Tout a été dit et redit sur le Major Davel, pourrait-on penser. À tort! À condition d’emprunter des chemins de travers, le grand héros des Vaudois reste un passionnant sujet d’étude pour les historiens. Issu du colloque organisé à l’occasion du tricentenaire de sa mort en 2023, cet ouvrage collectif en témoigne. Il s’articule autour de deux grands thèmes: l’époque de Davel, d’une part, et «Davel… après Davel», d’autre part, soit ses nombreux emplois et réemplois post-mortem.
Pour en savoir plus sur la première moitié du XVIIIe siècle vaudois, une période jusqu’ici mal connue, Ariane Devanthéry s’est penchée sur les «Délices de la Suisse» publié en 1714 par Abraham Ruchat. Un ouvrage qui resta longtemps «le principal guide de voyage en français consacré à l’espace helvétique». Son auteur y donnait notamment des informations sur l’économie et les ressources de la région (le sel, les vignobles et quelques villes riches en infrastructures commerciales). Il se montrait en outre particulièrement élogieux au sujet de l’importante activité déployée par les habitants de la Vallée de Joux.
Dans la deuxième partie de l’ouvrage, le lecteur découvre ensuite – avec Olivier Meuwly notamment – comment Davel est passé du statut de personnage historique à celui de figure politique, s’immisçant dans les discours des libéraux (un peu), des radicaux (abondamment), et parfois même des socialistes. D’autres contributions s’intéressent à la postérité du Major au théâtre, à l’opéra et dans les arts plastiques, de Charles Gleyre à Sophie Calle en passant par René Auberjonois et Charles Clément. Alain Rochat, enfin, nous rappelle que Ramuz lui aussi se fit le «narrateur de l’aventure davélienne». / Mireille Descombes

L’exil n’est pas un crime
«Encore et toujours la politique du refoulement et du rejet…» Dans ce coup de gueule, le professeur honoraire Claude Calame critique violemment la manière dont les États européens traitent les personnes migrantes qui tentent de rejoindre le continent, notamment via la dangereuse traversée de la Méditerranée. L’auteur n’a pas de mots assez durs pour qualifier Frontex, l’agence de l’UE en charge des frontières de l’Espace Schengen. Il s’en prend également à la notion d’immigration choisie, qui pour lui subordonne l’accueil aux «exigences économiques» et à «l’idéologie dominante» des pays européens.
Claude Calame liste les causes de ces migrations. Elles sont, selon lui, la conséquence des conflits menés par les États-Unis et leurs alliés européens en Afghanistan, à la Russie, à la non-intervention des Européens en Syrie ou aux opérations menées par la France en Afrique subsaharienne, entre autres. Mais par-dessus tout, ce sont le néolibéralisme ainsi que le néocolonialisme occidentaux qui sont à blâmer. / DS

Manuel de droit pour les novices
Faire tenir le droit dans moins de 300 pages tient du défi. Un pari relevé avec panache par Hansjörg Peter, professeur à l’UNIL, et Yves Nicole, docteur en droit et avocat. Leur livre s’adresse à tous ceux qui souhaitent découvrir cette discipline, qu’ils soient gymnasiens, étudiants débutants ou simples curieux. Il permet aussi au juriste expérimenté de rafraîchir ses connaissances.
Pour commencer, les auteurs nous emmènent en pèlerinage aux sources du droit: la constitution, les lois et les ordonnances. On apprend ensuite que les communes suisses possèdent plus ou moins de compétences juridiques selon les cantons, et que c’est aux Grisons que leurs pouvoirs sont les plus étendus. Enfin, surprise, parmi les annexes se trouve un petit questionnaire qui nous permet de tester nos acquis. Son sujet: «Faire les commissions». Et voici la question 9: «Rentrant à la maison, nous constatons que le magasin nous a rendu un billet de 200 francs, au lieu d’un billet de 50 francs. Qu’en est-il?» La réponse, vous la trouverez page 257. / MD
