Appel à contributions | Internationalisme(s) et éducation pendant la Guerre froide. Acteurs, compétitions, circulations

Logo, booklet of the International Youth Congress in Copenhagen, August 1958 (Clinchy Papers, Social Welfare History Archives, University of Minnesota)

Colloque international organisé par Raphaëlle Ruppen Coutaz (section d’Histoire, Université de Lausanne) et Damiano Matasci (Département d’Histoire générale, Université de Genève) à l’Université de Lausanne, les 24 et 25 juin 2021

Appel à contributions en français [PDF]

Call for papers in English [PDF]

Dans le sillage du tournant transnational et global de la recherche historique de ces dernières années, plusieurs études se sont focalisées sur l’histoire des internationalismes aux XIXe et XXe siècles. L’un des pionniers de la réflexion dans ce domaine, Akira Iriye, définit cette notion de manière très large, incluant toute activité visant à promouvoir la coopération internationale (Cultural Internationalism, 1997). Expression d’un idéal et pratique ancrée dans une multitude de terrains, l’internationalisme peut donc répondre à des motivations très diverses.

L’éducation constitue assurément un point d’observation privilégié pour saisir les acteurs, la portée et les logiques parfois contrastées de ce phénomène. Plusieurs chercheuses et chercheurs en ont d’ailleurs retracé l’histoire depuis son émergence au XIXe siècle jusqu’à son institutionnalisation au cours de la première moitié du XXe siècle. En revanche, encore peu de travaux se sont intéressés à l’internationalisme éducatif tel qu’il se développe au cours de la Guerre froide. Cette période offre pourtant un cadre exceptionnel pour saisir l’évolution et les métamorphoses des processus d’internationalisation des savoirs et des pratiques éducatives, que ce soit dans la sphère scolaire ou extra-scolaire. Portés par une multitude d’acteurs nationaux, internationaux et impériaux, ceux-ci s’articulent en effet étroitement non seulement avec les enjeux posés par l’affrontement idéologique entre les blocs de l’Est et de l’Ouest, mais aussi avec le processus de construction européenne, la décolonisation, l’émergence du « tiers-mondisme » et les tentatives de régulation des relations internationales (maintien de la paix, etc.). Dès lors, il s’agit dans ce colloque de poser les bases pour une histoire plurielle et croisée de l’internationalisme éducatif, en retraçant ses formes, ses trajectoires (Nord-Sud, Est-Ouest, Sud-Sud) ainsi que son impact sur le cadre politique et les rapports de force déterminés par la « Guerre froide globale ». Notre ambition est, d’une part, d’approfondir et de prolonger les réflexions historiographiques récentes mettant en avant la porosité du « rideau de fer », les ambiguïtés des processus d’« américanisation » et de « soviétisation » des sociétés occidentales ainsi que les intenses interactions entre les deux blocs et les pays d’Afrique, d’Asie et d’Amérique latine. D’autre part, cette rencontre aspire aussi à réintroduire le paradigme européen au cœur des enjeux marquant la deuxième moitié du XXe siècle.

Nous souhaitons réunir des contributions de chercheuses et chercheurs, juniors ou confirmés, autour de trois axes de recherche principaux :

1. Des « guerriers de la Guerre froide » ? Les acteurs des internationalismes en matière d’éducation

Qu’ils s’agissent d’acteurs étatiques ou non étatiques, d’organisations internationales gouvernementales ou non gouvernementales, d’associations ou d’institutions confessionnelles, professionnelles, politiques, de ligues militantes, de mouvements de jeunesse, d’organisations philanthropiques, missionnaires ou de réseaux d’experts, il est tout d’abord nécessaire d’interroger le rôle de ces acteurs comme courroies de transmission de pratiques, de valeurs et de normes internationalistes. Il sera question d’examiner leurs ambitions, de mettre à jour leur fonctionnement, leur mise en réseaux et leurs rapprochements parfois surprenants. Ce premier axe a donc pour objectif de mieux connaître les différentes manifestations de l’internationalisme éducatif, de faire émerger les divers centres névralgiques où il se déploie et de mettre l’accent sur la variété des motivations qui le sous-tend (communisme, anticommunisme, libéralisme, européisme, pacifisme/humanisme, post-impérialisme, etc.).

