Le siège de l’administration communale de Vevey s’est développé par étapes et se compose donc d’éléments hétérogènes. Il comprend des structures liées à l’ancienne boucherie médiévale et à l’hôpital du Vieux-Mazel avec la tour Saint-Jean, implantée sur le chœur d’une ancienne chapelle. Cet ensemble, devenu « maison de Ville » où se sont réunies dès le XIVe siècle les autorités communales, a été complété au début du XVIIIe siècle par un hôtel de Ville emblématique rattaché aux structures anciennes par deux petites ailes, elles-mêmes remplacées en 1988 par une grande verrière qui réunit aujourd’hui les deux parties.
Au centre d’une intense activité caritative, administrative et économique, les bâtiments étudiés ici résultent d’une évolution de près de sept siècles. Ce complexe architectural a contribué à soulager la pauvreté, les infirmités, la misère, voire le désespoir résultant de l’incendie de la ville. Mais les cloches de Saint-Jean n’ont pas sonné que le glas et le tocsin, elles ont également tinté les heures claires. Ces édifices témoignent en effet du dynamisme, du sens communautaire et de la forte capacité de résilience dont ont fait preuve à la fois la population et les autorités. Elles ont su doter leur ville d’un majestueux édifice public, stylistiquement très avancé pour son époque, et affichant l’incontestable prospérité et vitalité de ce pôle commercial et culturel du Haut Léman.
MVD 6-2015
Eloi Contesse, «Détruire un temple. Le cas de Peney (commune de Vuiteboeuf, VD)»
Les motivations menant aux démolitions d’églises ou de chapelles villageoises paraissent souvent étranges au premier abord. En effet, qu’est-ce qui peut conduire une commune rurale à détruire son lieu de culte, alors que celui-ci en constitue très souvent le cœur social, si ce n’est géographique? Au même titre que les cathédrales ou les collégiales contribuent de manière importante à l’identité des chefs-lieux de nos cantons, on peut intuitivement – et peut-être un peu naïvement – conclure que les églises anciennes participent de manière centrale à la construction et au maintien des identités villageoises. Dès lors, pour quelles raisons voudrait-on renoncer à les conserver?
Le cas de Peney constitue une occasion de mieux comprendre les raisons menant à la démolition d’une église. A cette fin, les événements qui ont conduit à la destruction du temple de Peney ont été reconstitués au travers des sources disponibles.
Laura Bottiglieri, «Quand la forme est au service de la fonction. L’Ecole supérieure de commerce de Lausanne (1913-1915)»
Le bâtiment de l’Ecole supérieure de commerce – actuel Gymnase de Beaulieu -, fête cette année ses 100 ans d’existence. Pourtant, le chemin qui aboutit, en 1913, à la pose de sa première pierre a été long et parsemé d’embûches.
De manière générale, l’ancienne Ecole de commerce a conservé une part importante de sa substance d’origine malgré les remaniements essentiellement engendrés par l’accroissement constant des effectifs et le manque récurrent de locaux qui en a découlé. La diversité du vocabulaire architectural s’y nourrit de traditions locales et de multiples influences.
Nathalie Blancardi, avec Margot Daeppen, «Archives de verre. La première photothèque d’art et d’archéologie de la Faculté des Lettres de l’Université de Lausanne (1900-1950)»
L’avénement des projections dans les cours d’histoire de l’art correspond à un moment où la méthodologie des chercheurs est renouvelée. Avec les vues photographiques, le regard sur les œuvres, et non plus seulement le discours sur les œuvres, est au cœur de la leçon. Les historiens de l’art de la fin du XIXe siècle ont eu conscience du changement amené par la photographie et l’ont théorisé.
