent au jeu et leur enthousiasme généra quelques bons travaux dont quelques-uns sont présentés ici. Trois études sur la peinture (églises de Chardonne, de Corsier-sur-Vevey, de Saint-Prex et de Lutry) et une hypothèse pour une sculpture (fontaine du banneret, à Payerne) forment ainsi ce petit éclairage sur les travaux de nos étudiants dans le domaine patrimonial régional d’une richesse toujours insoupçonnée.

Paul Bissegger, «Wikipedia: une vitrine sous-utilisée par les historiens des monuments!»

La simple évocation d’une contribution à Wikipédia suscite souvent une étincelle d’étonnement dans les yeux de collègues, accompagnée d’une involontaire et presque imperceptible moue dépréciative vite cachée par un intérêt poli, mais distant. En effet, cette encyclopédie numérique n’a pas toujours bonne presse auprès des intellectuels, qui lui reprochent (avec raison, d’ailleurs!) la qualité parfois médiocre des textes. Ils déplorent en outre l’anonymat des notices et tendent à cultiver des préjugés relatifs à un soi-disant pillage des travaux scientifiques, un nivellement par le bas, une certaine vulgarité, en somme, à laquelle on ne saurait s’abaisser.
Aujourd’hui plus que jamais, la communication a une importance capitale, ne serait-ce que pour justifier au niveau politique les de?penses lie?es a? la recherche et a? la conservation du patrimoine. Les décideurs veulent donc une plus grande visibilite? des chercheurs et des institutions qui les abritent. Conférences, publications spe?cialise?es, bases de donne?es et pages web de?die?es restent bien entendu primordiales en tant qu’outils de promotion, mais la vulgarisation joue aussi son rôle.