La première journée du festival Écotopiales fait la part belle à la recherche !
Elle est composée d’événements scientifiques touchant toutes les disciplines, et impliquant nombre de chercheuses et chercheurs de l’Université de Lausanne. L’idée est d’explorer ensemble les multiples manières dont les récits et les imaginaires façonnent notre relation à la nature, au non-humains et au monde.
Le matin, vous pourrez assister à trois conférences passionnantes qui abordent ces enjeux dans l’histoire de l’art, de la littérature, de l’histoire et de la philosophie environnementale.
L’après-midi est articulé autour de quatre tables rondes captivantes, qui abordent les imaginaires et les récits écologiques aux prismes de l’économie, des sciences sociales, de la littérature ou encore de la santé.
Le programme de la journée a été élaboré avec l’expertise du Conseil scientifique des Écotopiales : Prof. Agnieszka Soltysik Monnet (Lettres), Prof. Jérôme Meizoz (Lettres), Dre. Mireille Berton (MER Lettres), Prof. Laurence Kaufmann (SSP), Dr. Gérald Hess (MER FGSE), Bénédicte Brunet (Directrice de La Grange UNIL), Patrick Gyger (Directeur du pôle muséal Plateforme 10) et Alain Kaufmann (Directeur du ColLaboratoire). Nous les remercions chaleureusement pour leurs conseils et leur engagement.
Les conférences
UNIL, Vortex, Salle Nucléo
08h30 – 13h45
08h30 – 09h00
Accueil : accréditation, café, thé et croissants
09h00 – 09h10
« Rouvrir le temps »
Introduction à la journée
Colin Pahlisch, Coordinateur de l’Observatoire des récits et imaginaires de l’Anthropocène (ORIA),
Centre de compétences en durabilité (CCD, UNIL)
Nelly Niwa, directrice du Centre de compétences en durabilité
Benoît Frund, Vice-recteur Transition écologique et Campus UNIL
Valérie Cossy, Vice-doyenne durabilité, faculté des Lettres
09h15 – 10h00
Le diable et la muraille : écrire l’histoire de l’art d’hier et dessiner des mondes pour aujourd’hui
Prof. Jan Blanc, Histoire de l’art moderne (Lettres, UNIL)
La relation entre les récits historiques, les imaginaires artistiques et notre compréhension du passé est complexe. Elle ne se limite ni à un discours optimiste qui prétend que tout s’améliore constamment, ni à un discours pessimiste qui soutient que nous payons aujourd’hui pour les erreurs du passé. Cette présentation propose de nuancer ces perspectives en montrant comment ces affirmations mêlent souvent des jugements moraux aux études historiques, qui sont en réalité plus nuancées et plus instructives. En revisitant l’histoire des rapports entre les artistes, leurs œuvres et le monde vivant, il sera montré comment l’art a toujours intégré les non-humains, révélant la beauté du non-humain et l’agentivité que l’imaginaire humain peut conférer aux objets inanimés. Cette analyse mettra en lumière l’importance de ces récits alternatifs et de cette contre-histoire de l’art pour mieux comprendre notre condition écologique et dessiner de nouveaux horizons pour l’avenir.
Notes biographiques sur l’intervenant
Jan Blanc est professeur ordinaire en histoire de l’art moderne à l’Université de Lausanne (Faculté de Lettres). Ses recherches se concentrent sur les dynamiques artistiques en France, aux Pays-Bas et en Grande-Bretagne aux XVIIe et XVIIIe siècles, ainsi que sur les théories artistiques et les discours qui ont façonné l’appréciation de l’art en Europe de la Renaissance au Siècle des Lumières. Récemment, il signe notamment Stilleven : peindre les choses au XVIIe siècle (2020), et Rembrandt : art et originalité au XVIIe siècle (2023). Jan Blanc s’intéresse également aux intersections entre l’histoire de l’art et l’histoire de l’environnement, explorant des domaines tels que les disaster studies et les animal studies.
10h05 – 10h50
Écoblanchiment du roman ? La littérature environnementale entre opportunité et opportunisme
Prof. Pierre Schoentjes, Littérature française (Lettres, Université de Gand, Belgique)
Prolongeant ses travaux en écopoétique, Pierre Schoentjes interrogera ce qui peut apparaître à certains comme la mode de l’écriture environnementale. Alors que les enjeux écologiques sont longtemps restés discrets dans le champ romanesque français, chaque rentrée littéraire voit désormais paraître un nombre conséquent de fictions labellisés « écologiques », tantôt par les éditeurs eux-mêmes, tantôt par la critique journalistique. Le public fait volontiers bon accueil à ces romans qui problématisent un éventail de questions d’actualités qui va du réchauffement climatique aux menaces liées aux diverses formes de pollution en passant par le mal-être des animaux élevages ou – à l’opposé – le bien-être que procure aux humains l’immersion dans une nature préservée.
Le retour sur la production récente sera l’occasion d’explorer les nouvelles formes d’écritures qui se dessinent mais aussi de pointer les stéréotypes et les biais « nationaux » qui tendent hélas aussi à s’inviter avec régularité. La perspective, qui ne se limitera pas à la littérature contemporaine, insistera également sur la nécessité qu’il y a de revenir sur la production littéraire plus ancienne.
Notes biographiques sur l’intervenant
Pierre Schoentjes est professeur à l’Université de Gand, où il enseigne la littérature française. Spécialiste de l’ironie et de la représentation littéraire de la (Grande) guerre, il interroge la littérature des XXe et XXIe siècles dans une perspective européenne. Ses derniers travaux portent sur l’écopoétique, explorant les rapports entre littérature, environnement et écologie. Il questionne notamment comment la nature est représentée dans la littérature contemporaine dans Littérature et écologie, Le Mur des abeilles (2020).
10h50 – 11h20
Pause café
11h20 – 12h10
L’imaginaire écologique est un projet politique ! Histoire des zones d’ombre de l’imaginaire écologique de la préhistoire à nos jours
Dre. Valérie Chansigaud, Histoire des sciences et de l’environnement (CNRS, et Université Paris Cité, France)
Cette conférence propose de revenir sur notre passé et de regarder autrement le riche patrimoine qui nous constitue. Nous irons des grottes préhistoriques ornées, aux utopies sociales du XIXe siècle, en passant les pulps de science-fiction, Dürer devant des objets provenant d’Amérique, Bambi de Walt Disney, les images de la Terre par les anarchistes, et même un arrêt sur Donald Trump. Car si l’imaginaire écologique a toujours été omniprésent, on oblitère souvent qu’on le trouve autant dans les formes les plus rebelles que dans celles les plus conservatrices. C’est pour cela que l’imaginaire écologique constitue une matière hautement explosive, surtout si on n’a pas conscience qu’il est toujours connecté à un projet politique !
Notes biographiques sur l’intervenant
Valérie Chansigaud est historienne des sciences et de l’environnement, chercheuse associée au laboratoire SPHERE (philosophie et histoire des sciences), université de Paris. Elle enseigne également la philosophie environnementale à Sciences po Rennes. Conjuguant histoire des sciences, histoire culturelle et histoire environnementale, ses travaux portent sur l’impact de l’homme sur son environnement, sur la sensibilité culturelle aux questions environnementales et sur le parallèle entre domination de l’homme sur la nature et sur l’homme. Elle signe notamment Les Combats pour la nature : de la protection de la nature au progrès social, (2018) et plus récemment Histoire du végétarisme (2023). Elle prépare actuellement un essai sur les relations entre croissance des inégalités et érosion de la biodiversité.
12h15 – 13h45
Repas convivial gratuit et végétarien pour les étudiant·es. Préparé par l’association Le Castor Freegan
Animations surprises et ludiques
Organisées par l’Association des étudiant·es en Lettres (AEL, UNIL) et Le Cabanon (UNIL).
