Seuls ensemble

Une mise en scène astucieuse pour un effet poétique fascinant, Seule la mer, roman d’Amos Oz adapté par le lausannois Denis Maillefer, est à contempler jusqu’au 23 mars au Théâtre de Vidy. Un spectacle de deux heures et quart pendant lesquelles vous traverserez le monde, de Bat-Yam à Katmandu – et la vie, du désir à la mélancolie. Les personnages sont d’abord présentés par le narrateur, joué par Pierre-Isaïe Duc. Introduction bienvenue puisqu’ils ne sont pas moins de dix comédiens, chacun étant décrit en fonction du lien qui le relie à un autre personnage : Albert est le père de Rico, ce dernier est le petit ami de Dita, celle-ci le trompe avec Guigui, et ainsi de suite. Puis la lumière se tamise, la plupart de ces figures s’échappent en coulisses, seuls restent le narrateur et Albert, le personnage central, interprété par Roberto Molo. Soudain, la mer jaillit, dans une image projetée qui envahit la totalité de la scène, des vagues submergent les deux silhouettes. Sur la partie supérieure apparaît le titre du premier chapitre. En même temps, une musique s’élève de la partie inférieure : il s’agit de Billie Bird, de son vrai nom Elodie Romain, au chant et à la guitare. Entourée et renforcée par tous ces éléments, la voix du narrateur commence le récit.

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Qui sommes-nous face au fait divers ?

Quand une famille se retrouve projetée dans un fait divers aussi sordide qu’un viol doublé d’un meurtre, que fait-elle ? Marie Fourquet explore ce type de tragédie en mettant en scène ceux qui survivent : parents, frères ou amis. A l’opposé des séries policières comme Les Experts, qui se concentrent sur l’enquête, Mercedes Benz W123 montre l’humain face à un événement qui le dépasse. Juliette a disparu. Martin, son petit ami, est parti à une fête avec Thibault, son frère, la laissant seule. Les derniers messages que Martin a reçus d’elle, projetés sur une toile au fond de la scène, sont préoccupants. Le premier à prendre la parole est son père, interrogé par un policier. Pas de place pour l’espoir, nous apprenons rapidement que la voiture avec laquelle Juliette s’était enfuie a été retrouvée. Dans son coffre, le cadavre de la jeune fille.

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Solitudes à Broadway

Une heure d’un spectacle saisissant servi par deux comédiens à la présence irradiante : c’est ce que propose Jean-Yves Ruf, ancien directeur de la Haute Ecole de Théâtre de Suisse romande (Manufacture) dans la mise en scène de Hughie, de l’auteur américain Eugène O’Neill. Le Théâtre de Vidy accueillera jusqu’au 22 décembre cette atmosphère mélancolique d’un vieil hôtel de Broadway. Fin des années vingt, entrée d’un hôtel tombé en désuétude, loin du faste des théâtres de la Grande Pomme. Erié Smith, parieur invétéré, rentre chez lui ivre mort. Il demande les clés de sa chambre au veilleur de nuit, Charlie Hughes, sans dire un mot, il tend simplement son bras. Il croit que c’est Hughie, son vieux “pote jobard” comme il aime à l’appeler, qui se tient derrière le comptoir. Mais Hughie n’est plus, et le nouveau gardien ne connaît pas encore Erié Smith. Le soulard désenchanté n’a pas vraiment sommeil, il aimerait plutôt discuter avec son ami défunt mais, à défaut d’Hughie, Charlie fera bien l’affaire.

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Valse aux idées

« – Êtes-vous épileptique ? – Non, pourquoi ? – Parce qu’il y aura une scène avec un stroboscope, on est obligés de demander, au cas où ». Nous voilà prévenus et, en effet, une demi-heure plus tard, nous assistons à une scène de folie frénétique soulignée par l’usage prolongé d’un stroboscope. L’idée est intéressante, l’effet produit déroutant. L’utilisation d’une caméra de surveillance qui retransmet en direct, projetée au fond de la scène, la silhouette des comédiens qui parlent au premier plan sert également le propos en rappelant ces images effrayantes des tueries de Columbine ou, plus récemment, celles de Westgate.

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Ciel, quel Feydeau !

Le Théâtre du Jorat avait déjà accueilli en 2003 et 2004 deux spectacles de Feydeau. Le maître des vaudevilles semble bien être une valeur sûre et ce n’est pas ce Monsieur Chasse ! d’une efficacité redoutable qui nous fera dire le contraire. A l’aide d’un décor astucieux, Robert Sandoz, audacieux metteur en scène neuchâtelois, nous offre une comédie bien ficelée qui ne manquera pas de faire rire même les plus austères d’entre nous.

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