Un classique médical surprenant

Par Amandine Rosset

Une critique du spectacle :
Le Malade Imaginaire / de Molière / mise en scène Jean Liermier / Théâtre de Carouge à Genève / du 14 janvier au 9 février 2014

malade_6
© M. Vanappelghem

Jean Liermier met en scène chez lui, au Théâtre de Carouge, la dernière comédie de Molière, Le Malade imaginaire. Une mise en scène qui modernise et actualise, en jouant parfois sur la surprise, la critique des autorités morales qui profitent de la crédulité des hommes.

Les lumières s’éteignent. Une voix grave, puissante et angoissante envahit la salle. A l’ouverture des rideaux, les lumières dévoilent la Mort sous la forme d’une gigantesque marionnette (création Jean-Marc Stehlé) qui flotte au dessus d’un homme allongé sur un lit d’hôpital. Ce malade, bien sûr, c’est Argan joué par le franco-suisse Gilles Privat. Il compte ce qu’il doit à son apothicaire et lit ses ordonnances pour lui même. La chambre dans laquelle il se trouve est très peu meublée, mais les murs ornés de dorures discrètes montrent qu’il est aisé. Des tableaux représentant des médecins, notamment La Leçon d’anatomie du Dr Tulp de Rembrandt, décorent le haut de la pièce. Une table remplie de remèdes jouxte le lit. Ces éléments de décor très simples au premier abord réservent pourtant quelques surprises. Un mur s’ouvre sur un simple geste d’Argan pour laisser place à un petit cabinet de toilette … qui sera souvent utilisé pendant le spectacle.

L’atmosphère du début deviendra vite plus légère, notamment grâce à l’interprétation de Gilles Privat, qui met en avant la naïveté du personnage qu’il incarne. Quant au reste de la distribution, on retiendra particulièrement Philippe Gouin en Thomas Diafoirus, qui se présente à sa future femme avec une gestuelle et une expression d’un ridicule hilarant.

Les médecins sont en partie représentés par de grandes poupées de plâtre qui apparaissent en fond de scène et parlent d’une voix grave, afin d’effrayer Argan et de renforcer ses convictions sur l’utilité de la science médicale. Le thème médical est aussi fortement lié à celui de la mort. On l’a dit, cette dernière apparaît en personne à l’ouverture des rideaux. Le comique de la pièce joue justement de la peur qu’elle inspire. Et Argan, dont les proches rient de son angoisse, la simulera dans une scène décisive afin de connaître ce que sa femme et sa fille pensent de lui.

Même les spectateurs accoutumés aux classiques trouveront du plaisir à cette mise en scène fidèle à Molière. Le Malade imaginaire est à découvrir ou redécouvrir au théâtre de Carouge du 14 janvier au 9 février 2014.

 

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *