Le « scénario » comme pré-texte / The « scénario » as pre-text, 23-24 avril 2015
Universités de Leuven et Louvain-la-Neuve
Colloque international organisé sous la direction de Jan Baetens, Alain Boillat et Philippe Marion
L’écriture est toujours écriture en vue d’autre chose : une nouvelle étape de l’œuvre en cours ; une nouvelle version d’un projet ; un moyen d’expression différent, par exemple lorsqu’un texte s’inscrit dans la genèse d’une production visuelle, ou contribue à déterminer certains paramètres techniques d’un dispositif donné. Au cours de ces journées d’étude, nous nous proposons d’examiner diverses facettes et étapes d’un processus créateur, dont le scénario au sens classique du terme n’est que l’une des manifestations. Aussi, il se peut inversement que l’image (photographique, dessinée, animée) précède le texte, que des images servent à en concevoir d’autres qui les recouvrent tel un palimpseste ou que l’écriture n’intervienne que dans un second temps pour prolonger ou remplacer le récit audiovisuel. Dans tous les cas, les représentations premières sont à la fois contenues dans l’œuvre « finale » qu’elles ont nourrie et niées par celle-ci, à laquelle elles n’ont parfois servi que de prétexte. La notion même d’ « œuvre finale » méritera d’être, elle aussi, interrogée dans le contexte actuel de notre culture médiatique, notamment en lien avec l’essor considérable que connaît aujourd’hui une logique sérielle permettant aux œuvres de se ménager la possibilité d’autres destinées expressives à travers des déclinaisons génériques ou médiatiques. Dans un tel contexte de diffusion, chaque production peut connaître l’opportunité de servir, à son tour, de « scénario » à une autre.
Nous nous intéresserons principalement à la complexité des mécanismes ou motivations qui précèdent l’œuvre achevée et se situent sur différents plans (stylistique, générique, médiatique, institutionnel, etc.) en examinant les normes qui régissent la réalisation d’un « scénario » – terme que nous entendrons dans le sens large d’une planification d’une œuvre à venir, et qu’il s’agira de définir à travers la diversité des objets traités. Dans une optique résolument transversale et transmédiatique (productions cinématographiques ou télévisuelles, bandes dessinées, jeux vidéo, œuvres littéraires, etc.), nous aborderons aussi bien ces pratiques dans leur dimension prescriptive que dans une perspective historique, combinant études de cas et visée théorique. Enfin, nous établirons des passerelles entre deux niveaux d’analyse : celui des objets (la genèse des représentations) et celui des discours tenus sur ces objets dans l’espace de leur réception – discours qui parfois en viennent à « scénariser » l’œuvre à venir. L’étude de tels discours permettra en particulier de dégager certains aspects d’un savoir partagé sur l’écriture avant-textuelle (notamment dans les manuels d’écriture romanesque ou scénaristique) et d’étudier la place accordée au « scénario » (ou à ce que l’on suppose relever de cette phase) par les commentateurs d’une œuvre ou d’une production médiatique donnée.
Communications des doctorants du projet « Discours du scénario »
Laure Cordonier, « Analyse d’un projet resté à l’état de “pré-textes” : La Chartreuse de Parme par Claude Autant-Lara ».
Julien Meyer et Adrien Gaillard, « Art et économie dans la genèse de La Traversée de Paris (1947-1956) : sur quelques enjeux de l’écriture scénaristique ».
Programme