2. Les modèles et paradigmes éducatifs à caractère internationaliste

Quels sont les modèles et les paradigmes éducatifs qui sont au cœur des campagnes internationalistes ? Dans quelle mesure les différentes conceptions éducatives internationalistes promues se définissent en fonction et par réaction à d’autres modèles ? Comment ces dernières peuvent-elles cohabiter, se retrouver en concurrence ou entrer en contradiction par exemple avec les normes nationales ? Ce deuxième axe de recherche souhaite explorer les différences, mais aussi les points de rencontre, les enchevêtrements et les compromis idéologiques entre les différentes formes d’internationalisme. Il s’agira également d’étudier de quelle façon les phénomènes de transfert, de circulation et d’hybridation ont façonné les diverses politiques scolaires mises en place dans une perspective internationaliste (éducation à la paix, aux droits de l’homme, à la compréhension internationale, à l’Europe, etc.).

3. Les instruments, les pratiques et les résultats des internationalismes éducatifs

Quels sont les instruments et les supports pédagogiques susceptibles de favoriser les circulations et de concrétiser ainsi les ambitions internationalistes ? La révision des manuels, la mise en place de rencontres internationales, d’échanges scolaires et estudiantins, tout comme l’organisation de jumelages, de voyages d’études, de concours et d’expositions scolaires ou encore les politiques d’aide au développement dans les pays du Sud (envoi d’experts, etc.) sont autant de stratégies développées par les acteurs investis dans la promotion d’un internationalisme éducatif et/ou de principes internationalistes. L’objectif de ce troisième axe est donc de se confronter au réel des initiatives internationalistes afin d’en évaluer non seulement les résultats mais aussi les résistances qu’elles rencontrent.

Les langues de travail du colloque seront le français et l’anglais. Les communications devront s’appuyer sur une présentation projetée dans l’autre langue. Les papiers des communications (environ 6000 mots) seront soumis quelques semaines avant le début de la manifestation. Une publication collective (en anglais et/ou en français) est prévue.

Deux keynotes seront assurées par Rita Hofstetter et Joëlle Droux (Université de Genève), ainsi que par Gilles Scott-Smith (Université de Leiden).

Le transport et l’hébergement des participants seront pris en charge, totalement ou partiellement, en fonction des résultats des demandes de subventions. La priorité sera accordée aux jeunes chercheuses et chercheurs.

Comité scientifique

Sandra Bott (Université de Lausanne) ; Olivier Dard (Sorbonne Université) ; Joëlle Droux (Université de Genève) ; Matthieu Gillabert (Université de Fribourg) ; Charles Heimberg (Université de Genève) ; Rita Hofstetter (Université de Genève) ; Miguel Bandeira Jerónimo (Université de Coimbra); Sandrine Kott (Université de Genève) ; Angela Romano (European University Institute) ; Stéphanie Roulin (Université de Fribourg) ; Xavier Riondet (Université de Lorraine) ; Nadine Ritzer (Pädagogische Hochschule Bern) ; Janick Schaufelbuehl (Université de Lausanne) ; Giles Scott-Smith (Leiden University) ; Ludovic Tournès (Université de Genève) ; François Vallotton (Université de Lausanne).

Modalités de soumission et calendrier

15 septembre 2020 : Envoi des propositions aux adresses suivantes : Raphaelle.RuppenCoutaz@unil.ch, Damiano.Matasci@unige.ch Les propositions (300 mots max. en fichiers word ou pdf) comporteront un titre, une problématique explicite, une bibliographie (5 références max.) et une courte notice bio-bibliographique (15 lignes max.).

Décembre 2020 : Notifications d’acceptation après un processus de sélection conduit avec l’aide des membres du Comité scientifique.

11 juin 2021 : Envoi d’un papier d’environ 6000 mots qui sera mis à disposition des collègues prenant part à la conférence.

24-25 juin 2021 : Colloque international sur le campus de l’Université de Lausanne.

15 septembre 2021 : Remise des papiers sélectionnés pour la publication.