Les tables rondes
UNIL, Amphimax, 415
14h00 – 18h45
14h00 – 14h10
Introduction à l’après-midi
Colin Pahlisch, Coordinateur de l’Observatoire des récits et imaginaires de l’Anthropocène (ORIA, UNIL)
Erica Mazerolle-Castillo (HUB UNIL)
14h15 – 15h10
Du GIEC à la science-fiction : construire le récit de la post-croissance
Prof. Stéphanie Missonier (HEC, UNIL)
Prof. Julia Steinberger (FGSE, UNIL)
Dr. Marc Atallah (MER, Lettres, UNIL)
Sabrina Tacchini (AD, SSP, UNIL)
Modération : Jean-André Davy-Guidicelli (CCD, UNIL)
Depuis des décennies, les rapports du GIEC se succèdent, nous alertant sur la déstabilisation croissante du système Terre causée par les activités humaines. Parallèlement, les œuvres de science-fiction imaginent des futurs possibles, utopiques ou dystopiques, d’une société transformée dans nos rapports à soi, aux autres et au Vivant. Ces récits, combinés aux meilleures connaissances scientifiques, pourraient-ils nous être utiles pour préfigurer et construire une société post-croissance, qui aura su libérer l’économie de ses conséquences écologiques et sociales néfastes ? À quoi ressemblerait une culture de la post-croissance, et quels sont nos leviers pour la rendre désirable et la voir advenir dès aujourd’hui ? Comment faire émerger des alternatives aux récits dominants qui structurent l’économie et notre rapport au travail ? Quelles sont les valeurs qui accompagnent cette nécessaire transformation, et comment les cultiver ?
15h15 – 16h10
Raconter la nature : échos du passé, visions du futur
Prof. Agnieszka Soltysik Monnet (Lettres, UNIL)
Dre. Leticia Ding (MA, Lettres, UNIL)
Prof. Simona Boscani Leoni (Lettres, UNIL)
Dr. Olivier Thévenaz (MER, Lettres, UNIL)
Modération : Dre. Hélène Cordier (Lettres, UNIL)
Cette table ronde propose un panorama historique des interrelations réelles ou fantasmées entre l’homme et l’environnement. Autour de la notion de « nature », il s’agira de faire dialoguer le symbolisme littéraire de l’Antiquité gréco-latine et du Moyen Âge, les perspectives historiques de l’époque moderne, ainsi que les imaginaires écofictionnels futuristes. Au carrefour de diverses disciplines, nous chercherons à éclairer différentes perceptions de la nature et la manière dont l’être humain interagit avec celle-ci. Ces réflexions permettent-elles d’envisager des solutions pour un futur plus harmonieux et durable ? Que peuvent apporter les études en sciences humaines, plus particulièrement en Lettres, aux préoccupations environnementales actuelles ?
16h15 – 16h45
Pause café offerte par le HUB UNIL
16h45 – 17h40
Santé et durabilité : quels imaginaires pour un système de soins « terrestre »
Prof. Valérie d’Acremont (Médecin épidémiologiste, FBM, UNIL)
Prof. Dominique Kunz Westerhoff (Lettres, UNIL)
Prof. Grégoire Zimmermann (SSP, UNIL)
Modération : Dre. Sarah Koller (CCD, UNIL)
Face à l’enjeu vital de réintégrer nos activités humaines à l’intérieur des limites écologiques, où en est notre système de santé ? Doit-on repenser nos besoins en matière de soin (tant physiques que psychologiques) ? Et si tel est le cas, comment envisager ces transformations, et que racontent-elles de nos rapports plus intimes à notre condition terrestre, et plus globalement à la vie (et donc à la mort) ?
Naviguant tout à la fois entre individuel et collectif, cette table ronde propose une plongée dans nos existences qui puisse nourrir nos imaginaires et nos actions vers un (nouveau) système de soins terrestres.
17h45 – 18h45
« Tous dans le même bateau ? » Les défis sociaux et politiques des imaginaires du futur
Prof. Laurence Kaufmann (SSP, UNIL)
Cannelle Fourdrinier, Militante écoféministe queer et anticolonialiste (à confirmer)
Dre. Lucile Quéré (SSP, UNIL)
Dre. Clémence Demay (Avocate stagiaire, FDCA, UNIL)
Modération : Célia De Pietro (AD, SSP, UNIL)
Sommes-nous condamné·es à imaginer un futur qui nous ressemble ? Qu’il s’agisse d’une utopie champêtre ou d’une dystopie survivaliste, nos imaginaires ont tendance à refléter les peurs et les espoirs d’une même catégorie de personnes : les plus privilégiées.
Quels sont les enjeux politiques que dissimulent aujourd’hui nos imaginaires de l’avenir ? De quelles manières les aborder ? Comment, dès lors, créer un récit véritablement « commun » face à la crise écologique ?
Participation gratuite mais places limitées : inscription (fortement) conseillée !