Athènes, vers 414 avant J.-C. Dans le théâtre de Dionysos se joue Électre de Sophocle. Clytemnestre (la mère de l’héroïne), a assassiné Agamemnon (son père) à son retour de Troie, et règne aux côtés de son amant. Électre, accablée par le deuil, vient hurler sa peine face aux 12 000 spectateurs athéniens: elle rappelle le meurtre affreux de son père, invoque les déesses de la vengeance.
Grâce à une tradition longue de 2 400 ans, nous connaissons les mots qu’Électre prononce ce jour-là: ceux de l’héroïne, ceux du poète, et ceux de l’acteur derrière le masque. Mais le texte de la pièce nous permet aussi d’imaginer les effets de scène, l’émotion des spectateurs, le spectacle vivant. Car les mots recèlent toujours des gestes: jeu et danse du comédien; actes de parole d’Électre qui prie, se lamente, jure, maudit; figures stylistiques par lesquelles le poète donne corps au texte…
Cet ouvrage de Matteo Capponi (Institut d’archéologie et des sciences de l’antiquité, Centre d’études théâtrales) démontre que le grec, bien loin d’être une langue morte, n’est que tout juste assoupi, ne demandant qu’à se remettre en mouvement et à faire danser sous nos yeux ces héroïnes et ces héros d’un autre temps.
Ce livre est disponible en libre accès sur le site web de l’éditeur.
Matteo Capponi, Parole et geste dans la tragédie grecque. À la lumière des trois « Électre », Neuchâtel, Alphil 2020.