La Faculté des Lettres de l’Université de Lausanne possède un fonds ancien de 10324 plaques photographiques d’art et d’archéologie qu’elle utilisait pour ses enseignements. Il est classé, selon des séries géographiques et thématiques, dans quelque 80 boîtes vertes en carton et une armoire à tiroirs. Un inventaire récent complété par des documents des archives de l’Université permet de retracer l’histoire de cette collection de clichés sur verre, et de les situer
Anne-Gaëlle Neipp, «La circulation des motifs dans l’oeuvre de Gustave de Beaumont. Entre modèles médiévaux, restaurations et créations»
Gustave de Beaumont (1851-1922) est un artiste genevois polyvalent, pratiquant aussi bien la peinture de chevalet que la peinture monumentale, et s’adonnant aussi parfois à la restauration de fresques médiévales. Formé à l’Ecole des Beaux-Arts de Genève dans la classe de Barthélemy Menn, puis dans l’atelier de Jean-Léon Jérôme à Paris, ses sujets de prédilection sont la peinture de paysage et les scènes de genre, ce qui ne l’empêche pas d’avoir recours à un registre historique et allégorique dans sa peinture monumentale.
L’étude de l’œuvre de cet artiste dans le cadre d’un mémoire de master, à travers une approche confrontant ses restaurations (décors peints de la chapelle des Macchabées et de l’église Saint-Gervais, à Genève) et ses œuvres monumentales de création dans le canton de Genève (Villa à Pressy, église de Confignon, mairie des Eaux-Vives), a permis de mettre en évidence la réutilisation de certains motifs entre ces différents champs d’action.
«Recherches récentes sur la peinture et la sculpture médiévales en Pays de Vaud»
Par Mona Bechaalany, Vanessa Diener, Lorena Ehrbar, Azul Joliat, sous la direction de Brigitte Pradervand
L’ambition du séminaire d’histoire de l’art de l’UNIL de 2014-2015, composé d’étudiants de bachelor en Architecture et Patrimoine, fut d’étudier un certain nombre de décors proches de Lausanne; ceux-ci, parfois modestes, parfois mal conservés, devraient faire l’objet d’un inventaire exhaustif, faisant toujours défaut à ce jour. De nombreuses peintures murales, quelquefois très fragmentaires, mais aussi de nouveaux ensembles ont été découverts depuis les années 1970 et méritent que l’on s’y penche.
Très vite, plusieurs sites firent l’objet d’une attention soutenue et révélèrent quelques aspects inédits ou des relations avec d’autres décors qui n’avaient pas encore été mises en évidence. Plusieurs étudiants se prirent au jeu et leur enthousiasme généra quelques bons travaux dont quelques-uns sont présentés ici. Trois études sur la peinture (églises de Chardonne, de Corsier-sur-Vevey, de Saint-Prex et de Lutry) et une hypothèse pour une sculpture (fontaine du banneret, à Payerne) forment ainsi ce petit éclairage sur les travaux de nos étudiants dans le domaine patrimonial régional d’une richesse toujours insoupçonnée.
Paul Bissegger, «Wikipedia: une vitrine sous-utilisée par les historiens des monuments!»
La simple évocation d’une contribution à Wikipédia suscite souvent une étincelle d’étonnement dans les yeux de collègues, accompagnée d’une involontaire et presque imperceptible moue dépréciative vite cachée par un intérêt poli, mais distant. En effet, cette encyclopédie numérique n’a pas toujours bonne presse auprès des intellectuels, qui lui reprochent (avec raison, d’ailleurs!) la qualité parfois médiocre des textes. Ils déplorent en outre l’anonymat des notices et tendent à cultiver des préjugés relatifs à un soi-disant pillage des travaux scientifiques, un nivellement par le bas, une certaine vulgarité, en somme, à laquelle on ne saurait s’abaisser.
Aujourd’hui plus que jamais, la communication a une importance capitale, ne serait-ce que pour justifier au niveau politique les dépenses liées à la recherche et à la conservation du patrimoine. Les décideurs veulent donc une plus grande visibilité des chercheurs et des institutions qui les abritent. Conférences, publications spécialisées, bases de données et pages web dédiées restent bien entendu primordiales en tant qu’outils de promotion, mais la vulgarisation joue aussi son rôle.