Les interactions multi-espèces et l’agriculture urbaine, session 2024

Le séminaire de Master « Agriculture urbaine » offre chaque année l’opportunité aux étudiant·e·s de réfléchir de manière créative aux pratiques agricoles dans et autour de la ville. L’exploration vidéographique de cette année questionne nos interactions avec l’animal, réalisée sous la direction de Joëlle Salomon Cavin (Maître d’enseignement et de recherche à l’Institut de géographie et durabilité – IGD) et avec le soutien de  Kylian Henchoz (assistant diplômé à l’IGD).

Les jardins et les champs, espaces privilégiés de cohabitation entre humains et animaux, offrent un terrain d’observation unique pour comprendre les dynamiques multi-espèces. C’est dans ce cadre que les étudiant·e·s de Master du séminaire d’agriculture urbaine à l’Université de Lausanne ont réalisé des vidéos explorant les relations complexes entre humains et non humains dans les espaces cultivés dans, ou proches, de la ville. Qu’ils soient nuisibles ou bénéfiques, les animaux suscitent des émotions variées et interrogent notre capacité à cohabiter avec le vivant. Les vidéos des étudiant·e·s montrent comment les animaux s’invitent dans les cultures, suscitant tour à tour fascination et frustration, tolérance ou agacement, cohabitation pacifique ou stratégies de régulation plus ou moins radicales. 

Nous découvrons différentes initiatives pour encourager la biodiversité : une mare pour les tritons, un hôtel à insectes, et une maison pour les hérissons. D’un autre côté, les renards, par leurs déjections, suscitent des craintes, menant la jardinière à surélever ses fraisiers pour protéger ses récoltes. D’autres jardiniers adoptent une posture tolérante face aux « nuisibles ». Confrontés aux limaces et campagnols, ils expérimentent diverses techniques pour limiter les dégâts sans recourir au poison. Au Jardin des 1000 mains, les limaces, contre lesquelles la lutte est incessante et souvent vaine, deviennent emblème de résilience. Une autre vidéo met en lumière la perception des enfants face à la faune du jardin1. Contrairement aux limaces, les gendarmes, petites coccinelles et abeilles sont accueillis avec enthousiasme. Les interactions entre enfants et animaux révèlent une curiosité naturelle et une appréciation croissante, comme en témoigne leur changement d’attitude face aux araignées. Les enfants apprennent à respecter et à cohabiter avec ces petites créatures, ce qui les sensibilise à la biodiversité. 

D’autres vidéos présentent des réflexions plus techniques et des solutions pragmatiques pour gérer les interactions avec les animaux. Les techniques varient : pièges à bière, barrières métalliques et autres solutions innovantes sont mises en œuvre pour protéger les cultures. Les interactions avec les animaux sauvages sont également explorées. Les sangliers, les chouettes et les renards influencent les pratiques agricoles et amènent les jardiniers à adapter leurs méthodes. Les interactions entre animaux apparaissent parfois comme solution. Le hérisson, par exemple, est valorisé pour sa capacité à réguler les populations de limaces, bien que cela ne suffise pas à résoudre le problème. Des chèvres sont utilisées pour dissuader la venue des renards et protéger les poules. La présence du héron est gage de régulation des campagnols.

Ces travaux d’étudiant·e·s donnent à voir un beau panel de figures animales – vous découvrirez qui est Eugénie ! – mais également humaines. Ils sont l’occasion de découvrir des personnalités attachantes – couple, amis, citadines qui cultivent leur jardin, viticulteur passionné, agriculteurs et agricultrices soucieux de la terre, des humains comme des non humains mais aussi contraints par les impératifs économiques. 

L’usage de la vidéo dans ce séminaire a permis aux étudiant·e·s de développer non seulement des compétences techniques, mais aussi une nouvelle manière d’analyser et de partager leurs observations. Le choix des plans, le montage et la narration sont autant d’éléments qui influencent la perception du spectateur. La réalisation de ces vidéos a également sensibilisé les étudiant·e·s aux défis de la représentation audiovisuelle. Ils ont dû faire des choix difficiles, coupant certaines séquences pour en privilégier d’autres. Ils ont appris à uniformiser les couleurs et les sons pour créer un tout cohérent. Une fois terminées, ces vidéos ont été partagées lors d’un événement public et désormais publiées sur ce blog, atteignant un public plus large que leurs travaux écrits traditionnels.

La présence animale dans les jardins du Montriond – Vidéo réalisée par Julie Spielmann, Audrey Gex, Lucas Murith et Tiffany Gay.
Des bêtes sur la butte – Vidéo réalisée par Kael Carrera, Sophie Batori, Léo Basset et Isabelle Corthay.
Une question d’équilibre – Vidéo réalisée par Enea Bernasconi, Nicolò Tagliabue, Mattia Nauer et Jacopo Fontana.
Apprendre des animaux à la Rocambole – Vidéo réalisée par Lucas Crettenands, Emilie Imhof, Jany Maitin, Tobias Pannatier et Bryan Vésy.
Entre respect et productivité, la biodiversité aux paniers de la Mule – Vidéo réalisée par Arnaud Crettenand, Thibaut Tscherrig, Maxime Habersaat et Matt Meusy.
José, Brigitte et les animaux dans le jardin familial – Vidéo réalisée par Chiara Coppa, Mélanie Favre, Silvia Lilliu et Grégoire Musy.
Champ libre, un jeu d’équilibre pour vivre ensemble – Vidéo réalisée par Lorenza Birchler, Aude Héron, Elin Egger et Lara Ogliaro.
Entre limaces et rongeurs mutants, l’animalité du jardin aux mille mains – Vidéo réalisée par Lucas Abidat, Hugo Bruno Rijo, Aimée Keller et Noelia Wüthrich.
Colocation avec les petites (et grosses) bêtes – Vidéo réalisée par Emile Martin Biyo’o Fono, Antoine Bühlmann, André Rochat et Mélissane Nouassi.
Les relations humains-animaux des vignes du Lavaux – Vidéo réalisée par Thibault Descloux, Noé Rey, Baptiste Maillard, Nolan Ochsner et Jeremy Corthay.

Séminaire de Master

Depuis 2020, des étudiant·e·s de Master interviewent des Lausannois·es qui cultivent leur plantage urbain, dans le cadre d’un séminaire en agriculture urbaine.

Le projet continue : retrouvez les entretiens des sessions 2020, 2021, 2022 et 2023 ainsi que les réflexions surgissant autour de ces belles rencontres entre humains et non-humains.

  1. Cette vidéo ne sera malheureusement pas visible dans ce billet de Géoblog car nous n’avons pas obtenu les droits de diffusion. ↩︎

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