Le pouvoir e(s)t l’eau. Une géo-histoire foucauldienne de l’eau urbaine en Suisse entre 1850 et aujourd’hui

Thèse soutenue par Paola Rattu le 7 juillet 2015, Institut de géographie et durabilité (IGD)

Cette thèse amène le lecteur dans un voyage historique autour de l’eau du robinet, dans le but de lui faire prendre conscience de son fonctionnement et des évolutions de ce dernier au fil du temps.

Les spécificités politiques propres à la Suisse sont au coeur de cette recherche. En particulier, l’accent est mis sur les mécanismes d’exercice du pouvoir, c’est-à-dire sur les façons dont les actions des citoyens-consommateurs, des communes et des autres acteurs sont motivées, justifiées et parfois influencées ou acheminées dans certaines directions.

Les données recueillies montrent que, semblablement à d’autres pays occidentaux, les débuts de la construction des réseaux d’eau urbaine en Suisse ont été accompagnés par des plaidoyers se référant à la modernité, au progrès et aux améliorations dans l’hygiène et la santé. Tout au long de la période étudiée, la rationalité des citoyens a été sollicitée lorsqu’il s’agit de financer la construction et le maintien des infrastructures, d’éviter le gaspillage et de prévenir la pollution. Parfois, on a également fait appel à la rationalité individuelle et à la foi en la science afin de promouvoir l’utilisation d’une eau propre.

Cependant, dans de nombreux cas, des mesures plus directes et, parfois, coercitives, ont été prises pour gérer la ressource ainsi que pour améliorer la santé des individus et des populations. Dans la dernière moitié du vingtième siècle, en outre, des discours faisant appel à la morale individuelle sont apparus, essentiellement dans le domaine de la lutte contre la pollution. De nos jours, la création d’argumentaires destinés aux citoyens est un des défis principaux en matière d’eau du robinet, notamment pour soutenir le financement du renouvellement des infrastructures. Dans ce contexte, produire des argumentaires de manière centralisée se révèle efficace et contribue, paradoxalement, au maintien d’une organisation décentralisée et démocratique en matière d’eau du robinet.

Ainsi, l’analyse de sources écrites et d’interviews, enrichie par des extraits du corpus intégrés au texte, démontre que les réseaux d’eau urbaine helvétiques ont été des lieux où le pouvoir a été exercé de multiples manières. En effet, les différentes études de cas indiquent que le pouvoir n’est pas statique; au contraire, les modes d’exercice du pouvoir se caractérisent par une grande variété et s’appuient sur une multitude d’outils et de discours relatifs à l’eau urbaine, qui évoluent en fonction de contingences socio-politiques et économiques.

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