Le permis de construire fait grincer quelques dents et grommeler les impatients, mais il est essentiel pour le bien-vivre des collectivités et des particuliers. Sans lui, seule l’emporterait la loi du plus fort et du plus riche, sans lui se multiplieraient les malfaçons, les risques sanitaires et les dégâts environnementaux. «Construire est un acte réfléchi et éminemment social», rappelle dans son petit ouvrage Benoît Bovay, professeur à l’UNIL, spécialiste en droit de la construction et de l’immobilier.
Conçu comme un guide, Le permis de construire détaille avec clarté les différentes procédures. Il précise quels travaux sont soumis à cette autorisation, souligne le cas particulier des panneaux solaires où le droit fédéral s’immisce dans la compétence cantonale. On apprend aussi que «selon la jurisprudence très variée rendue par le Tribunal fédéral», il faut un permis de construire pour réaliser une cabane en forêt, une croix de 7 mètres de haut, peinte en bleu et blanc et éclairée la nuit, un important jardin potager ou un jacuzzi sur une terrasse en toiture.
Pour ceux qui n’envisagent pas de construire dans l’immédiat, le premier chapitre s’avère le plus intéressant car il remonte aux origines de cette procédure et évoque son évolution. On y apprend ainsi que la première loi vaudoise sur la police des constructions date de 1875 et contenait 50 articles. À Fribourg, en revanche, il n’existait pas de loi spécifique à cette époque et Neuchâtel devra attendre 1912 pour avoir la sienne. L’auteur précise dans la foulée que l’un des principaux objectifs de ces règlements était «la sécurité face aux incendies, fréquents et redoutables, ainsi que l’amélioration de la salubrité et de l’hygiène». / Mireille Descombes

La destinée des enfants placés
Troisième volume du programme national de recherche « Assistance et coercition », cette publication analyse les conséquences des décisions des autorités sur les parcours de vie des enfants placés. Elle se divise en trois parties qui débutent chacune par un court texte écrit par une personne ayant connu un placement. La première partie interroge le vécu des intéressés et la façon dont ils ont fait face aux traumatismes subis. La deuxième se penche sur la stigmatisation et la reproduction intergénérationnelle et la troisième interroge les mécanismes en cause dans la dichotomie entre contrainte et protection, ainsi que son actualité. Il y est question notamment des expériences douloureuses des enfants placés des saisonniers italiens, ainsi que du traitement réservé aujourd’hui aux requérants d’asile mineurs non accompagnés. L’occasion de rappeler aux responsables politiques l’importance de privilégier le bien-être de l’enfant sur toute autre considération légale, sécuritaire ou financière. / MD

Ce que fait la spiritualité
Diplômé de l’UNIL et docteur de l’Université de Genève, le théologien protestant Elio Jaillet aborde la «spiritualité» dans cet ouvrage. Il retrace rapidement l’histoire d’un terme «en constante réinvention», dont les racines remontent à l’Antiquité et au Moyen Âge. Son succès croît aux XXe et XXIe siècles, au point de devenir ubiquitaire de nos jours. En délimiter les contours n’est donc pas simple – un chapitre est consacré à cet aspect –, tant ce mot touche à des dimensions différentes, de l’expérience individuelle à la santé.
Toutefois, même nimbée d’un halo de flou, la spiritualité déploie des effets au quotidien, par exemple celui de faciliter «l’expression de la transcendance à un niveau personnel» dans nos sociétés occidentales. L’examen de ce que l’usage de ce mot «fait» constitue justement le fil rouge des réflexions d’Elio Jaillet. Dans un chapitre intéressant, ce dernier expose différentes approches de la spiritualité, notamment dans la recherche, tout comme les distinctions qui existent entre celle-ci et la religion. / DS
