Expériences intimes de biodiversités
Comment ceux qui pratiquent le jardinage urbain perçoivent la biodiversité ? Cette question est à la base de ce projet de semestre qui aborde les types de natures associés à la biodiversité – faune et flore, fruits, légumes et fleurs, mais aussi oiseaux, insectes des jardins – les pratiques pour la favoriser et, plus généralement, la définition même de la biodiversité.
Ces portraits vidéos ont finalement permis d’obtenir une perspective expérimentale, sensible et intime sur la biodiversité dans le jardinage. D’un portrait à l’autre, les jardiniers y dévoilent l’influence de leurs origines, de leur formation et de leurs valeurs sur leurs pratiques jardinières, à commencer par le choix des légumes : chou kale pour Jennifer, fèves pour Martine, tomates pour Vicenzo. Chacun apprécie le jardin comme lieu d’apprentissage et d’échange de savoir-faire plus encore que de graines.
Toutes et tous associent le jardin et le jardinage au bien-être et à la qualité de vie en ville. Être dehors, mettre les mains dans la terre, voir et discuter avec son voisin, autant d’opportunités qui sont apparues précieuses durant le confinement.
Ressource rare et précieuse en ville, le sol y est par toutes et tous bichonné et soigné. Il est aéré, amendé et protégé au moyen de divers couverts végétaux, mais ne doit surtout pas être retourné. La grelinette est l’outil qui lui est dédié. Le champignon et le ver de terre sont les organismes-travailleurs à préserver.
Le vivant que l’on trouve dans les parcelles peut être cultivé ou spontané et les associations entre espèces plus ou moins planifiées. Mais, si la biodiversité est à l’évidence considérée comme bénéfique, toute intrusion et toute espèce n’est pas forcément bienvenue ! Les limaces apparaissent souvent en tête des indésirables avec les pucerons et les fourmis. Pour les « mauvaises herbes », que l’on rechigne d’ailleurs souvent à qualifier comme telles, la tolérance des jardiniers sera plus ou moins partagée. Le territoire de l’envahissante est contrôlé par l’arrachage manuel, au cas par cas.
Le jardin apparait finalement comme espace partagé entre humains et non-humains.
La vidéo : un défi méthodologique
L’usage de la vidéo est à la fois outil de collecte de données, matériau à analyser et mode de représentation des discours et pratiques. Loin d’être un médium neutre, la vidéo constitue, au dire des étudiant·e·s, un défi méthodologique. Pour Floriane, les portraits vidéos permettent de montrer de manière simple les significations qu’un concept multidimensionnel comme la biodiversité représente pour les jardinier·ère·s rencontré·e·s. C’est un support qui permet le partage et l’échange. Mais le travail de sélection, de découpage et de montage du matériau est aussi un véritable casse-tête. Lors de la phase de terrain, la vidéo implique de composer avec les contraintes narratives d’un scénario, l’appropriation du matériel de tournage et l’imprévisibilité d’un entretien et d’un environnement extérieur. Selon les dires de Thomas, observer le jardin pour en réaliser différents plans est une façon privilégiée d’ouvrir son attention et de percevoir concrètement la biodiversité qui fait l’objet de leur entretien. Pour nombres d’étudiant·es la réalisation de ces vidéos a permis de belles rencontres.
La vidéo sélectionne ce que l’on donne à voir et à entendre, mais aussi les personnes que l’on rencontre. La première année, à travers ces vidéos, les étudiant·e·s sont parti·e·s à la rencontre d’une grande majorité de femmes et de professions intellectuelles, plus encline à se prêter à l’exercice du témoignage filmé. En 2021, les étudiant.es ont utilisées d’autres manières d’entrer sur le terrain – le bouche à oreille, la rencontre spontanée dans les jardins – qui ont permis de diversifier les témoignages sur la biodiversité dans les plantages.
L’année prochaine, ces expériences vidéo et jardinières se renouvelleront : « jardins et militantismes urbains » sera le nouveau thème proposé aux étudiant·e·s.
Vidéos des Masters 2021
la biodiversité vue par 4 jardiniers et une jardinière…
Séminaire de Master
Depuis 2020, des étudiant·e·s de Master interviewent des Lausannois·es qui cultivent leur plantage urbain, dans le cadre d’un séminaire en agriculture urbaine.
Le projet continue : retrouvez les entretiens des sessions 2020, 2021, 2022 et 2023 ainsi que les réflexions surgissant autour de ces belles rencontres entre humains et non-humains.