Penser notre époque

Nommée directrice du Centre interdisciplinaire de recherche en éthique (CIRE), Nadja Eggert poursuit ses travaux et lancera d’autres réflexions sur les problèmes de notre temps.

Nadja Eggert. Au restaurant de l’Hôtel de la Paix, à Lausanne. Photo Pierre-Antoine Grisoni / Strates

En 2019, elle a fêté ses 40 ans avec ses amies à Beyrouth, un rêve longtemps entretenu par cette universitaire, mère de deux jeunes enfants (de cinq et deux ans), directrice du Centre interdisciplinaire de recherche en éthique de l’UNIL.

Très tôt intéressée par les problèmes sociaux et philosophiques, Nadja Eggert a effectué des études en éthique à la Faculté de théologie de l’Université de Genève, avant de passer un diplôme en science politique et de soutenir en 2013 sa thèse sur les enjeux éthiques de la PMA, à la Faculté de biologie et de médecine de l’UNIL, avec le professeur Lazare Benaroyo. Elle étudie depuis plusieurs années le monde des soins, qu’elle analyse à partir d’une perspective éthique qui s’attache aux inégalités et au contexte, mettant en lumière les vulnérabilités et l’interdépendance entre les humains. Parler avec elle, c’est, par exemple, évoquer ces sages-femmes reléguées dans l’ombre par les barbiers puis les chirurgiens venus avec leurs outils, autrement dit, c’est penser la domination masculine sous l’angle de la technique.

Critique de la bioéthique, elle se place dans la perspective de «l’éthique du care», cette philosophie américaine des soins qui a connu un renouveau en France ces dernières années, par exemple avec les philosophes Sandra Laugier et Frédéric Worms.

Nadja Eggert a créé le Swiss Network of Ethics of Care avec Lazare Benaroyo et deux collègues de l’Université de Zurich, un réseau francophone comme son nom ne l’indique pas. Elle enseigne l’éthique à la FBM: elle anime ainsi un séminaire avec le professeur Ralf Jox, qui codirige la Chaire de soins palliatifs gériatriques, elle intervient dans un enseignement en pédiatrie sur l’intersexualité avec le médecin Oliver Sanchez et la philosophe Cynthia Kraus ou encore dans un cours sur la recherche animale avec le biologiste Michel Chapuisat. Elle donne également avec Ralf Jox un cours en master sur l’éthique de la délibération (ou éthique de résolution des conflits), à partir de cas réels rencontrés par exemple en médecine de transplantation.

La Direction de l’UNIL vient de la nommer maître d’enseignement et de recherche et de lui donner le mandat, à la tête du CIRE, d’étudier notamment la problématique des interactions entre la science et l’engagement citoyen dans différents domaines (comme le climat ou l’expérimentation animale…). De quoi renouveler ou nouer des liens avec de nombreux chercheurs de l’UNIL et d’autres centres interdisciplinaires.

Femme de contacts, Nadja Eggert fait partie de l’équipe décanale de la Faculté de théologie et de sciences des religions, comme vice-doyenne à l’enseignement. Beaucoup de défis académiques pour cette chercheuse ancrée à l’UNIL grâce à une forte demande pour la réflexion éthique.

Ces prochaines années, elle les consacrera au développement du CIRE et de ses recherches, et s’autorisera des déplacements en Haute-Engadine, région d’origine de son compagnon, et à Hambourg où vit une partie de sa famille. Les parents allemands de Nadja Eggert se sont rencontrés à Genève, elle a donc bien d’une certaine manière la Suisse dans le sang.

Un goût de l’enfance
Les biscuits «américains» de Hambourg au glaçage citron, préparés par sa grand-mère.

Une ville de goût
Beyrouth pour les riches saveurs des mezzé et des salades.

Une invitée à sa table
Christiane Taubira, dont elle a admiré le fameux discours du 29 janvier 2013 à l’Assemblée nationale en faveur du mariage homosexuel.

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