Playlist

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Paillettes et mulet pour fêter la musique 

En juxtaposant des extraits textuels de chansons qui sonnent familières à (presque) tout le monde et en performant des morceaux entiers, Léa Pohlhammer, à l’aide de quatre autres comédien.nes, met sur scène un montage musical qui s’inscrit très bien dans le contexte de la Fête de la Musique : une célébration de la chanson pop dans une ambiance festive où les jeux de lumière règnent en maître. Le public sortira en fredonnant de vieilles paroles remises à la lumière des paillettes. 

Fidèle à son titre, Playlist est une succession de différents morceaux musicaux. Le choix des chansons est varié et toutes les paroles en langue étrangère sont librement et artistiquement traduites en français. Ainsi, on entend la mélodie de I will survive criée par un des personnages qui s’exclame « traverse la porte, et que le diable t’emporte ». Les spectateurices passionné·e·s par la musique des dernières décennies du XX^e siècle ont la satisfaction de repérer des titres qui ont marqué la culture occidentale : de Hello de Lionel Richie à Hotel California en passant par Sound of Silenceet Reality, colonne sonore du film La Baume. Parfois, le spectacle se contente de faire un clin d’œil, en ne citant que quelques mots, mais certains morceaux sont interprétés sur plusieurs minutes, laissant le temps aux spectateurices de les reconnaître.

Le récit peut être construit par chacun.e selon sa propre sensibilité aux paroles des comédien.nes, puisqu’aucune intrigue évidente ne préside à l’enchaînement des chansons. Le but est celui de la célébration : célébration de la musique et de son pouvoir de transporter celleux qui l’aiment ailleurs, en les soulageant momentanément de leurs problèmes, mais aussi inversement de son pouvoir d’ouvrir un dialogue pour permettre d’exprimer les problèmes sociaux et de se défouler.

Le public est transporté dans Playlist sans qu’il ne s’en rende compte. Une introduction de la directrice du théâtre est cordialement interrompue par une des comédiennes, dans le rôle d’une technicienne, qui insiste pour prendre le relai et donner personnellement les informations concernant la programmation de la saison.  S’adressant directement au public avec un accent vaudois très marqué, le personnage instaure une complicité avec lui, amusé par son caractère terre-à-terre et par les expressions enfantines de son visage. Ce lien émotionnel établi dès les premiers instants entre la salle et la scène est physiquement concrétisé : après avoir introduit le spectacle, la technicienne prend place dans un coin sur le devant de la scène, obscurci mais très visible au public, et regarde les performances musicales des autres personnages, en chantonnant avec elleux. C’est elle qui, prise de plus en plus par l’énergie créée par la musique, traîne les spectateurices dans l’atmosphère de Playlist, en devenant elle-même popstar, à l’instar de Madonna. 

Ce qui emporte le public dans le spectacle et dans son atmosphère rock et pop des années 80s, ce sont surtout les robes à paillettes irisées, les talons hauts, les pantalons évasés et les perruques mulet tellement longues et larges qu’elles en deviennent drôles, presque ironiques à l’égard du style qu’elles représentent. Ces costumes, les effets de lumière dignes d’un véritable concert et la scénographie sont les éléments les plus frappants et mémorables. Un ample tissu argenté et métallique occupe le fond de la scène jusqu’à la dernière performance ; il tombera pour plonger la salle dans un bain de lumière pour un final spectaculaire. 

Le spectacle est un véritable show : les comédien.nes chantent, dansent et s’éclatent au rythme de la musique – qui ne s’arrête presque jamais – avec une théâtralité aussi exagérée que les perruques qu’ielles portent. Les fans passionné·e·s peuplant la scène de Playlist assument les mouvements de leurs idoles, des pas de danse aux gestes pathétiques qui accompagnent les performances musicales. Ielles vivent pour la musique et veulent ici la faire revivre.

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